Qu’est-ce que… le travail hybride ?
Dans un monde professionnel en constante évolution, le vocabulaire RH peut parfois sembler complexe. La rubrique INDEX RH a pour objectif de décrypter les grands vocables et concepts de la gestion des RH. Tous les mois, retrouvez une définition claire, accompagnée d’une mise en contexte, de chiffres clés et de conseils. Ce mois-ci : le travail hybride.
Le travail hybride, combinaison de travail en présentiel et à distance, représente une évolution majeure dans le monde professionnel. Plus flexibles, les salariés peuvent alors jongler entre leur domicile, les espaces de coworking, et leur site. Nécessité transformée en opportunité, ce modèle est devenu un pivot stratégique dans la gestion du personnel. En effet, il offre un équilibre entre les avantages de l’interaction en entreprise et la souplesse du travail à distance. Entre février 2020 et février 2023, la part des postes hybrides et à distance en France a augmenté d’environ 370%1 ! N’en déplaise aux entreprises qui aimeraient sonner la fin du télétravail, il est bien parti pour rester.
Sommaire
Les 7 avantages du travail hybride pour les professionnels des RH
L’atout majeur du travail hybride est sa flexibilité. Cependant, il n’existe pas qu’un seul modèle de travail flexible pour répondre aux besoins professionnels et personnels de chacun. Qui, des collaborateurs ou des employeurs fixent les horaires de travail ? Qui décide des jours en présentiel ou à distance ? Quel est le rythme fixé ? Ces questions et les multiples formes du travail hybride vont régir les avantages que l’on peut en tirer. Voici cependant les bénéfices qui restent inchangés pour les entreprises et les DRH qui mettent en place un système de travail hybride.
1. Accroitre la performance globale
La pandémie a prouvé que télétravail et performance allaient de pair. Néanmoins, ce changement de paradigme nécessite de passer d’une culture de présentéisme au management par la confiance. Plus le modèle de travail hybride adopté est “flexible”, plus les employés sont libres de se gérer eux-mêmes. 69% des salariés français pensent que le travail à distance contribue à une meilleure productivité individuelle2. En d’autres termes : ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas sur site que les salariés ne travaillent pas.
2. Améliorer l’équilibre vie professionnelle/vie privée des salariés
Les temps de déplacement entre le domicile et le travail moins fréquent et la flexibilité des horaires sont des changements radicaux. Plus besoin de vivre proche de son lieu de travail ! En moyenne, les salariés français gagent 62 minutes en travaillant à domicile et consacrent 40% de ce temps gagné aux loisirs et à leur famille3. Les collaborateurs peuvent notamment se rapprocher de leurs proches, sans sacrifier leurs objectifs professionnels. Un argument fort pour les inciter à rester dans votre organisation.
3. Attirer et retenir les meilleurs talents
Le travail hybride est devenu un indispensable de l’offre QVCT des entreprises. Compte tenu de l’évolution des attentes des salariés, les entreprises qui tireront leur épingle du jeu seront celles qui parviendront le mieux à y répondre. Loin d’être l’apanage des cadres, le télétravail est devenu un indispensable pour fidéliser les talents de la génération Z. 53% des 18-25 ans en France envisageraient de quitter leur entreprise si leur employeur leur imposait 100% de présentiel4. Tous âges confondus, 36 % des salariés seraient prêts à démissionner s’il leur était impossible de télétravailler5.
4. Élargir le périmètre du recrutement
L’expert qui manque à votre équipe habite loin des bureaux ? Ce n’est plus un problème avec la généralisation du télétravail. Celui-ci permet aux recruteurs de cibler des candidats de manière plus large, au-delà des barrières géographiques. Il s’agit d’un avantage de taille, en particulier en cas de possibilité d’aménagement d’emploi du temps permettant de se rendre sur site une à deux fois par mois.
5. Restreindre les coûts opérationnels
Proposer aux collaborateurs de travailler depuis leur domicile implique que les bureaux de votre entreprise seront utilisés différemment. Dans certains cas, cela peut signifier la réduction du budget alloué à certains postes comme la location d’espaces de travail, leur ameublement et leur entretien. Au moins 46 % des dirigeants en France déclarent avoir réduit la surface de leurs bureaux ou envisagent de le faire en raison du travail hybride et à distance6.
6. Réduire l’empreinte carbone et la consommation énergétique
Le travail hybride peut contribuer à diminuer les émissions liées aux déplacements professionnels, à réduire les embouteillages et à améliorer la qualité de l’air sans compromettre la productivité. Les organisations pourraient par ailleurs réaliser entre 20% et 30% d’économie d’énergie7 lors d’une fermeture de site sur une journée..
7. Diminuer l’absentéisme
Selon le baromètre de BVA pour Réhalto – WPO de 2020, télétravailleurs seraient 4 fois moins absents que ceux qui n’en ont pas la possibilité.
Les 8 erreurs à éviter concernant le travail hybride pour les professionnels des RH
Les principes fondamentaux de la vie professionnelle ont irrévocablement changé. La question n’est plus de savoir si l’on va donner aux collaborateurs plus de liberté, mais comment. Comment bien investir dans les personnes, les technologies, les processus et la culture d’entreprise ? Un chemin semé d’embûches pour la fonction RH.
