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Marque employeur : l’expérience salarié, un nouvel avenir

le 24 novembre 2016
Marque employeur : l’expérience salarié, un nouvel avenir

[DOSSIER 3/3] Comme nous l’avons évoqué dans les deux premiers articles de ce dossier, la communication autour de la marque employeur s’est longtemps cantonnée à l’attraction de nouveaux salariés. Mais ça, c’était avant ! Avant le digital et son cortège de réseaux sociaux, de plateformes d’échanges ou de sites pour noter son entreprise, pour ne citer que les éléments les plus évidents qui imposent aujourd’hui de dynamiser et d’optimiser l’expérience salarié. Explications.

 

La crédibilité d’une marque ne se décrète pas

Utilisée essentiellement, depuis plus de vingt ans, pour rendre l’entreprise plus attractive auprès des candidats, la marque employeur n’a que rarement réussi à créer avec les salariés ce « contrat de confiance » que les marques commerciales représentent dans l’esprit des consommateurs.

Lorsqu’un consommateur achète une marque et lui reste fidèle, c’est que celle-ci a su gagner sa confiance en lui apportant ce qu’il recherchait. Comme l’a dit et répété Jacques Séguéla, publicitaire dont on peut moquer les déclarations à l’emporte-pièce mais auquel on ne peut reprocher de mal connaître son métier, ce n’est pas la publicité qui fait le succès d’un produit, mais le produit lui-même. Autrement dit, la publicité (ou communication) ne sert qu’à faire connaître et valoriser les qualités de ce dernier, mais celles-ci sont au départ bien réelles.

Les employeurs et leurs agences ont trop souvent oublié ce principe de base en communiquant autour de la marque employeur. Ils n’ont désormais plus le choix, le digital – et particulièrement les réseaux sociaux – ayant fait qu’aujourd’hui tout se sait. Une communication de marque employeur insistant fortement sur des qualités incertaines de celle-ci s’avère toujours contreproductive.
 

 

Quand les collaborateurs s’expriment

Né avec le développement du e-commerce, le fait de laisser un commentaire et une note après avoir acheté un produit ou une prestation a profondément modifié les habitudes personnelles des consommateurs. Le phénomène ne se limite pas à Amazon. À titre d’exemple, les critiques gastronomiques ne font aujourd’hui plus recette auprès de l’immense majorité du public, qui leur préfère les avis souvent mal écrits, mais perçus comme plus spontanés et authentiques, de gens qui leur ressemblent.

Ce comportement a gagné la sphère professionnelle. Il est devenu capital pour les entreprises au moins de connaître, à défaut de les maîtriser, les discours véhiculés autour d’elles par leurs employés passés ou présents. L’incontestable succès de sites comme Glassdoor, sur lequel les salariés peuvent noter leur entreprise, témoigne de deux choses :

  • les candidats, qu’ils soient demandeurs d’emploi ou salariés en veille, sont en recherche d’informations issues « de l’intérieur » sur les entreprises ;
  • il existe chez les salariés un besoin de s’exprimer sur leur entreprise, un désir d’échange sur celle-ci : ils ont envie de partager leur expérience.

 

Trois leviers pour optimiser l’expérience salarié

Partager leur expérience… de salarié, bien sûr ! Nous avons évoqué dans un précédent article les principaux contenus pouvant nourrir la marque employeur. Nous voici face au contenu le plus décisif pour donner à celle-ci la crédibilité et la pérennité qui lui font trop souvent défaut.

L’expérience salarié désigne l’ensemble des interactions vécues par le collaborateur avec son employeur, de son recrutement jusqu’à la séparation. Elle recouvre l’ensemble des éléments qui font le quotidien professionnel d’une personne : l’organisation du travail, le management, l’équipement digital dédié aux salariés, et plus largement tous les éléments liés à la QVT (qualité de vie au travail) tels que l’impact du travail sur la santé, le design des locaux, la qualité des relations humaines, etc.

