tribunes

Félicité, Bonheur au travail, Performance éternelle : le temps des RH-marabouts ?

le 23 octobre 2017
Petite annonce professeur du bonheur

Si vous voulez agacer Thomas, parlez-lui des différences générationnelles en entreprise, mais bloquez-vous une plage conséquente dans votre agenda. Si vous voulez agacer Séverine, tentez de lui expliquer que l’administration du personnel et la RH c’est la même chose, mais prenez une chaise pour être plus confortable. Si vous voulez nous agacer tous les deux en même temps, parlez-nous du Bonheur au travail !

Bon. Le voilà… le sujet qui fâche. Le Bonheur au Travail.

Enfin « qui fâche », non. Il ne fâche pas tout le monde, soyons honnêtes. Ils commencent à être nombreux les DRH et chefs d’entreprise qui, pétris de bonnes intentions,  se laissent séduire par l’idée de rendre heureux leurs salariés. La promesse du « rendez le sourire à vos collaborateurs » est difficilement critiquable. Et ce n’est pas notre propos ici d’en faire la critique. Notre intention est de défendre l’idée suivante : pour rendre le sourire aux collaborateurs, il ne suffit pas de s’assurer que le restaurant d’entreprise est agréable ou que la salle de réunion est aménagée comme leur salon.

Vous voulez rendre le sourire à vos collaborateurs à la machine à café ? Bonne idée ! Assurez-vous alors qu’ils aient les moyens de situer leur contribution sur la roadmap du projet d’entreprise, qu’ils aient la marge de manœuvre et d’initiative permettant de satisfaire leurs clients (qu’ils soient internes ou finaux), ou encore réunissez les conditions pour qu’ils se sentent acteurs de leur carrière. Mais par pitié, si vous n’avez pas entrepris ces démarches et d’autres, arrêtez de penser/croire/vouloir convaincre qu’en leur permettant de travailler dans une salle de réunion qui se veut la réplique exacte d’un Starbucks, ça les rendra « heureux » !

En dehors du fait qu’en faisant cela vous n’adressez pas les vrais sujets irritants pour vos salariés, quel message pensez-vous leur envoyer ? « Tu ne comprends pas la nouvelle orientation stratégique ni le rapport avec ton poste ? Mais regarde, on a lancé un service de conciergerie ! »… Penser que couvrir son bureau de confettis le jour de son anniversaire aura plus d’impact sur lui que lui expliquer les orientations de l’entreprise, ce n’est pas se préoccuper du bonheur du salarié, c’est le prendre pour un idiot, et ça, ça ne rend certainement pas le sourire à la machine à café !

Le bonheur : juste une mise au point

Rappelons ici quelques principes de base d’une notion utilisée à tort et à travers :

  • Le bonheur est un état personnel et in-di-vi-duel.

Ce qui pose la question : comment dans ce temps du tout collaboratif que nous vivons, l’apologie d’une notion si individuelle peut-elle avoir un tel succès en entreprise ?

  • Le bonheur n’est pas le bien-être.

Cela va au-delà. Le bonheur est un acte de conscience. Quand l’entreprise prétend vouloir développer le bonheur de ses salariés, elle joue donc avec nos consciences. Les CHO sont alors des GO manipulateurs, les Messmer de l’entreprise.

  • Le bonheur n’est pas permanent ou continu.

Il se vit par bribes. Les moments de bonheur sont des parenthèses. Comme le beau temps en Bretagne, où il fait beau plusieurs fois par jour. Si le bonheur générait l’efficacité de l’entreprise, la performance de cette dernière serait intermittente, comme  le bonheur. Comme disait le poète et lexicographe Pierre-Claude-Victor Boiste, « Le bonheur et le papillon s’envolent au moment où l’on croit les saisir. »

  • Le bonheur a un frère siamois : le malheur.