1. Définir des conditions de télétravail différentes pour un poste donné
Lorsque tous les collaborateurs occupant un emploi similaire ne sont pas logés à la même enseigne, cela risque de créer un clivage entre les “privilégiés”, et ceux qui en sont privés8. Les entreprises dans lesquelles l’écart de préférence est élevé auront du mal à attirer et à retenir les talents. Cet effet est d’autant plus prononcé en ce qui concerne les postes difficiles à pourvoir.
Attention toutefois, le télétravail ne convient pas à tous les postes, ni à tous les profils. Il n’est pas toujours possible ou pertinent de le proposer à tous. Mais dès que cela est possible, il est préférable d’offrir les mêmes conditions de télétravail à l’ensemble des employés.
Il est également essentiel de bien communiquer aux collaborateurs quels sont les attendus en termes de travail hybride. Demandez régulièrement aux salariés leur feedback sur le modèle de travail hybride choisi. Qu’est-ce qui fonctionne ? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Comment l’améliorer ?
2. Manquer de soutien de la part de la direction
Pour réussir dans un environnement de travail hybride, les organisations doivent s’assurer que s’assurer que les dirigeants et les managers soutiennent les politiques de travail hybride choisis. 63 % des entreprises françaises de plus de 500 salariés9 ont mis en place des outils de surveillance des emails, de la navigation sur internet, des outils de collaboration etc. Respectivement, 48 % et 45 % des entreprises françaises ayant mis en place ou utilisant actuellement des systèmes de surveillance, enregistrent un taux de turnover « plus élevé » ou « nettement plus élevé »10.
En cause : une volonté accrue des dirigeants et des managers d’évaluer la performance des collaborateurs11, faute de pouvoir utiliser le critère du présentéisme. Manquer de transparence et mesurer leur productivité de façon aléatoire et uniquement à l’aide de chiffres, risque d’altérer la confiance au sein de votre organisation. Pour une politique de travail hybride réussie, un management de proximité est essentiel. N’hésitez pas à resserrer les liens entre les membres de vos équipes par du team building, ou à prévoir du temps pour les moments informels même à distance.
3. Mal anticiper la réorganisation du travail
Passer d’un modèle traditionnel à un modèle hybride est complexe, et de nombreuses entreprises en ont fait les frais. Les personnels des RH et les managers doivent s’assurer que leurs équipes disposent de toutes les ressources nécessaires pour travailler, qu’elles soient sur site ou à distance.
Par exemple,il est essentiel que ls équipes soient équipées en matériel informatique adéquat, disposent des logiciels et des plateformes nécessaires pour collaborer à distance. 76 % des travailleurs déclarent qu’une technologie efficace est importante pour réaliser leur travail12. De la même manière, chaque équipe doit fixer son rythme de travail : fixer les temps de réunion, les moments en présentiel etc.
4. Négliger la cohésion et la communication d’équipe
Faciliter la circulation de l’information est l’un des défis clés des organisations hybrides. Une information difficile d’accès ou mal organisée peut occasionner des pertes de temps, voire des malentendus au sein de l’équipe. Pour travailler dans de bonnes conditions, les salariés doivent pouvoir accéder et utiliser l’information de manière identique, qu’ils soient sur site ou à distance.
De même, une équipe hybride aura plus de mal à communiquer. Les échanges sont moins spontanés et moins fréquents. Les interactions doivent être davantage organisées. Les organisations doivent également mettre en place une culture de l’écrit, afin de s’assurer que les informations et les décisions sont partagées à tous.
5. Méjuger les complexités de la gestion d’une équipe hybride
Manager une équipe dont tout ou partie est à distance n’est pas une mince affaire. Face à l’hybridation du travail, le management est à repenser et à accompagner. 27% des managers considèrent que le lien avec leurs équipes s’est distendu13. Collaborer à distance implique de maintenir une proximité avec ses équipes, de s’assurer de leur moral, si elles ont besoin d’aide pour un projet etc. Pour cela, il faudra bien plus qu’une réunion d’équipe en début de semaine !
Pour maintenir le lien et la motivation de chacun, le manager doit régulièrement faire des points avec chacun des collaborateurs, en privilégiant des canaux de communication plus directs comme le tchat ou la visioconférence, plutôt que l’email. Près d’un manager sur deux (49 %) a déclaré avoir l’impression que les membres de son équipe travaillant à distance ne bénéficient pas de retour spontané sur leur travail, selon l’état des lieux du travail hybride réalisé par Owl Labs.
6. Méconnaître les risques en termes de cybersécurité
Quand les collaborateurs travaillent virtuellement, leurs activités sont moins surveillées, ce qui peut accroître les risques de cybersécurité. D’après le Rapport 2023 : Améliorer le futur de l’Everywhere Work d’Ivanti et Cegedim Outsourcing :
- 36 % des entreprises constatent une augmentation du nombre de périphériques non approuvés qui accèdent au réseau professionnel ;
- 26 % signalent un pic de Shadow IT (l’utilisation de logiciels de l’entreprise par un collaborateur, sans en informer les responsables de la sécurité informatique, ce qui présente un risque au niveau de la sécurité des données) ;
- 20 % parlent d’une augmentation du nombre d’actifs IT manquants ou perdus.
