Semaine de 4 jours et flexibilité : les aspirations des salariés en 2023
Trois ans après le début de la crise sanitaire, les salariés français aspirent toujours à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Avec l’essor du modèle hybride, la flexibilité horaire et la semaine de 4 jours sont de plus en plus plébiscitées, nous apprend la dernière enquête de GetApp, résumée dans une infographie, sur la satisfaction au travail.
La crise du Covid-19 a changé la façon dont les employés perçoivent le travail, avec une quête croissante d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le modèle du travail hybride a émergé pour répondre à ce besoin, mais la flexibilité horaire et la semaine de 4 jours pourraient-elles le concrétiser davantage ? Tel est le questionnement auquel tente de répondre la dernière étude de GetApp sur la satisfaction au travail.
La “grande démission” et le “quiet quitting” sont au coeur des débats depuis 3 ans et expriment le désengagement de certains salariés. Toutefois, l’infographie qui résume l’enquête nous apprend que 49 % des collaborateurs sont « plutôt » satisfaits et 36 % « très » satisfaits de leur travail ; contre seulement 14 % qui expriment leur mécontentement. En outre, si 25 % des salariés interrogés ont changé de travail à partir de 2021, ils sont 75 % à occuper leur emploi actuel depuis plus de deux ans. “63 % d’entre eux n’ont même pas envisagé de postuler ailleurs, bien que 37 % l’aient envisagé”, observe GetApp.
Parmi ceux qui ont changé de travail ces deux dernières années, la principale raison invoquée est un meilleur salaire (22 %). D’autres critères sont également importants : un meilleur équilibre vie privée/professionnelle (21 %), une atmosphère et une culture d’entreprise plus agréables (20 %) et des opportunités de carrière (20 %). Des aspirations qui reflètent les nouvelles attentes nées suite à la pandémie, liées à la recherche de sens et de bien-être (tant personnel que professionnel).
Si 66 % des collaborateurs interrogés par GetApp considèrent le salaire comme un facteur important de satisfaction au travail, 42 % privilégient l’équilibre vie privée/professionnelle, 33 % l’intérêt ou la passion pour le poste et 32 % les bonnes relations avec les collègues et les managers. La flexibilité des horaires de travail est plébiscitée par 22 % des salariés, et la possibilité de télétravail par 15 %.
La pandémie n’a pas totalement démocratisé le télétravail
Comment ces critères sont-ils appliqués et valorisés dans les postes actuels des salariés interrogés ? Selon l’enquête, 43 % des collaborateurs peuvent télétravailler, signe que la crise sanitaire n’a pas complètement démocratisé cette pratique. 57 % des employés sondés travaillent ainsi exclusivement sur site : “cette tendance peut s’expliquer par diverses raisons, notamment une incapacité à réaliser ses tâches de chez soi pour certains métiers ou une culture d’entreprise réfractaire à la mise en place d’une telle configuration en raison d’une incidence supposée sur la productivité et la qualité du travail”, écrit GetApp. Dans le détail, 37 % des salariés français suivent un modèle hybride (télétravail-bureau) et 6 % travaillent entièrement à distance.
“Quand on demande aux employés ne travaillant que sur site si l’opportunité de travailler de chez eux pourrait les intéresser, 58 % répondent par l’affirmative”, indique l’étude. Ceux qui aspirent à davantage de télétravail citent plusieurs avantages liés au bien-être et au confort. Ainsi, ils souhaitent télétravailler pour :
- améliorer leur équilibre vie privée/professionnelle (59 %) ;
- économiser de l’argent en évitant les trajets quotidiens (49 %) ;
- se “sentir plus détendus chez eux” (49 %) ;
- accroître leur productivité (21 %).
Ils sont aussi 13 % à indiquer ne pas apprécier l’ambiance du bureau.
