Illettrisme : un défi pour les entreprises
En France, l’illettrisme reste un défi majeur, affectant non seulement la vie quotidienne de millions de personnes, mais aussi leur intégration et évolution dans le monde du travail. Qui sont les plus touchés par ces difficultés ? Comment l’illettrisme se manifeste-t-il dans le cadre professionnel ? Et surtout, quelles solutions peuvent mettre en place les entreprises pour y remédier ? Réponses avec l’infographie réalisée par France Travail, qui met en lumière l’ampleur de ce phénomène et les actions concrètes pour y faire face.
Illettrisme en France : de quoi parle-t-on ?
L’illettrisme demeure un défi considérable en France, impactant de nombreux adultes dans leur quotidien, mais surtout dans le cadre professionnel. L’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI) définit cette situation comme l’incapacité pour une personne scolarisée en France de maîtriser la lecture et l’écriture, malgré l’accès à l’éducation de base. Ce phénomène concerne une frange significative de la population active et peut représenter un obstacle majeur à l’insertion et à l’évolution dans le monde du travail.
D’un autre côté, lorsqu’il s’agit de difficultés en mathématiques, comme l’incapacité à réaliser des opérations simples ou à comprendre des concepts de base en calcul, on parle alors d’innumérisme.
En France, 4% des adultes âgés de 18 à 64 ans, soit environ 1,4 million de personnes, se trouvent en situation d’illettrisme. Quant aux compétences en calcul, 9% de la population éprouvent de sérieuses difficultés dans ce domaine, ce qui peut s’avérer tout aussi pénalisant dans un environnement professionnel de plus en plus tourné vers les données chiffrées.
Ce phénomène va même au-delà de ces deux dimensions, puisque 10,5% des adultes présentent des lacunes dans au moins une des quatre compétences de base (lecture, écriture, compréhension, calcul), ce qui représente environ 3,7 millions de personnes. Ces compétences sont pourtant essentielles, tant dans la vie courante que sur le lieu de travail, où la capacité à comprendre des consignes écrites, à rédiger des rapports ou à effectuer des calculs simples est souvent indispensable.
Quels sont les publics les plus touchés ?
Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas uniquement les personnes âgées qui rencontrent des difficultés à maîtriser les compétences de base. En réalité, 52% des personnes concernées par ces lacunes sont âgées de 45 ans ou plus. Cependant, d’autres groupes d’âge sont également impactés. Par exemple, 11% des jeunes adultes entre 18 et 24 ans sont touchés, ce qui démontre que ces difficultés ne disparaissent pas avec la scolarisation et peuvent persister, voire s’accentuer, au fil du temps.
Les femmes, quant à elles, sont particulièrement affectées par ce phénomène, avec 6 femmes sur 10 rencontrant de sérieuses difficultés. Cela soulève des questions sur l’égalité des chances et l’accès équitable aux opportunités professionnelles, car ces compétences de base sont souvent un prérequis pour progresser sur le marché du travail.
Ces difficultés ne sont pas uniformément réparties sur le territoire. Certaines zones sont plus vulnérables que d’autres. Par exemple, 66% des personnes en situation de forte difficulté vivent en dehors des grandes villes, illustrant un problème de territorialité. Les zones rurales et périphériques semblent être plus à risque, en partie en raison du manque d’accès à des infrastructures éducatives et professionnelles.
Les Outre-mer sont également touchés de manière disproportionnée, avec un risque accru de 2,5 fois pour les résidents de ces territoires, comparé à la métropole. Les quartiers prioritaires (QPV) sont aussi concernés : les habitants de ces zones sont confrontés à des risques 2,4 fois supérieurs à ceux des autres régions du pays. Ces disparités géographiques mettent en lumière la nécessité d’une action ciblée pour garantir l’accès à des formations adaptées et des solutions d’accompagnement sur tout le territoire.
L’illettrisme au travail : comment les entreprises peuvent agir
L’illettrisme ne touche pas seulement les personnes éloignées du marché de l’emploi. En réalité, 55 % des personnes ayant de grandes difficultés avec les compétences de base sont actuellement en emploi. Cette donnée montre l’importance de prendre en compte l’illettrisme dans le cadre professionnel. Parmi ces travailleurs, 30 % sont des ouvriers et 40 % sont des employés. Ces deux catégories représentent la majorité des salariés touchés, ce qui souligne l’urgence pour les secteurs manuels et administratifs de proposer des solutions adaptées.
Le problème de l’illettrisme en entreprise peut devenir un frein réel pour le développement économique et social des organisations. Les tâches quotidiennes nécessitant la lecture de consignes, la rédaction de documents, ou encore la compréhension de procédures deviennent des sources de stress et d’erreurs pour les personnes concernées, limitant ainsi leur efficacité et leur progression.
Pour aider les entreprises à mieux comprendre et évaluer les risques liés à l’illettrisme, l’ANLCI a mis au point un outil gratuit de diagnostic appelé Ev@Gill. Cet outil a pour objectif de sensibiliser les entreprises à la problématique de l’illettrisme et de les inciter à s’interroger sur leur situation actuelle. De plus, il permet d’informer les entreprises sur les conséquences d’une non-action, tant pour l’employé que pour l’organisation dans son ensemble.
L’illettrisme en France est un enjeu complexe qui touche profondément le monde du travail et l’inclusion sociale. Qu’il s’agisse de jeunes adultes, de seniors, de femmes ou de populations résidant en zones rurales ou prioritaires, les difficultés liées à la maîtrise des compétences de base sont une réalité pour des millions de personnes. Pour les entreprises, l’illettrisme représente un frein à la productivité et à la croissance. Des outils comme Ev@Gill offrent une opportunité de prendre conscience de ce problème et d’agir pour créer un environnement professionnel inclusif et performant.
Source : France Travail