Concrètement, il est possible d’agir sur de nombreux leviers pour optimiser l’expérience salarié. Intéressons-nous de plus près à trois d’entre eux :

 

  • Le digital (le SIRH, l’intranet et toutes les applications pour l’employé)

Le digital est un domaine qu’il est devenu impossible d’ignorer quand on parle d’expérience salarié. De fait, la qualité du SIRH, de l’intranet, du RSE (réseau social d’entreprise) et de toutes les applications utilisées par le collaborateur doivent contribuer à rendre ses interactions professionnelles plus faciles, plus agréables, plus fluides. Ces outils sont particulièrement importants dans la perception de l’expérience salarié pour deux raisons :

  • ils reflètent la modernité de l’entreprise, son goût de l’innovation ;
  • le niveau de digitalisation dont bénéficient les salariés traduit une approche de la fonction RH selon laquelle les collaborateurs sont traités comme les clients internes de la DRH, clients qu’il convient de satisfaire en leur offrant les meilleures conditions de travail possible.

Aux incontournables comme le SIRH, les DRH des entreprises les plus en pointe ajoutent des solutions digitales innovantes permettant de marquer leur différence : contrat de travail électronique, coffre-fort numérique, solutions de vote digitales… D’autres fournissent tout simplement des smartphones ou des tablettes à leurs salariés. Ces divers équipements contribuent à générer un sentiment de fierté chez les collaborateurs, et renforcent indéniablement le sentiment d’appartenance à l’entreprise.

 

  • Les nouveaux modes de travail

La révolution digitale en cours exerce une influence forte sur les attentes des salariés en termes de modes de travail, tout en donnant les moyens de satisfaire celles-ci. Le nomadisme et le télétravail en sont la meilleure illustration. Par opposition au nomadisme intraentreprise (le fait de travailler en dehors de son bureau, mais dans les locaux de l’organisation), le nomadisme extraentreprise regroupe les collaborateurs mobiles et ceux qui pratiquent le télétravail. L’équipement en ordinateurs portables, smartphones et autres tablettes a rendu possible ce mode de fonctionnement plébiscité par de nombreux salariés.

Outre les avantages en termes de productivité et de gain de temps qu’il procure à l’entreprise, le télétravail répond aux attentes des collaborateurs souhaitant, par exemple, éviter des transports chronophages et gérer ainsi plus commodément certaines contraintes personnelles. Une fois résolus les problèmes de sécurisation des données inhérents au travail à distance, ce mode de fonctionnement pose cependant de nombreuses questions : comment adapter le management ? L’effacement de la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle, souvent pointé comme un facteur d’augmentation des RPS, n’est-il pas encouragé ? En outre, quand le télétravail est récurrent, quid du sentiment d’appartenance à l’entreprise, ce précieux atout pour faire rayonner la marque employeur vers l’extérieur ? Autant de points méritant une réflexion approfondie, car une expérience salarié optimisée doit consolider la marque employeur, et non risquer de la desservir.

 

  • La qualité de vie au travail

De nombreuses études le montrent, la qualité de vie au travail, ou QVT, est l’un des grands enjeux de l’entreprise de demain. Elle s’imbrique étroitement avec l’expérience salarié.

La qualité de vie au travail peut se définir comme la perception qu’ont les salariés d’un ensemble d’éléments : l’impact de leur activité sur leur santé, l’ambiance au sein de leur entreprise, la culture de celle-ci, l’intérêt de leur travail, les conditions dans lesquelles ils l’exercent, l’autonomie qui est la leur, l’égalité de traitement entre salariés, la reconnaissance… Tous ces facteurs, dont la liste n’est pas exhaustive, ont un impact direct sur l’engagement et la performance des salariés, donc sur la productivité des entreprises.