“En représentant 43 % de notre panel, les Français interrogés bénéficiant d’une flexibilité du lieu de travail sont légèrement minoritaires. Toutefois, cette configuration est désirée par la plupart de ceux n’ayant pas l’occasion de l’expérimenter. Ces constats sont-ils les mêmes quand il s’agit de la flexibilité des horaires de travail ?”, s’interroge GetApp. Selon l’infographie qui résume l’étude, 78 % des employés français voudraient bénéficier d’une flexibilité des horaires de travail, et 58 % des personnes interrogées disent bénéficier d’un emploi du temps flexible.
Ces personnes peuvent ajuster leurs horaires de travail dans une certaine mesure. Cependant, 42 % indiquent avoir des “horaires stricts” imposés par leur employeur. Parmi eux, 78 % souhaitent des horaires plus flexibles, mais 70 % indiquent que leur entreprise n’envisage pas de mettre en place un tel système. Cela pourrait-il être un désavantage pour ces salariés ? “Pourrait-il s’agir d’un manque à gagner pour ce profil de salariés ? Probablement quand on observe l’importance qu’accordent les employés bénéficiant d’horaires de travail flexibles à ce principe. Ainsi, 96 % le jugent “assez” voire “très” essentiel. Ceci sans doute en raison de la liberté et de l’autonomie qu’il suggère”, écrit GetApp.
Parmi ces salariés réclamant plus de flexibilité, 59 % affirment que leur entreprise ne “surveille pas excessivement” le temps qu’ils passent au travail. “Aussi peut-on supposer qu’ils sont davantage évalués sur leurs performances que sur leurs heures d’arrivée et de départ ou selon un critère de présentéisme. Ce qui peut leur permettre de jongler plus aisément entre les priorités de leur vie professionnelle et celles de leur vie personnelle, et optimiser par conséquent l’équilibre entre ces deux sphères”, note l’étude.
L’introduction de la semaine de 4 jours en France pourrait-elle constituer une étape supplémentaire vers cet idéal recherché par les employés depuis la crise sanitaire ?
Semaine de 4 jours : un pas vers un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle ?
De nombreux salariés montrent un intérêt marqué pour la semaine de 4 jours. L’étude de GetApp révèle que 68 % des employés interrogés sont familiers avec le concept de semaine de travail de 4 jours. Parmi eux, 62 % affirment que ce système n’est pas envisagé dans leur entreprise, tandis que 19 % indiquent qu’il est prévu mais pas encore mis en œuvre. À noter que 13 % des collaborateurs travaillant 5 jours ou plus par semaine sont employés dans des PME ayant adopté la semaine de 4 jours pour certains de leurs services.
Parmi ceux dont l’entreprise n’a pas encore mis en place la semaine de 4 jours, qu’ils connaissent ou non ce principe, une large majorité (84 %) exprime un intérêt pour l’adoption de ce système. Cependant, quelle configuration préféreraient-ils ? “Dans l’étude sur le sujet récemment publiée au Royaume-Uni, le modèle suivi consistait en une réduction des horaires de travail sans changement de salaire. D’après notre enquête, 20 % accepteraient la semaine de 4 jours seulement en travaillant moins d’heures (32 heures au lieu de 35 heures ou 39 heures) mais au même salaire”, indique GetApp. En outre, seulement 4 % accepteraient une baisse de rémunération en échange d’une réduction du temps de travail.
Selon l’infographie, une majorité d’employés (76 %) accepterait la semaine de 4 jours si leur salaire restait inchangé, même si le nombre d’heures travaillées ne changeait pas. “De ce fait, même si l’optique d’avoir des horaires réduits est clairement attrayante, la plupart des salariés ne se montrent pas exigeants dans leurs revendications et seraient prêts à travailler autant d’heures tant qu’ils peuvent bénéficier d’un jour libre supplémentaire dans la semaine”, peut-on lire dans l’étude de GetApp.
La semaine de 4 jours pourrait-elle être un facteur déterminant pour inciter les salariés à changer d’entreprise ? Pour 59 % d’entre eux, la réponse est oui, mais seulement si les conditions de travail sont similaires à celles de leur emploi actuel. Ils insistent notamment sur le maintien du même salaire, des mêmes avantages sociaux et d’un “contrat de travail comparable”.
