Ces petites choses à mettre en place facilement pour préserver la santé mentale des salariés

Vous le savez : la santé mentale a été érigée Grande Cause nationale 2025 par le gouvernement. Et pour cause, 41 % des Français déclarent avoir déjà été affectés par un problème de santé mentale au cours de leur vie1. Stress, absentéisme, burn-out… Les conséquences du mal-être des collaborateurs sont réelles et ne cessent de s’intensifier. Et si intégrer la santé mentale au cœur des politiques RH n’est, à ce stade, plus une option, cela reste un chemin long et, parfois, semer d’embuches. À l’occasion de son dossier spécial santé mentale, la rédaction de Parlons RH a souhaité mettre en lumière plusieurs petites initiatives qui peuvent facilement, et rapidement, améliorer les conditions de travail et le bien-être des salariés.
Sommaire
Micro-siestes et pauses régulières : le pouvoir du repos décomplexé
Saviez-vous que le sommeil favorise la récupération physique, intellectuelle et psychologique, devenant ainsi un véritable allié contre le stress ? D’ailleurs, les bienfaits de la sieste ne sont plus à prouver : reconstitution des réserves énergétiques, régulation de l’humeur, augmentation de la concentration et de la productivité. En effet, une étude menée par la NASA a prouvé qu’une sieste de 25 minutes améliorait la performance de 34 % et la vigilance de 54 %. Toujours pas convaincu ? Les salariés, eux, le sont : selon un sondage Adecco, ils sont près de 70 % à être favorables à l’instauration de la sieste au travail.
Rassurez-vous, pas besoin d’investir dans une immense salle de sieste à la décoration futuriste : une salle de réunion peu utilisée, des fauteuils confortables, voire des casques anti-bruits, et le tour est joué. Ce qui compte vraiment, c’est de démocratiser la pratique de la sieste, en l’inscrivant dans la charte de l’entreprise, par exemple. Si votre entreprise est adepte du travail à distance, pensez également à mettre à jour votre charte de télétravail afin que les salariés puissent enfin se reposer… sans culpabiliser.
Autre levier aussi simple qu’efficace : instaurer des pauses régulières. Leurs bénéfices sont multiples : meilleure posture, moins de fatigue visuelle, réduction des troubles musculo-squelettiques, mais aussi regain d’attention et de motivation. Ici encore, ce qui compte, c’est de le dire haut et fort, et de montrer l’exemple. Pour cela, les managers sont les mieux placés. En tant que professionnels des RH, vous pouvez leur demander d’informer leurs équipes que les pauses, tout comme la sieste, sont autorisées, voire conseillées. Pour aller plus loin, les managers peuvent également bloquer des temps de pause ou de repos dans leurs agendas pour affirmer que cela ne pose aucun problème et inciter les salariés à faire de même.
Lutter contre la fatigue numérique et l’infobésité, ce fléau du 21e siècle
L’ère numérique et la profusion d’outils technologiques ont entraîné de nombreux usages, aux conséquences délétères sur la santé mentale. Un, particulièrement, impacte directement la santé mentale des collaborateurs : l’hyperconnexion. D’après le référentiel 2024 de l’OICN, 31 % des salariés sont exposés à l’hyperconnexion, et ce, en dehors des horaires « classiques » de travail. Ils se reconnectent, en moyenne, plus de 50 soirs dans l’année pour envoyer des mails. Les dirigeants, eux, passent 117 soirées par an sur leur boîte mail.
Pour lutter contre ce fléau des temps modernes, plusieurs solutions existent. Premièrement, la mise en place, par les RH, d’une charte de droit à la déconnexion. Cette dernière a pour objectif de respecter les temps de repos et de congé des collaborateurs et de préserver l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Et si le droit à la déconnexion est obligatoire légalement depuis 2016, encore faut-il qu’il soit respecté au sein de l’entreprise. Le rôle des professionnels des RH est alors d’établir des périodes fermes de déconnexion, de bloquer les communications en dehors des heures autorisées et durant le week-end, mais aussi de sensibiliser les managers et les salariés à respecter la charte en question.
Bien sûr, il est possible, et recommandé, d’aller plus loin pour préserver les salariés des dangers de l’hyperconnexion et de l’infobésité. Certaines entreprises, par exemple, misent sur des « no-meeting days », à savoir un jour fixe dans la semaine durant lequel les réunions sont prohibées. L’idée ? Permettre aux collaborateurs de profiter de journées entières sans sollicitation pour avancer sur leurs projets, favoriser la concentration et en finir avec le syndrome de la « réunionite aiguë ».
