Qu’est-ce que… les troubles musculo-squelettiques (TMS) ?
Dans un monde professionnel en constante évolution, le vocabulaire RH peut parfois sembler complexe. La rubrique INDEX RH a pour objectif de décrypter les grands vocables et concepts de la gestion des RH. Tous les mois, retrouvez une définition claire, accompagnée d’une mise en contexte, de chiffres clés et de conseils. Ce mois-ci : les troubles musculo-squelettiques (TMS)*.
Les troubles musculo-squelettiques regroupent un ensemble de pathologies qui touchent les articulations, les muscles et les nerfs. Ces affections se traduisent par des douleurs et une gêne fonctionnelle, pouvant aller jusqu’au handicap physique. Les parties du corps les plus touchées sont les épaules, les poignets, les mains et le bas du dos. Les TMS sont souvent influencés par l’activité professionnelle et les conditions de travail : gestes répétitifs, contraintes physiques intensives, situations de travail qui engendrent beaucoup de stress, etc.
L’impact des TMS est significatif, à la fois pour les collaborateurs et les entreprises. Pour les équipes, elles peuvent entraîner des douleurs et des limitations fonctionnelles. Dans les cas les plus graves, un TMS peut provoquer un handicap, et conduire à une désinsertion professionnelle. Du côté de l’entreprise, les risques portent sur l’organisation du travail et le climat social. Une politique de prévention de la sécurité physique revêt donc une importance cruciale pour maintenir un environnement de travail sain, productif et durable.
Sommaire
Les 6 bonnes raisons de lutter contre les troubles musculo-squelettiques (TMS) pour les professionnels RH
Les TMS sont le plus souvent causés par des postures de travail inconfortables, des efforts physiques excessifs, des gestes répétés, ou encore une exposition au froid ou aux vibrations. L’activité professionnelle peut jouer un rôle dans leur apparition, leur maintien ou leur aggravation. La mise en place d’un plan de prévention en entreprise présente de nombreux avantages, et profite à l’ensemble des salariés. Rappelons que 11 % des travailleurs sont reconnus comme handicapés ou limités dans leur activité quotidienne.
1/ Une amélioration de la qualité de vie au travail
Investir dans la prévention des troubles musculo-squelettiques, signifie réduire les contraintes physiques, psychologiques et organisationnelles, qui pèsent sur les salariés. Par exemple, équiper les bureaux de matériel ergonomique, mettre en place du télétravail, ou aménager les horaires de chacun. Ces aménagements permettent aux salariés de travailler plus efficacement, en minimisant les gestes répétitifs, et en évitant les interruptions liées à des inconforts physiques.
2/ Une réduction des arrêts maladies et de l’absentéisme
Les plus grands coûts liés aux TMS dans l’entreprise sont : l’absentéisme, le nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles, ainsi que le turnover. Toutes durées confondues, 25 % des arrêts maladie sont dus à des troubles musculo-squelettiques (Étude absentéisme 2019 Malakoff Humanis). En adoptant une politique de prévention adaptée, les entreprises peuvent donc réaliser des économies significatives.
3/ Un gain de productivité
Les facteurs de risques à l’origine des TMS sont biomécaniques, mais peuvent aussi être liés aux contraintes psychosociales et organisationnelles. Adopter une démarche de maintenance préventive peut constituer un avantage concurrentiel notable. À long terme, la prévention des TMS se traduit même par une amélioration de la performance. Dans ses études de cas, l’OPPBTP (Organisme Professionnel Prévention Bâtiment Travaux Publics) identifie la productivité comme la source principale de ROI lors de la mise en place d’un plan de prévention des TMS : la durée de production diminue, la qualité de la production augmente, le gain de temps est réinvesti dans d’autres activités productives.
Les employés sont d’autant plus performants s’ils travaillent dans un cadre qui favorise leur bien-être et leur efficacité. L’EuroGIP (Groupement d’Intérêt Public), observatoire sur la prévention et l’assurance des accidents du travail et des maladies professionnels, confirme d’ailleurs, dans plusieurs études, que chaque euro investi dans la prévention est rentable.
Par exemple, chez Alliance Data, la perte de productivité au travail causée par des problèmes de santé a été réduite de plus d’un point, passant de 8 % en 2004 à 6,83 % en 2007. Grâce au programme de santé et de mieux-être au travail, le coût annuel moyen par employé dû à cette perte de productivité a baissé de 15 % sur cette période (5 222 $ contre 4 458 $).
4/ Une baisse des dépenses liées aux risques professionnels
Soins, indemnités journalières, gestion immédiate de l’incident/accident… Le coût moyen d’un TMS peut être très élevé pour les entreprises. On compte 13 000 euros pour un TMS du canal carpien (le plus répandu) et 44 000 euros pour une lombalgie, etc. Prévenir l’apparition des troubles musculo-squelettiques permet donc de réduire les coûts de cotisation des entreprises.
5/ Une valorisation concrète de la marque employeur
Une politique de lutte contre les TMS montre l’engagement de votre entreprise. Investir dans du matériel ergonomique, promouvoir le bien-être en entreprise, etc. Ces actions concrètes améliorent l’image de votre entreprise auprès de vos employés, clients et partenaires commerciaux.
Plus spécifiquement, la problématique de TMS rencontre celle du recrutement des jeunes et de la transmission des compétences – notamment dans les entreprises pour qui le renouvellement de la main d’œuvre est compliquée. Entre départ des anciens et accueil des jeunes, la transmission des savoir-faire est un enjeu de développement stratégique.