Bonheur et malheur sont en effet indissociables. Le bonheur n’a de valeur que parce qu’il est éphémère et qu’il fait place à des moments moins heureux, d’adversité ou de malheur. Bonheur et malheur sont les deux faces de la même pièce : la vie. L’entreprise, si elle veut du bonheur des salariés devrait en toute logique aussi générer des moments de malheur. Où sont les Chief Misfortune Officers ?

« Il n’est point de bonheur si légitime qui ne puisse devenir une occasion d’infortunes », disait le philosophe Simon de Bignicourt

  • Le bonheur obligatoire génère le malheur potentiel.

Le bonheur à grand coup de concepts bidon génère un discours normatif. On a même lu que « RH voulait dire Rendre Heureux ». Alors « chers amis salariés, pour être heureux travaillez ! Le travail c’est la vie. Soyez engagés et en marche continue. Mettez-vous en zone d’inconfort professionnel, vous verrez c’est le kiff ! ». Comme pour l’entreprise libérée, il y a un effet délétère à ce caractère imposé du bonheur par le travail. Non, le bonheur n’est pas universel en entreprise. Il ne fait pas la vie. La glande, la paresse et tout le reste… ça peut aussi être le bonheur, non ?

Strip "you d'ont have to be happy"
« Copyright Comics » de Nina Paley

Bonheur et performance : un couple fantasmé

Certes, des études nombreuses existent sur le sujet des impacts sur la performance de la QVT et de l’épanouissement au travail. Selon l’étude de Wright* (2010), par exemple, 25 % des variations de performance entre employés seraient dus au bien-être. Bryson, Forth et Stokes* (2015) concluent quant à eux qu’il existe une relation significative entre la satisfaction au travail et la performance individuelle (*Rapport la Fabrique de l’industrie, Terra Nova et le réseau Anact-Aract).  Mais il n’y a pas, à notre connaissance,  d’étude qui démontre la causalité ou même la corrélation entre bonheur au travail des salariés et performance de l’entreprise. Au final pas très surprenant quand on reprend la liste des points ci-dessus.

Là où l’on est d’accord avec quelques approches du « bonheurisme », c’est que la performance d’une entreprise procède d’un management qui ne requiert pas seulement la raison ou la logique économique mais aussi l’émotion. La tête et le cœur, le tour de main et les tripes !

À l’heure où l’expérience collaborateur intéresse à juste titre de plus en plus les entreprises, force est de constater que certains limitent la démarche à une sorte d’optimisation des conditions tangibles de travail des collaborateurs, une « QVT light ». Grave erreur !

Pour prendre tout son sens et servir au mieux les intérêts de l’entreprise, l’expérience collaborateur implique de prendre en compte les perceptions des salariés, notamment au sujet des services RH délivrés.

Les professionnels RH doivent donc adopter au moins une partie de l’arsenal marketing jusqu’ici réservé à l’expérience client. La symétrie des attentions ne doit pas se restreindre aux seules intentions mais se décliner aussi sur les méthodes, les outils, les expertises utilisés dans le champ de l’excellence de service au client. À quand une DRH qui se dénommerait « Direction de l’excellence du service collaborateur ».

Faites des promesses que vous pouvez tenir

L’axe de travail sur le bien-être (et non le bonheur) des salariés en entreprise existe déjà. Il existe même depuis un moment : c’est la Qualité de Vie au Travail. Et c’est un sujet RH par excellence que la fonction doit investir dans son ensemble. Alors oui, « Chief QVT Officer », ça sonne moins bien  que « Chief Happiness Officer », mais c’est pourtant le bon titre pour la finalité recherchée : faire en sorte que le collaborateur travaille dans de bonnes conditions (physiques, matérielles, organisationnelles) et se sente bien dans son poste/entreprise.

Tableau de petites annonces

Copyright Thomas Chardin

Le bien-être en entreprise ne peut être effectif que dans un climat :

  • De considération mutuelle et de relation saine ;
  • De reconnaissance et de rétribution juste ;
  • De responsabilité, d’autonomie et de confiance ;
  • D’exigence professionnelle et d’exemplarité du management ;
  • De direction partagée et de sens.

