infographies RH

Quiet quitting : paresse ou tendance salutaire ?

le 25 octobre 2022
quiet-quitting

Faire son travail, accomplir les tâches propres à sa fiche de poste, mais rien de plus. Ne pas faire d’heures supplémentaires, ne pas se « surpasser » au travail. La « démission silencieuse », ou « quiet quitting », est au cœur des préoccupations des RH. Mais est-ce le signe d’un désengagement croissant des collaborateurs ? Est-ce synonyme de paresse, ou de manque d’ambition ? Ou est-ce plutôt une attitude salutaire ? Une infographie de LiveCareer apporte un début de réponse.

« Qu’y a-t-il de mal à se détacher émotionnellement du travail et à donner la priorité à la santé mentale et à la famille sur la carrière ? », s’interroge LiveCareer. L’entreprise américaine, spécialisée dans la création de CV, vient de diffuser une étude sur le « quiet quitting » qui nous éclaire sur les raisons qui poussent les salariés à se limiter à faire « le strict minimum », ainsi que sur l’ampleur du phénomène.

Selon l’infographie qui résume cette enquête, nombre de salariés se considèrent comme des « démissionnaires silencieux ». Ainsi, sur 1 000 collaborateurs interrogés, 94 % estimaient être des « quiet quitters ».

« Ces chiffres peuvent sembler élevés. Mais il y a une bonne raison à cela. L’anonymat. Notre étude était totalement anonyme. Dans une culture où l’on vénère le travail, peu de gens admettront qu’ils sont des démissionnaires silencieux, mais si on les laisse parler dans l’anonymat, la vérité apparaît. Et la clé de cette vérité est que les employés fatigués, surmenés et épuisés ont besoin de voir un changement réel », écrit LiveCareer. Ainsi, ils sont 45 % à considérer que le quiet quitting consiste à « établir des limites saines », et 32 % pensent qu’il s’agit de « donner la priorité » à la vie privée sur la carrière.

Travailler pour vivre, mais pas l’inverse

Concernant plus spécifiquement l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle, la majorité des salariés interrogés estiment que la santé mentale (94 %), la santé physique (91 %) et la famille (91 %) sont « plus importants que le travail ».

A noter que 8 personnes sur 10 ont déclaré » éviter d’assumer des obligations allant au-delà » de leurs fonctions professionnelles. « Cela peut s’expliquer par le fait que la grande majorité (81 %) des participants à notre étude pensent que le fait de chercher constamment à progresser dans sa carrière nuit à la qualité de vie », note LiveCareer.

L’infographie se penche aussi sur la perception qu’ont les collaborateurs de la « culture du travail ». 78 % d’entre eux estiment qu’il faudrait « dire non » à la « hustle culture », cette « culture de la productivité toxique« , qui consiste à « normaliser un dévouement total à la sphère professionnelle au détriment des autres. » Ils sont aussi 87 % à considérer que « les gens sont trop focalisés » sur leur carrière, et 85 % à penser que « nous devrions passer plus de temps » avec nos familles.

En parallèle, la relation au travail des salariés évolue. Certes, 87 % déclarent que le travail est « une part essentielle » de leur vie, mais quand il s’agit de se pencher sur ce qui les motive à travailler, les réponses sont plus nuancées. Ainsi, leurs principales motivations sont les suivantes :

  • L’argent (38 %)
  • Les responsabilités familiales (31 %)
  • La passion (24 %)
  • Le statut social (21 %)
  • Les collègues (15 %)
  • En faire un but dans la vie (14 %)

Toutefois, si ces réponses sont variées, les salariés sont unanimes : leur productivité ne définit pas leur valeur (84 %).


Le quiet quitting est-il un luxe ?

« La démission silencieuse n’encourage pas à se surpasser au travail. Suivons-nous réellement cette règle d’or ? Pas nécessairement », observe LiveCareer. Ainsi, dans les faits, pas moins de 85 % des personnes interrogées déclarent « travailler plus que ce qui est officiellement » requis par leur fonction. En outre, ils sont nombreux à consulter leurs e-mails professionnels, ou à travailler en dehors des horaires de bureau.

L’infographie permet aussi de savoir combien de temps par semaine passent les collaborateurs en dehors des heures de travail « officielles » :

  • 6-8 heures (45 %)
  • 4-5 heures (38 %)
  • 1-3 heures (11 %)
  • 9 heures ou plus (6 %)

LiveCareer s’interroge finalement sur l’inadéquation entre le fait que de nombreux salariés « prétendent être des quiet quitters », mais « travaillent plus » qu’ils ne le devraient, en réalité. Les raisons qui poussent ces derniers à travailler plus sont, notamment :

  • « L’amour » ou la « passion » qu’ils ont de leur travail (33 à 40 %)
  • L’argent (27 %)
  • Leur situation de vie (18 %)
  • La peur de perdre leur emploi (10 %)

Si certains se qualifient de démissionnaires silencieux mais continuent malgré tout de « se surpasser » au travail, c’est donc par passion pour ce qu’ils font… mais aussi souvent parce qu’ils n’ont pas le choix.