6/ Une mise en conformité réglementaire
La prévention des troubles musculo-squelettiques est liée à l’obligation légale de votre entreprise de préserver la santé physique et mentale de vos salariés. Cette mise en conformité réglementaire de l’entreprise réduit le risque de sanctions légales et de pénalités financières. Par exemple, le non-respect de l’article L. 4121-1 du Code du travail est passible d’une amende de 10 000€, et ce même en absence de tout dommage. De plus, cette amende est due autant de fois qu’il y a de salariés concernés.
Les 7 erreurs à éviter dans la mise en place d’un plan de prévention des TMS
Prévenir et maîtriser les risques liés aux TMS peut être complexe. Pour vous aider à préparer un plan de prévention efficace, voici une liste d’erreurs à éviter :
1/ Ne pas mobiliser l’entreprise autour d’un même projet
La prévention des troubles musculo-squelettiques nécessite un engagement du chef d’entreprise et le la direction des ressources humaines. Ils doivent notamment :
- comprendre les enjeux pour l’entreprise et les salariés ;
- dégager les moyens nécessaires (humains, financiers, temporels) ;
- mettre en place des plans d’action dans les différents pôles de l’entreprise, via les managers, les représentants du personnel, le CHSCT et le service de santé au travail ;
- prendre contact avec des organismes externes à l’entreprise qui peuvent vous assister ou vous aider à financer.
Le but est d’informer, de faire comprendre les enjeux et de motiver à tous les niveaux de l’entreprise. Agir ensemble est indispensable à la réussite d’une démarche de prévention des TMS.
2/ Ne pas sensibiliser ni former vos collaborateurs
Vos collaborateurs sont susceptibles de contribuer à l’analyse des situations de travail et à la recherche de solutions. Un salarié informé des risques qu’il encourt pour sa santé sera plus efficace pour prévenir les risques de TMS. Plus vous détectez tôt ces pathologies, moins il y aura de conséquences sur la santé de vos salariés (et les finances de votre entreprise). La formation concerne non seulement la prévention des risques, mais aussi l’accompagnement dans l’évolution des pratiques professionnelles.
3/ Sous-estimer les coûts stratégiques des TMS
Les TMS ont un impact sur la capacité de l’entreprise à mobiliser ses ressources : dégradation du climat social, dégradation de l’image de l’entreprise pour ses clients, perte d’attractivité pour les candidats, etc. L’étude ISEOR (Institut de Socio-Économie des Entreprises et des Organisations) de 2002 révèle que les coûts stratégiques liés à la gestion des TMS représentent entre 1 000 € et 3 500 € par an et par salarié.
4/ Interpréter la prévention comme un frein à la performance
De nombreuses entreprises opposent la prévention à la rentabilité. Résultat : la prévention est plus souvent subie que choisie. En effet, beaucoup d’entreprises préfèrent éviter les pertes, plutôt que de réfléchir à une logique de gains. Dans le cadre des TMS, la mise en place de mesures de prévention profite à l’ensemble des salariés.
5/ Négliger les conséquences sur l’organisation des équipes
Les TMS, comme le mal de dos, de l’épaule ou du poignet, peuvent entraîner des absences répétées du salarié. En fonction de son poste, il peut être difficile de le remplacer, ce qui favorise la désorganisation du travail. De plus, cela impose une surcharge de travail aux salariés restants. À long terme, les conséquences peuvent être les suivantes : la dilution des compétences, des coûts de formation élevés, et des délais incompressibles pour former les nouveaux salariés.
6/ Attendre les premières conséquences pour agir
Mettez en place une démarche de prévention avant l’apparition de plaintes de la part des salariés, ou d’effets sur l’organisation ou la production. Être proactif permet de limiter les effets des TMS pour l’entreprise et les collaborateurs.
7/ Ne pas mesurer les résultats de vos actions
Quelles que soient les mesures mises en place, il est essentiel de les évaluer régulièrement, voire de les adapter. Pour cela, il est indispensable de définir des indicateurs de suivi de vos actions (KPI). Basez-vous par exemple sur le taux de turnover, l’absentéisme, les types de contrats, la répartition par âge … La prévention des troubles musculo-squelettiques doit être un processus d’amélioration continue.
Chiffres clés
- Les TMS représentent un peu plus de 86% des maladies professionnelles de 2021, et 45% des TMS entraînent des séquelles lourdes (incapacités permanentes) selon le Rapport annuel 2021 du CNAM et Ameli.fr
- En 2017, le coût direct des TMS pour les entreprises s’est élevé à près de 2 milliards d’euros à travers leurs cotisations accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP d’après Ameli.fr
- 75% des TMS n’auraient été déclarés en tant que maladie professionnelle — principalement du fait d’une méconnaissance des procédures par le salarié avant d’aller voir la médecine du travail, et d’un bilan diagnostique insuffisant, selon le Rapport Santé Publique France avril 2023
- Depuis 2003, les TMS ont augmenté de 60 % d’après Ameli.fr
- 22 M de journées de travail ont été perdues à cause des TMS et du mal de dos en 2017, d’après cette infographie réalisée par Ameli.fr
Pour aller plus loin
- Les TMS, tous concernés (INRS)
- Emploi et handicap : 11% des actifs français sont concernés (Parlons RH)
- Handicap en entreprise : comment opérer un recrutement inclusif (Parlons RH)
*En RH, un TMS peut aussi faire référence à un Talent Management System, qui est une plateforme logicielle intégrée qui prend en charge les processus clés de gestion des talents. Evidemment à ne pas confondre avec les Troubles Musculo-Squelettiques évoqués dans cet article.
Source : Shutterstock / Just Life