Ça fait beaucoup, c’est vrai. Cela ne se limite pas à une corbeille de fruits bio ou à la visite d’un masseur une fois par mois dans les locaux de l’entreprise.

Il y a donc bien un sujet « bien-être » au travail, qui prend en compte les aspects QVT mais aussi les ressentis du collaborateur qui contribuent à l’expérience qu’il vit en interne. Parler de « bien-être » au lieu de « bonheur » ce n’est pas jouer sur les mots, c’est être honnête avec le salarié en ne lui promettant pas l’impossible, de toute façon hors de portée de l’entreprise.

« Mettre le bonheur où il faut, c’est la source de tout bien.

La source de tout mal est de le mettre où il ne faut pas. » Bossuet.

Crédit illustration : Séverine Loureiro


SOMMIER Patricia2020-12-04 19:34:28
J'ai lu cet article avec intérêt. Mais je revendique le terme de bonheur au travail. Pourquoi ? Quelle est la définition du bonheur ? Un état de pleine satisfaction, stable et durable. Quelle est la définition du bien-être ? Sensation agréable procurée par la satisfaction de besoins physiques, l’absence de soucis. On voit donc déjà qu’il y a une différence de degré entre les deux. Le bonheur a plus de profondeur, de stabilité, et c’est de cet état là dont je veux parler. Le bonheur bien-sûr englobe le bien-être. Il n’y a pas d’obligation à être heureux au travail. Mais avouons quand même que c’est mieux que de ne pas se sentir heureux ! D’autant plus que la plupart d'entre nous passons une grande partie de notre vie au travail ! Il s’agit certes d’une notion individuelle. Mais on parle aussi de bonheur collectif. Et en tout état de cause, il peut être induit par la personne elle-même, mais aussi par son environnement et les événements extérieurs. Donc l’entreprise et sa façon de manager peuvent faire la différence. D’autre part, pourquoi dire que le bonheur implique son pendant, le malheur ? Si c’est le cas, pourquoi ne pas dire également que le bien-être induit son pendant, le mal-être ? Or le bonheur ne se réduit pas aux événements que l’on traverse. Cela serait très restrictif. Certes, pour beaucoup de gens, il en est ainsi. Parce qu’ils ne savent pas gérer leurs émotions – ni la réalité. Mais le bonheur est lié à notre façon de percevoir les événements. Et là, cela change tout. On n’est plus ballotté par les événements, qui d’ordinaire nous faire monter ou descendre comme un yoyo. On est capable de se détacher des situations, de les évaluer objectivement. Certaines personnes voient les problèmes comme une opportunité, d’autres comme des obstacles qui se mettent en travers de leur chemin et de leurs désirs et les frustrent… On voit donc comment notre perception des événements influe sur ce qu’on ressent – et influe donc sur notre propension au bonheur. Cela vaut pour les événements ponctuels qui se présentent à nous. Mais si l’ambiance au travail est négative, malsaine, dévalorisante, stressante, anxiogène, nous ne pourrons pas être heureux – et donc nous ne donnerons pas le meilleur de nous-mêmes. L’objectif est donc de créer les conditions pour que les salariés puissent s’épanouir et se sentir heureux dans leur travail – ce qui d’après toutes les études menées en la matière, a des conséquences bénéfiques sur la motivation, la créativité, la productivité – et donc sur l’entreprise. Maintenant, le bonheur au travail, ce n’est de pas donner des «gadgets» aux salariés ! Pas du tout. Les «gadgets» peuvent bien sûr venir en sus. Mais ils ne peuvent en aucun cas suffire à donner du bonheur au travail ! Donner du bonheur au travail, c’est adopter certaines attitudes vis-à-vis de ses collaborateurs, c’est mettre en œuvre des valeurs profondes. Ce sont les 5 leviers dont je parle dans la vidéo. Quant au bonheur au travail et à ses effets, il a été étudié par d’éminents chercheurs de par le monde. Les études de Harvard et du MIT parlent de