Intentions de recrutement : les perspectives pour 2023
Une entreprise sur deux pâtit des difficultés actuelles d’embauche, nous apprend le dernier baromètre Ifop / Cadremploi / Selescope sur les intentions des dirigeants français face aux enjeux de recrutement.
Alors que 2023 approche à grands pas, quelles sont les intentions d’embauche des entreprises ? Dans un contexte économique incertain et un marché du travail toujours tendu, arrivent-elles à recruter ? A quoi s’attendre pour l’année qui vient ? Le dernier baromètre réalisé par l’Ifop pour Cadremploi et Selescope, portant sur les intentions des entreprises françaises face aux enjeux de recrutement, permet d’y voir un peu plus clair.
Selon cette étude, résumée dans une infographie, les difficultés de recrutement impactent l’activité de 52 % des entreprises. Plus précisément, 38 % estiment que la guerre des talents actuelle les empêche de répondre à la demande, et 32 % qu’elle freine leur développement (notamment dans les entreprises de plus de 50 salariés et celles qui veulent renforcer leurs effectifs).
Fin 2022, « l’optimisme observé en juin 2021 retombe un peu », indique Cadremploi. Ainsi, si 67 % des chefs d’entreprise ont l’intention de maintenir leurs effectifs au même niveau les prochains mois (+3 points), 28 % prévoient de les augmenter (- 7 points).
En 2023, des dirigeants « pragmatiques » sur le plan du recrutement
Le baromètre nous permet d’en savoir plus sur les préférences de recrutement en matière de compétences. En 2023, les soft skills resteront privilégiées par les entreprises : 60 % des dirigeants indiquent vouloir recruter des personnes avec un « potentiel » (savoir-être et capacité d’apprentissage), plutôt qu’avec seulement des « compétences fonctionnelles ». Cette dernière tendance est toutefois à la hausse : 40 % fin 2022, contre 32 % en juin 2021. « Elle se vérifie particulièrement dans les entreprises de plus de 250 salariés (54%) et dans le secteur des services (45%) », observe Cadremploi.
En 2023, les dirigeants se montreront « pragmatiques », en jouant la carte de la sécurité. Ainsi, deux tiers d’entre eux, soit 66 % (+ 15 %) déclarent avoir l’intention de « privilégier le recrutement de profils identiques, aux parcours bien définis, dont on sait qu’ils ont fait leurs preuves », plutôt que des profils « atypiques » (34 %, – 15 points). Pour Damien Leblond, associé & fondateur du cabinet Selescope, si à long terme, les chefs d’entreprises « veulent des personnes ayant un potentiel », ils comptent se tourner vers des profils identiques « qui leur semblent opérationnels plus rapidement » pour « ne pas freiner le développement de leur entreprise dans l’urgence du quotidien ». Selon lui, « cela revient à privilégier le court terme sur le long terme ».
Des « erreurs de casting » encore nombreuses
En 2022, plus d’une entreprise sur deux (56 %) reconnaît un taux d’échec de recrutement supérieur à 25 %. « Les chefs d’entreprise interrogés reconnaissent, cette année encore, des erreurs de casting non négligeables », commente Cadremploi. Certes, la proportion affirmant la réussite de plus de 75 % de leurs recrutements progresse : elle passe de 39 % en 2021 à 44 % en 2022 (+ 5 points). Mais l’évolution est la même pour ceux qui assurent avoir réussi moins de 50 % de leurs recrutements (20 %, + 5 points).
Comment expliquer ces échecs de recrutement ? Parmi les dirigeants qui ont connu des embauches malheureuses, 40 % pointent un « manque d’implication et de volume de travail » de la part des recrues (+ 2 points vs 2021). 39 % attribuent leurs déboires à un « manque de compétences métier » (+ 13 points), et 17 % à une « inadéquation à l’ADN de l’entreprise ».
Un recrutement « stratégique », qui « s’internalise »
« Le temps consacré à chaque recrutement est une préoccupation plus importante cette année qu’en 2021 », peut-on lire dans l’étude. Si 61 % des dirigeants estiment que le temps passé sur chaque recrutement est « juste ce qu’il faut », 31 % considèrent y consacrer trop de temps (+ 11 points). A contrario, 8 % déclarent ne pas en avoir suffisamment.
La majorité (74 %) des entreprises ne souhaitent toutefois pas faire appel à des entreprises spécialisées dans l’accompagnement au recrutement. Elles expliquent surtout cette posture par le fait de recruter principalement en interne (59 %, + 27 points). « L’internalisation des recrutements montre que l’embauche des talents est devenue encore plus stratégique pour les entreprises », indique Damien Leblond.
L’absence d’actions RSE, un frein pour recruter
La RSE demeure un levier crucial pour attirer les talents. 59 % des entreprises ont engagé au moins une action à impact social et/ou environnemental en 2022. Trois actions se détachent : le mécénat (26 %), la définition d’une raison d’être (20%) et la mise en place d’un système de partage de la valeur à travers des primes (18%).Si le baromètre nous apprend que « seuls 5% des interviewés ont enclenché ce qui peut être considéré comme une véritable politique RSE, c’est-à-dire en mettant en place au moins 3 actions en la matière », 66 % des organisations qui en ont engagé au moins une déclarent les promouvoir dans le cadre des entretiens d’embauche et des offres d’emploi. « Cette tendance confirme que la RSE est directement liée à la marque employeur et peut constituer un argument de poids pour convaincre les candidats, de plus en plus sensibles à ce type d’actions », conclut Cadremploi.
Source : Cadremploi