Santé mentale : repenser les espaces et les conditions de travail
L’environnement de travail influe sur le bien-être des salariés. Une lumière trop agressive, un open space trop bruyant, ou une absence d’espace pour s’isoler peuvent alimenter le stress, la fatigue et la perte de concentration. À l’inverse, quelques ajustements bien pensés favorisent un apaisement immédiat et durable.
Pour créer un coin calme et ressourçant, pas besoin de grands travaux ou de mobilier design non plus : quelques mètres carrés réaménagés, une touche de verdure ou un simple espace « cocooning » suffisent pour faire comprendre aux collaborateurs que leur bien-être compte. En plus des zones de détente, il peut être intéressant d’offrir aux salariés des espaces plus intimes, insonorisés, où ils ont la possibilité de s’isoler. Que ce soit pour appeler un proche ou faire une réunion, la confidentialité, l’intimité et la sérénité jouent un rôle important sur la santé psychologique.
Et puis, vous connaissez l’adage « sain de corps et d’esprit ». Une bonne santé mentale passe, aussi, par une bonne santé physique. Pourquoi ne pas envisager de proposer une offre de restauration saine et équilibrée, via le restaurant d’entreprise ou en partenariat avec des entreprises de livraisons spécialisées ? Autre possibilité : favoriser l’exercice physique dans les locaux grâce à des bureaux-debout, voire des « walking meetings », ces réunions réalisées en marchant plutôt qu’assis autour d’une table, qui boostent l’imagination2 en plus de dégourdir les gambettes.
Créer du lien, favoriser les échanges, briser les tabous autour de la santé mentale
Parler de santé mentale en entreprise, c’est encore un sujet délicat. Peur d’être stigmatisé, de ne pas être pris au sérieux, voire de nuire à sa carrière : côté collaborateurs, les freins sont nombreux. Pourtant, la parole est l’une des premières formes de prévention. Et pour qu’elle circule librement, il faut créer un climat de sécurité psychologique et multiplier les espaces d’échange.
Ici aussi, vous, professionnels des RH, pouvez jouer un rôle essentiel. Premier impératif : sensibiliser, encore et encore. Comment ? En organisant des ateliers de sensibilisation sur la gestion du stress, la charge mentale, l’hyperconnexion ou en organisant des conférences avec des experts de la santé mentale. Mais la sensibilisation à elle seule ne suffit pas. Elle doit être suivie d’actions concrètes. À l’image des référents harcèlement ou handicap, des ambassadeurs santé mentale peuvent être désignés et formés. Leur rôle est de relayer les dispositifs existants, de faire de la prévention, d’orienter les salariés concernés vers les bons interlocuteurs et de repérer les signaux faibles.
Parfois, prendre soin de la santé mentale des autres commence par un geste aussi simple que de dire bonjour. Pas un « bonjour » automatique, lancé sans lever les yeux. Un « bonjour » sincère, accompagné d’un regard et d’une attention réelle portée à l’autre.
Créer du lien, c’est aussi sortir des cadres purement professionnels. Instaurer des temps d’échange et de partage permet aux équipes de respirer collectivement et de se reconnecter autrement. Cela peut passer par des café-discussions réguliers, des déjeuners d’équipe informels, des temps de team building ou encore des afterworks pensés non pas comme une obligation sociale, mais comme une bulle de décompression. D’autres initiatives, plus silencieuses mais tout aussi précieuses, peuvent voir le jour : une boîte anonyme pour recueillir impressions, ressentis ou propositions d’amélioration, ou encore un mur de gratitude sur lequel chacun peut inscrire un mot, un dessin ou une attention. Des gestes simples, mais puissants, pour remettre un peu d’humain dans le quotidien professionnel.
Préserver la santé mentale des salariés ne passe pas forcément par des plans d’action monumentaux, ce n’est pas non plus toujours signe de dépenses colossales. Ce sont souvent les gestes simples, les attentions du quotidien, les ajustements discrets mais visibles qui créent les conditions d’un bien-être durable au travail. Démocratiser le repos et la déconnexion, aménager des espaces agréables et ressourçants, désigner des ambassadeurs santé mentale, organiser des ateliers et des conférences… Des solutions existent, d’autres sont encore à inventer, mais c’est vous qui avez les cartes en main pour faire bouger les lignes.
- D’après un sondage Odoxa / Mutualité française réalisé en septembre 2024. ↩︎
- Une étude de l’Université de Stanford, réalisée en 2014, a démontré que la marche à pied permettait de décupler la créativité. En testant 176 étudiants à travers une série d’expériences (certains marchant quelques minutes, d’autres restant assis) les chercheurs ont constaté que ceux qui s’étaient déplacés généraient en moyenne 60 % d’idées créatives de plus que ceux restés assis. ↩︎
Crédit photo : image générée par l’IA