Certains aspects de la QVT, tels que la pénibilité des tâches, sont de mieux en mieux pris en compte, ce que montre par exemple la création du Compte personnel de prévention de la pénibilité. Cependant, le bien-être au travail ne peut se limiter à la prévention de la pénibilité ou des risques d’accident du travail. De fait, les cadres sont moins concernés par ces derniers mais sont soumis à des RPS (risques psycho-sociaux) réels, liés par exemple à un taux de stress trop élevé. Les pressions psychologiques liées à la quantité de travail, à la multiplicité des tâches à accomplir, aux délais à respecter ou à la qualité d’exécution demandée entrent évidemment en compte.

La mise en place d’une politique d’amélioration de la QVT sérieuse et continue crée un cercle vertueux pour les organisations. Celles-ci peuvent ainsi réduire les coûts liés à l’absentéisme, renforcer l’engagement et la productivité des salariés et, par jeu de bandes, améliorer leur performance globale. Une démarche QVT va aussi créer chez les collaborateurs un état d’esprit positif vis-à-vis de leur employeur. Ils se trouveront ainsi dans des dispositions optimales pour devenir des ambassadeurs de choix de la marque employeur vis-à-vis de toutes ses cibles, au premier rang desquelles les candidats.

 

L’expérience salarié, ou l’obligation de déployer la marque employeur

Au terme de ce troisième article de notre dossier consacré à la marque employeur, évoquer l’expérience salarié pour nourrir celle-ci pose une question fondamentale qui mériterait un long développement : celui du repositionnement de la fonction RH pour le déploiement de la marque employeur en interne. Améliorer l’expérience salarié pour consolider la marque employeur impose un véritable travail de fond, dans lequel la DRH doit affirmer son leadership. Faire de l’expérience salarié le maître atout de la marque employeur, c’est s’interroger sur la perception qu’en ont les collaborateurs, accompagner les managers dans la conduite de changement, utiliser les possibilités offertes par le marketing en s’appuyant sur des données statistiques. Ce n’est que de cette façon qu’il sera possible de déployer pleinement en interne tout ce sur quoi on communique à travers la marque employeur.

 

Sur les réseaux sociaux, forums ou plateformes d’échange, les salariés en poste sont aujourd’hui les ambassadeurs les plus crédibles de l’entreprise. Dans ce cadre, offrir la meilleure expérience salarié possible constitue le moyen le plus efficace de déployer, consolider et nourrir la marque employeur d’une organisation. Si les outils digitaux sont incontournables, ils ne peuvent porter à eux seuls une expérience salarié de qualité : le management, l’organisation du travail et plus globalement la qualité de vie dans l’entreprise sont essentiels. Mettre en musique ces éléments doit impliquer toute l’entreprise, en premier lieu le DRH. La marque employeur pourra alors tenir enfin le rôle qui devrait être le sien depuis vingt ans : attirer les talents, certes, mais aussi les fidéliser, les retenir, les aider à s’épanouir et à grandir.

 

Ci-dessous, les 3 tribunes sur le nouveau souffle de la marque employeur

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Crédits photos : © Shutterstock / IAKOBCHUK VIACHESLAV

 

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Armand Brice Kouadio2016-12-15 16:08:35
Bonjour, Je trouve cet article très intéressant. Travaillant actuellement sur un article scientifique, j'aimerais pouvoir citer certaines de vos bonnes idées. Pourriez-vous m'indiquer quelques unes de vos publications, ou à défaut celles dont vous vous êtes inspirées pour la rédaction de "Marque employeur : l’expérience salarié, un nouvel avenir"? Dans l'attente de vous relire, je vous souhaite une excellente journée!
Jean de LOŸS2017-01-03 17:07:12
Merci de l'intérêt que vous manifestez pour cet article. La première des sources que je puis vous donner est, naturellement, le blog de Parlons RH que vous nous faites l'honneur de lire ! Je vous conseille d'ailleurs, sur ce même blog, de jeter un œil à l'article "pleins feu sur l'expérience salarié avec Docapost", qui présente un livre blanc bien conçu sur la question.

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