Et si le temps était enfin venu de réinventer le travail ?
Autant le dire tout de suite, personne, et surtout pas les DRH, n’a envie de forcer le smiley pour cette rentrée.
Les DRH ont été mis à l’épreuve à la mi-mars pour gérer l’urgence et mettre en œuvre la transformation numérique dont on parlait depuis longtemps.
Le recul de la pandémie à partir de juin faisait croire que le pire était derrière nous. Hélas, le mois d’août est venu doucher les espoirs d’un retour à la normale dans un horizon prévisible.
Le Télétravail, apprécié au départ, montre ses limites.
Les entreprises ont rattrapé leur retard digital à la façon d’un patient qui avalerait ses remèdes en une seule fois, au risque d’en devenir malade.
Le principe de Boileau : « qu’en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli » questionne le rapport entre le salarié et l’entreprise. Depuis mars on s’est affranchi du lieu et du jour, il reste le fait accompli, c’est à dire le sens même du travail.
Entre les rêves vite évanouis d’un monde d’après Covid idéalisé, et le retour conservateur au monde d’avant inchangé, il y a la place pour une évolution souhaitable et réaliste.
C’est peut être là l’essentiel de la tâche qui attend les DRH en cette rentrée : réinventer le travail.
Comment donner envie aux salariés masqués des open-space de venir chaque matin ? Comment motiver durablement ceux qui sont en mode télétravail ?
On peut envisager plusieurs chantiers.
Le premier est sans doute celui de la reconnaissance des salariés, qui est souvent le parent pauvre des entreprises françaises.
Le deuxième pourrait être celui de la fixation des objectifs et de la mesure de la contribution : faut il conserver les sacro-saints rythmes annuels ?
Le troisième serait de développer l’autonomie, qui ne se sépare pas de l’enrichissement des tâches des collaborateurs. Cette période a assez bien illustré ce que disait naguère le syndicaliste Edmond Maire : la plupart des entreprises sont en auto-gestion mais leurs patrons font semblant de l’ignorer. Il reste à organiser cela durablement.
Enfin, imaginer une convivialité nouvelle, des rituels inventifs, ne serait sans doute pas un luxe pour réparer le lien social.
Pour faire tout cela, les DRH vont devoir parler fort pour se faire entendre.
Avec le masque, on en a pris l’habitude.