La fonction RH vue par les salariés : il y a du boulot !
Les résultats de la dernière étude OpinionWay-LabRH « Les Ressources Humaines vues par les salariés » pointent du doigt les défauts de pédagogie, de communication et de marketing de la fonction RH vers un de ses marchés internes principaux : les collaborateurs. Voyez plutôt…
Sommaire
Les salariés ne connaissent pas la fonction RH
- 32% des salariés interrogés ne sont pas en mesure de citer une seule mission de la fonction RH. Elles sont pourtant nombreuses et diverses…
- 52% des salariés n’en citent qu’une pauvre petite !
Les salariés ont une compréhension très partielle de la fonction RH
A la question « Selon vous, quelles sont les missions de la direction des Ressources Humaines au sein d’une entreprise ? », les réponses sont très surprenantes :
- 29% évoquent le recrutement (cela représente moins de 10% de l’effectif de la fonction RH),
- 10% la gestion des carrières,
- 8% la gestion des plannings ou l’accompagnement des salariés,
- 5% la gestion de la formation,
- 4% la gestion des paies (cela représente souvent plus de 10 fois plus en termes d’effectif),
- 1% la gestion des entretiens.
Les pourcentages éventuellement accordés aux relations sociales, à la gestion de la mobilité interne, aux rémunérations ne leur permettent pas d’être cités explicitement.
Les salariés ont un niveau très faible de satisfaction
- 58% se disent satisfaits de la politique RH de l’entreprise vs 42% d’insatisfaits,
- 52% se disent satisfaits des possibilités de formation,
- 46% se disent satisfaits de la politique de recrutement (36% dans les grandes entreprises !),
- 45% se disent satisfaits des perspectives d’évolution.
Dans le cadre d’un autre service interne – la finance ou le les achats – pourrions-nous imaginer un instant ne pas réagir à un taux de satisfaction proche ou inférieur à 50% ?
Les salariés français jugent la fonction RH utile mais pas innovante
Au final, si une majorité de salariés jugent utile (57%) la politique RH de leur entreprise, moins d’1 sur 2 l’estime juste (44%), réactive (44%), équitable (43%), à l’écoute des salariés (43%) ou moderne (42%). Outch !
Il y a encore du pain sur la planche au sein des DRH pour mieux expliquer ce qu’est la fonction RH et ce qu’elle fait :
- sa vision, son ambition,
- ses hommes et ses femmes,
- leurs missions, leurs objectifs,
- leurs moyens, leurs organisations, leurs outils, leurs contraintes,
- leurs compétences et expertises,
- leurs services, leurs engagements, les réalisations.
In fine, quelle est la promesse de la fonction RH, ses bénéfices, et les raisons d’y croire ?
Cette étude est à rapprocher de deux autres :
La « Radioscopie des DRH » de CEGOS en 2012 où on apprend que :
- les salariés veulent des DRH de terrain, avec un grand « H » !
- les DRH pensent être plus à l’écoute que les salariés ne le perçoivent ;
- les salariés les trouvent trop loin du terrain, peu à l’écoute et trop centrés sur le business ;
- les nouvelles lois et la crise ont donné aux DRH plus de légitimité auprès de la Direction mais les ont coupés du terrain.
L’enquête de Markess International « Optimiser la gestion des processus RH pour contribuer à la performance de l’entreprise en France, 2013-2015 » qui aborde la perception des managers et des décideurs, un autre marché important pour les DRH. Il en ressort que les DRH affichent une forte propension à déporter la gestion de certains processus RH sur les managers, 8 managers sur 10 seraient concernés, et qu’ils ne le vivent par forcément très bien.
Ces processus traitent principalement de :
- la gestion des congés et des absences,
- l’appréciation des compétences,
- le planning des ressources,
- la définition des objectifs.
La fonction RH est certes transitive : c’est le manager qui l’exerce de fait sur le terrain. Mais il ne faut pas pour autant se débarrasser des tâches chronophages pour améliorer la performance intrinsèque de la fonction en dégradant celle, plus globale, de l’entreprise.
La prise de conscience de l’apport des RH à la performance de l’entreprise est très nette, surtout depuis « la crise ».
Selon Markess International, pour 60 % des décideurs, la fonction RH contribue à la performance de l’entreprise (NDR : pourquoi pas 100% ?). Selon l’étude de l’ANDRH et Féfaur la gestion des talents est même considérée critique pour la performance de l’entreprise par 63% d’entre elles (NDLR : donc 37% ne la considèrent pas critique ?).
Ainsi, toujours selon Markess, 70 % des décideurs interrogés attendent une forte contribution des RH à leur propre performance. Les gains portent sur :
- l’intégration des nouveaux collaborateurs (41%),
- la formation personnalisée des collaborateurs (40%),
- le soutien à leur mission (34%),
- le renforcement de la communication avec les salariés (33%).
La volonté RH semble être là. Mais, comme pour les salariés, la réalité du terrain est souvent bien éloignée : 77 % des décideurs et 78 % des managers jugent insuffisante la gestion des processus RH. La plupart des processus RH à valeur ajoutée ne sont pas outillés. Excel, Outlook et Word restent des outils RH majoritaires.
Il y a un travail de communication à faire… C’est le moins que l’on puis dire. Car ces différentes perceptions ne me semblent ni refléter la réalité du service délivré au quotidien par la fonction RH, ni son potentiel dans l’entreprise de demain.
Crédit photo : © Nicolas JARDIMAGE – Fotolia.com
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