bonheur au travail, quand elles ont mesuré que des salariés HEUREUX au travail augmentaient leur productivité de 31% et leurs ventes de 37% ! Dans leur livre « Le management bienveillant », le docteur Philippe Rodet (qui a la double casquette de médecin ugentiste et consultant) et Yves Desjacques (DRH d’un grand groupe) parlent de bonheur au travail : «Le bonheur et l’épanouissement de la personne humaine restent une dimension importante de la finalité du travail, et il faut y parvenir même si cela n’exclut pas une forme de labeur et de peine». Certes, la définition de l'objectif de l’entreprise jusqu’à présent était l’accroissement des richesses des actionnaires ou des propriétaires de l’entreprise. Mais rien n’est immuable, et les choses sont en train de changer. C’est ce qu’on appelle l’évolution ! On est déjà passé des ouvriers corvéables à merci dans les siècles passés aux salariés qui ont des droits dans l’entreprise. Maintenant, des entreprises notamment aux Etats-Unis ont inclus les termes de responsabilité sociétale et d’épanouissement des salariés dans la définition de la mission de l’entreprise. Parce que des milliers d’études ont montré qu’instiller le bonheur au travail était synonyme non seulement de bien-être pour les salariés (et de protection contre les risques psycho-sociaux qui n’ont fait que s’amplifier ces dernières années), mais également de performance et de résultats accrus pour l’entreprise. Et ce bonheur en entreprise est tributaire des comportements managériaux. En agissant sur ces comportements, on rend les salariés heureux – ou plus heureux. Cela ne veut pas dire qu’on va être heureux tout le temps, béatement ; mais qu’on va être heureux la plupart du temps, et qu’on sera à même de récupérer son équilibre plus rapidement face aux coups du sort. Pour le Professeur Csikszentmihalyi, le bonheur se définit par «l’expérience optimale», qui correspond à «l’état dans lequel les gens sont quand ils sont profondément engagés dans une activité pour le plaisir». Or on peut prendre beaucoup de plaisir dans son travail, être enthousiasmé par lui, d’autant plus s’il a du sens. «Les effets ? Meilleure performance, créativité, développement des capacités, estime de soi et réduction du stress ». Des effets bénéfiques pour le salarié – et bénéfiques pour les résultats de l’entreprise ! D’ailleurs, dans votre Tribune RH, un article est paru sur le sujet, écrit par Aurelya BILARD, qui va dans ce sens : «Le bonheur au travail. Le sujet fait partie des thématiques RH les plus en vogue du moment. Mais que recouvre cette notion ? Travail et bonheur sont-ils objectivement compatibles ? Alors que l’Université du Bonheur au Travail (UBAT) ouvre ses portes à Paris, Parlons RH s’est entretenu avec Gilberte Caron, copilote de l’événement. Membre du think tank «La Fabrique Spinoza», leader sur la réflexion du bonheur citoyen, elle explique pourquoi le concept n’est ni une mode ni une fantaisie. Mais une discipline qui s’enseigne au même titre que les mathématiques ou la physique».
Théo2017-11-28 10:34:06
La recherche du bonheur, est-ce donc ce nouvel objectif à tendre afin de se comprendre et de répondre positivement avec un "humanisme" certain aux injonctions du formalisme social et de la rentabilité économique ? Les limites du bonheur sont vites atteintes ; -> parce nous sommes des être relationnels qui aspirent à aimer et à être aimés - selon notre conception des relations et les tensions ressenties d'amour ou de haine ; -> parce que nous sommes des êtres passionnés qui traversent la vie avec une énergie irrésistible - que nous transmettons aux autres ou prenons avec violence ou bonté ; -> parce que nous sommes des êtres relationnels qui tiront des conclusions au sujet des autres et de nous même, de conclusions qui guident notre vie ; -> parce que finalement nous sommes des êtres