Là encore, il s’agit de s’assurer que les collaborateurs disposent de toutes les ressources pour travailler de manière efficace et sécurisée, peu importe le lieu depuis où ils (télé)travaillent.
7. Proposer une expérience collaborateur inadaptée
Par sa nature flexible, le travail hybride brouille les frontières entre vie privée et professionnelle. Selon l’étude People at Work 2022 : l’étude Workforce View réalisée par ADP, près de deux tiers des salariés français en télétravail déclarent travailler en partie gratuitement avec une moyenne hebdomadaire de 6 heures supplémentaires non rémunérées. L’adoption du travail hybride demande aux DRH et aux managers d’être particulièrement attentifs aux signaux faibles émis par les collaborateurs, et de faire respecter le droit à la déconnexion.
8. Séparer culture d’entreprise et culture virtuelle
Face aux différents modes de travail, comment concilier hybridation et culture d’entreprise ? Un risque du télétravail est en effet de voir émerger deux cultures différentes : celle du présentiel, et celle du virtuel. Pour éviter ces dérives, il est essentiel d’éviter le fonctionnement en silo et de garder le lien entre les équipes. Gare à la disparition des échanges informels ! D’après cette étude Malakoff Humanis réalisée en 2020, 40 % des télétravailleurs constatent une dégradation de la qualité des liens avec leurs collègues. Un bon moyen d’y arriver est de mettre en place des initiatives de team building, en présentiel comme en distanciel.
Chiffres-clés
- D’après l’étude de l’ANDRH Repenser l’organisation du travail (2023), 84% des DRH estiment qu’il est nécessaire de faire évoluer le Code du travail au regard des évolutions de l’organisation du travail – en lien avec la généralisation du télétravail ;
- D’après le Rapport 2023 : Améliorer le futur de l’Everywhere Work d’Ivanti et Cegedim Outsourcing, 71% des dirigeants affirment que le télétravail a un impact positif sur le moral des salariés ;
- Selon l’état des lieux du travail hybride réalisé par Owl Labs, 3 jours par semaine au bureau semble être le mode de travail le plus populaire pour les salariés hybrides (40% des répondants) ;
- 89% des entreprises qui pratiquent l’expérience collaborateur ont évolué vers l’organisation hybride, contre 67% des non-pratiquants, selon le 5ᵉ Baromètre de l’expérience collaborateur de Parlons RH réalisé en 2022.
Pour aller plus loin
- Pour les cadres, le travail hybride « est là pour durer » (Parlons RH) ;
- [WEBINAR] Présentiel et télétravail, l’impact du modèle hybride sur la QVT (Parlons RH & My Happy Job) ;
- Travail hybride : définitions (Cegid) ;
- Le travail hybride, un enjeu sous-estimé de formation (Place de la formation).
Crédit photo : Shutterstock / Andrey_Popov
Sources :
- Selon le Rapport 2023 sur les tendances en matière d’emploi par Indeed et Glassdoor ↩︎
- D’après un sondage réalisé en 2022 par SDWorks dans divers pays européens. ↩︎
- Selon une étude du National Bureau of Economic Research Time Savings When Working from Home (2023) ↩︎
- D’après l’étude People at Work 2022 : l’étude Workforce View réalisée par ADP ↩︎
- D’après l’étude People at Work 2022 : l’étude Workforce View réalisée par ADP ↩︎
- Selon le Rapport 2023 : Améliorer le futur de l’Everywhere Work d’Ivanti et Cegedim Outsourcing. ↩︎
- Selon une étude du Ministère de la Transition énergétique (2023), Expérimentation sur le bilan énergétique du télétravail ↩︎
- D’après le Rapport 2023 : Améliorer le futur de l’Everywhere Work, le télétravail profite davantage aux cadres et aux équipes IT. Résultat : un écart de 28 points entre les collaborateurs qui peuvent choisir leurs modalités de télétravail (43%), et ceux qui souhaiteraient le faire (71%). ↩︎
- D’après l’étude The Virtual Floorplan: New Rules for a New Era of Work réalisée par Vanson Bourne pour VMware. ↩︎
- D’après l’étude The Virtual Floorplan: New Rules for a New Era of Work réalisée par Vanson Bourne pour VMware. ↩︎
- D’ailleurs, l’état des lieux du travail hybride réalisé par Owl Labs signale qu’environ un tiers des travailleurs hybrides se rendent au bureau pour quelques heures seulement afin de faire acte de présence (c’est ce que l’on appelle le « coffee badging »). ↩︎
- Selon l’état des lieux du travail hybride réalisé par Owl Labs (Edition française de 2023) ↩︎
- Selon le « Baromètre Phygital Workplace » réalisé par l’IFOP et Julhiet Sterwen en 2022 ↩︎