RSE, des entreprises de plus en plus concernées
La RSE (responsabilité sociale des entreprises) est-elle en passe de devenir une valeur entrepreneuriale ? L’étude publiée par Bpifrance Le Lab démontre en tout cas, en quelques années, une véritable évolution dans l’esprit des dirigeants de PME et ETI : plus impliqués, moins réfractaires, ils commencent à y trouver de l’intérêt. Est-il économique ? Existe-t-il une véritable conscience de responsabilité sociale dans les entreprises ? Comment se traduit-elle dans les faits ? Pour quels avantages ? Découvrez comment la RSE se fait une place dans nos entreprises.
Sommaire
50 % des dirigeants de PME-ETI mènent une démarche RSE
Alors qu’il y a 10 ans, le terme était à peine connu, il est surprenant de constater qu’autant de dirigeants s’engagent si rapidement sur la voie de la RSE. Les mentalités entrepreneuriales auraient-elles changé en si peu de temps ? La démarche est en réalité appréciée depuis longtemps. 75 % des dirigeants posent un regard positif sur la RSE avec une forte adhésion à ses valeurs : ouverture sur l’extérieur, écoute, respect, comportement citoyen, etc.). Elle est en revanche perçue comme dévoyée lorsqu’elle est utilisée par les grandes entreprises à des fins marketing. Qu’est-ce donc alors qu’une bonne RSE ?
Selon la norme ISO 26000, considérée comme la référence internationale, c’est tout d’abord des principes : la redevabilité, la transparence, le comportement éthique, la reconnaissance de l’intérêt des parties prenantes, le respect de la légalité et des conventions collectives, le respect des normes internationales de comportement et le respect des droits de l’Homme.
Mais aussi des domaines d’application dans l’exercice des activités d’entreprise :
- Gouvernance : intégrer la RSE dans tous les processus de l’entreprise, développer une vision stratégique qui donne du sens, impliquer les collaborateurs dans les prises de décision, veiller à la diversité et la mixité dans la gouvernance…
- Relations et conditions de travail : contribuer à la création d’emplois pérennes, favoriser la qualité de vie au travail, créer les conditions d’un dialogue social interne, établir une politique salariale transparente et équitable, développer les compétences des collaborateurs…
- Environnement : éco-concevoir les produits et services, réduire la consommation d’eau et d’énergie, minimiser les pollutions et nuisances de tout type, développer la durabilité de vie du produit, réduire, valoriser les déchets, raccourcir les circuits d’approvisionnement et de distribution…
- Relations d’affaires équitables : refuser les pots-de-vin et la corruption, intégrer des critères RSE dans le choix des fournisseurs, payer ses fournisseurs dans des délais raisonnables, nouer une relation équilibrée et « gagnant-gagnant » avec ses fournisseurs, respecter les droits de propriété…
- Protection et information des clients : garantir la qualité et la sécurité des produits, rendre ses produits accessibles aux personnes vulnérables, informer le client avec honnêteté, respecter les engagements de qualité et les clauses contractuelles…
- Participation et engagement dans la vie locale : contribuer au développement socio-économique des territoires d’implantation, acheter local et recruter local, nouer des relations avec les écoles, les universités, les collectivités locales…
- Prise en compte des parties prenantes : identifier les parties prenantes de l’entreprise, nouer un dialogue avec elles, échanger des connaissances et des points de vue, écouter et répondre, dans la mesure du possible, à leurs demandes…
Sur ces points, la BPI rappelle qu’il existe autant de façons de faire de la RSE dans les PME-ETI que d’entreprises et d’entrepreneurs. Ainsi, les différences sectorielles influent sur les choix de développement de la RSE. Le secteur des services s’investit dans l’axe social, le transport et le tourisme sont plus engagés sur le volet environnemental. C’est aussi vrai pour la taille de l’entreprise. Plus l’entreprise croît, plus la RSE est pratiquée dans l’entreprise : 23 % dans les TPE et jusqu’à 54 % dans les ETI. Les PME-ETI sont également plus ouverts à de meilleures conditions de travail. L’axe environnemental est moins investi que dans les grandes entreprises.
Une entreprise aux multiples responsabilités
De quoi les dirigeants des PME-ETI se sentent-ils responsables ? En premier lieu de la rentabilité de leur entreprise. 99 % d’entre eux considèrent devoir assurer la bonne santé économique de leur entreprise. La RSE peut d’ailleurs leur permettre d’y parvenir. Une recherche de Salomon et Barnett, de 2012, montrait que les entreprises les plus rentables étaient celles qui font beaucoup de RSE et celles qui n’en font pas du tout, les autres, entre les deux, étant moins performantes. Cependant, l’engagement des dirigeants interrogés dans l’enquête va au-delà de l’aspect économique : plus de 80 % d’entre eux se sentent aussi responsables du bien-être des salariés, de la vie sociale locale ou de la protection de l’environnement. Ils sont surtout d’accord pour dire que la RSE constitue un facteur d’engagement des salariés. Elle permet de fédérer les hommes, de créer de la confiance et de donner du sens.
- 99 % des dirigeants se disent responsables de la rentabilité de leur entreprise,
- 98 % considèrent qu’il est de leur responsabilité d’améliorer le bien-être des salariés,
- 94 % se sentent responsable de la création d’emplois,
- 93 % estiment qu’ils doivent participer à la vie sociale et culturelle locale,
- 94 % pensent que protéger l’environnement relève de leur responsabilité.
Des particularités féminines ?
Si on analyse l’âge des dirigeants interrogés, il n’existe pas de différence générationnelle majeure. Contrairement à une idée reçue, les jeunes générations ne sont pas plus sensibles aux pratiques RSE que leurs aînés. Les premiers ont une approche de la RSE plus axée sur l’environnement, la maîtrise des risques, les démarches de certification et de qualité/sécurité, les seconds sont plus proches des questions de télétravail, participation des salariés aux décisions et bien-être au travail.
Par contre, les différences sont plus visibles, selon que l’on soit un homme ou une femme. Dans leurs pratiques de la RSE, les dirigeantes sont ainsi plus engagées sur les axes suivants :
- respect de l’articulation vie privée/vie professionnelle,
- télétravail (41 % des dirigeantes proposent du télétravail contre 31 % en moyenne sur l’échantillon),
- consultation des salariés (55 % consultent les salariés avant de prendre des décisions importantes contre 44 % en moyenne sur le panel).
Mais la RSE divise bien davantage en fonction de la taille de l’entreprise dirigée. Ainsi les patrons de TPE (mois de 20 salariés) sont surreprésentés dans la population des sceptico-réfractaires (25 % des profils interrogés).
Souhaitons-leur d’évoluer en même temps que la taille de leur entreprise… peut-être même avant, car la RSE représente, si l’on en croit de nombreux travaux académiques, un levier de compétitivité et un instrument de performance pour les entreprises de toute taille.