37% des Français concernés par le « quiet quitting »

A noter qu’une enquête Ifop pour Les Makers vient de sortir, en parallèle. Elle nous apprend de son côté que 37 % des (actifs occupés) Français se disent concernés par le « quiet quitting », et partagent ainsi cette réflexion : « Personnellement, je fais mon travail mais je refuse les heures supplémentaires, d’être sollicité en dehors de mes heures de travail ou d’assumer des responsabilités ne faisant pas partie de mon poste. »

Selon ce sondage, 45 % des actifs français font “juste ce qu’il faut” au travail, et la même proportion affirme ne se rendre au travail que pour le salaire. Un chiffre en nette augmentation puisqu’en 1993, ils n’étaient qu’un tiers (33 %) à indiquer que l’argent était leur principale motivation. En outre, 32 % des personnes sondées se sentent « détachées » de leur travail.

Entre « ce qu’ils donnent d’eux-mêmes (temps, compétence, bonne volonté) et ce qu’ils retirent de leur travail (argent, etc.) », les sondés indiquent avoir l’impression d’être « plutôt perdants », à 48 %. Ce sentiment qu’on les salariés français de donner plus qu’ils ne retirent de leur travail a quasiment doublé, puisqu’il ne concernait que 25 % d’entre eux en 1993. « Majoritaires à l’époque (54 %), celles et ceux qui estiment que le rapport est plutôt équilibré ne sont plus que 39 %. À peine 13 % considèrent aujourd’hui tirer un bénéfice de leur engagement au service de leur entreprise », observe par ailleurs l’Ifop.

Enfin, le quiet quitting n’est « assimilé à de la fainéantise » que par 22 % des actifs français interrogés. « Le fait que nombre de salariés se sentent perdant entre ce qu’ils donnent et ce qu’ils reçoivent de leur travail amène les Français à ne pas juger négativement ceux d’entre eux qui se contentent de juste effectuer leur travail », analyse Les Makers.

Source : LiveCareer



Lonewolf2022-11-23 13:51:10
C'est absolument stupéfiant de voir le bruit que fait cette nouvelle "tendance" !!! alors qu'il ne s'agit que de...respecter à la lettre - de la part du salarié - son contrat de travail ! C'est un signe terriblement bruyant qui montre à quel point "l'abus de salarié" est une chose banale, générale, voire exigée. Vos chiffres montrent à quel niveau les heures de travail dissimulées sont très loin de ceux de la DARES ; il y a probablement 1 million d'emplois perdus à cause de ça, et le "déficit" de la Sécurité Sociale est directement concerné. Quand ce salarié en revient aux limites fixées par le contrat, c'est presque la révolution ! Hallucinant. Cependant, c'est aussi la manifestation (!) du dégout du règne des patrons, et des riches possédants (les mêmes, très souvent), d'un raz-le-bol qui a atteint des niveaux stratosphériques, en face d'une volonté d'exploiter, de rationaliser et d'obtenir toute la productivité possible qui a elle aussi atteint des niveaux intolérables. C'est une réponse qui n'est pas si terrible pourtant, en regard de ce que le monde des salariés subit. Il suffit d'observer les triturations du code du travail, les réformes du chômage, de la retraite, pour comprendre qu'une guerre avait lieu depuis longtemps, qu'elle est rentrée dans une autre phase, et que les salariés commencent à montrer des signes de mutinerie. Le capitalisme est devenu outrancier et mortel ; il faut gager que la réponse sera le dénuement qu'on va lui opposer (non consommation, non travail).
Fabien Soyez2022-11-24 14:24:49
Bonjour, il s'agit d'un sujet épineux qui devrait faire débat, au delà de toutes considérations politiques. D'autres internautes vous répondront probablement :) Merci pour votre commentaire !

Vous voulez réagir ? Laissez-votre commentaire en remplissant le formulaire ci-dessous

Sur les mêmes sujets

L’intelligence artificielle au service du capital humain
tribunes

L’intelligence artificielle au service du capital humain

L’intelligence artificielle investit tous les domaines de notre vie. Dans le champ des ressources humaines, cette technologie permet déjà d’affiner les politiques en matière d’attraction et...

webinars

[WEBINAR] Recruter à l’international en 2024 : les clés d’un process rapide et conforme

Lors de ce webinar, découvrez comment optimiser vos recrutements et fidéliser vos talents à l’international.

Revue du web #484 : fidélisation des talents, IA et management
revues du web RH

Revue du web #484 : fidélisation des talents, IA et management

Cette semaine, la fidélisation des talents est à la une de la revue de web. Dans un contexte de pénurie de talents, la relation manager – managés souffre d’un manque de confiance. L’intelligence...

L’actu RH vous intéresse

Recevez chaque vendredi La News© du Média 100% RH