Avantages et inconvénients de la semaine de 4 jours
Dans son étude sur la satisfaction au travail, GetApp dresse les avantages et les inconvénients de la semaine de 4 jours pour les salariés, ainsi que pour les entreprises. Pour les collaborateurs, les avantages d’un tel système sont :
- une amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée (54 %) ;
- un gain de temps pour soi et pour mieux se déconnecter du travail (54 %) ;
- un meilleur bien-être (44 %) ;
- une réduction des temps de trajet et des coûts associés (42 %)
Cependant, ces avantages seraient accompagnés d’inconvénients pour une partie des collaborateurs interrogés. Ainsi, 51 % craignent des journées de travail plus longues et 43 % estiment qu’il y aurait un risque d’avoir une charge de travail excessive. Parmi les autres points négatifs, 28 % redoutent une diminution de salaire due à la réduction du nombre de jours travaillés. Pour certains, une réorganisation de leur emploi du temps pourrait poser problème. La difficulté de réorganiser son travail (26 %) et celle de terminer les tâches ou les projets à temps (26 %) sont également mentionnées.
Quant aux obstacles qui pourraient empêcher la mise en place de la semaine de 4 jours au sein des organisations, 63 % des salariés estiment que leur direction pourrait y être réticente. Lorsqu’on interroge les collaborateurs dont l’entreprise n’a pas adopté ce système, les inconvénients qu’ils relèvent pour leur entreprise sont les suivants :
- le défi lié aux revenus des employés (33 %) ;
- la complexité opérationnelle de la mise en place (30 %) ;
- les tâches administratives associées (27 %) ;
- la régulation des contrats de travail (27 %) ;
- le coût opérationnel de la mise en œuvre (19 %) ;
- un désengagement possible des employés (19 %).
Concernant les avantages qu’ils détectent pour leurs entreprises, leurs réponses principales incluent une amélioration de la satisfaction des employés (55 %), une réduction du nombre d’absences (40 %), une réduction des coûts de fonctionnement de l’entreprise et un respect de l’environnement accru grâce à des besoins réduits en énergie, papier et autres matériaux (40 %), une possibilité d’attirer plus de candidats (33 %) et une productivité accrue (29 %). “Seules 6 % des personnes sondées considèrent qu’il n’y aurait aucun impact positif pour l’entreprise quand 17 % ne voient aucun inconvénient. Ces chiffres, ajoutés à ceux des bienfaits pour les employés, soulignent la perception positive globale qu’ont les Français interrogés de la semaine de 4 jours”, note par ailleurs GetApp.
“L’écoute active des besoins“ des salariés en complément
“Au vu des résultats de notre étude, il semblerait que la flexibilité du lieu et des horaires de travail soient globalement synonymes de bien-être et d’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle pour les employés sondés. Afin de favoriser davantage ces principes, une large majorité d’entre eux se montrent ouverts à l’introduction d’une semaine de 4 jours au sein de leur entreprise”, lit-on encore dans l’étude.
Néanmoins, la plupart souhaitent conserver le même salaire, même si cela implique de travailler 35 ou 39 heures en 4 jours. Bien que de nombreux avantages liés à l’épanouissement personnel aient été soulignés par GetApp, certaines craintes ont également été exprimées, telles que le risque d’une augmentation du volume de travail due à un emploi du temps réduit. “Un effet qui pourrait rendre la notion de flexibilité horaire au service de la santé mentale des salariés contre-productive”, souligne l’étude.
En plus de la semaine de 4 jours, les salariés ont des suggestions pour permettre à l’entreprise d’adopter une culture de travail flexible compatible avec l’amélioration de leur bien-être :
- 50 % d’entre eux prônent une “écoute active des besoins“ des salariés
- 43 % estiment que la mentalité du personnel doit évoluer
Enfin, 38 % des collaborateurs considèrent qu’il revient à la direction de changer son état d’esprit et sa culture organisationnelle.
Source : GetApp