tellement uniques qu'égoïstes, déterminés à trouver les moyens de survivre dans un monde de luttes ou l'affirmation de soi se réalise au dépend de celle des autres ; c'est cela que nous appelons la concession. Sans amour, compréhension de l'amour, transmission de l'amour, l'humain ne représente que la vanité de l'existence, tragique parce que mue sans une réelle intelligence, sans l'être qui est le fondement du soi. L'intelligence ; "De considération mutuelle et de relation saine ; De reconnaissance et de rétribution juste ; De responsabilité, d’autonomie et de confiance ; D’exigence professionnelle et d’exemplarité du management ; De direction partagée et de sens." Cette intelligence, appartient-elle réellement uniquement à celui qui dirige, à une seule personne ? Ou bien est-ce la représentation inconsciente de tous ceux qui l'ont pris à coeur, partagent cet objectif commun, parce qu'ils ont compris ? Finalement, la définition du bonheur se relative-t'elle à la vision du monde, de soi-même et des limites du dirigeant ? "c’est être honnête avec le salarié en ne lui promettant pas l’impossible, de toute façon hors de portée de l’entreprise". Non ! le bonheur, le véritable bonheur n'est pas cela... « Mettre le bonheur où il faut, c’est la source de tout bien. La source de tout mal est de le mettre où il ne faut pas. » Bossuet. Oui, assurément l'erreur est bien de croire au bonheur quand il n'y en a pas... et de créer l'illusion dans un montage opportunément libératoire..abracadabra...et le bonheur fût !
pierre bertier2017-10-30 15:50:04
Merci de cet article et des commentaires. On peut débattre sur les termes : bonheur vs QVT. Mais la réalité, c'est que pour la première fois dans l'histoire, on mesure concrètement que la logique économique et collective est conditionnée par la "logique" émotionnelle et individuelle. Autrement dit dans les termes de la première, c'est une nécessité de prendre en compte la seconde. Je fais deux propositions pour aller plus loin : 1/ regarder les travaux sur la régulation émotionnelle (connue sous le nom de Tipi, entre autre) 2/ et les travaux sur la cartographie des talents (développés par Ligamen, entre autre).
Philippe Fourteau2017-10-29 16:54:05
Le bien-être en entreprise ne peut être effectif que dans un climat où président les conditions que vous citez, mais aussi : d’activités stimulantes qui permettent aux collaborateurs de se développer, d’exercer leurs talents et de renforcer leur image d’eux-mêmes ; de formations techniques et relationnelles qui leur confèrent aisance et efficacité dans leur activité ; d’opportunités de fonctionner en mode projet ; de perspectives dynamiques d’évolution professionnelle... Or la satisfaction de ces conditions est principalement du ressort du manager direct. Il est crucial que cette évidence soit comprise des responsables RH et opérationnels et les incite à être très attentifs au choix et à la formation de leurs managers, en particulier de ceux de premier niveau qui animent près de 80% des salariés de l’entreprise.
Thomas CHARDIN2017-10-29 17:11:16
Merci Philippe pour votre commentaire. Oui ! Vous avez parfaitement raison. Si j'ose la lapalissade : la qualité du management dépend des managers. On oublie un peu souvent que la fonction RH est une fonction indirecte et transitive par nature. Ce n'est pas elle qui manage les ressources humaines ce sont bien les managers. Ce sont eux qui, de fait, communiquent, forment, évaluent, motivent, sanctionnent, reconnaissent et récompensent. Les acteurs RH de l'entreprise sont les managers, la véritable courroie de transmission entre les salariés et le projet d'entreprise. Le bien-être professionnel passe par eux. "Pas que" mais beaucoup par eux. Il faut donc que la fonction RH et les professionnels qui la composent accompagnent au plus près cette ligne managériale avec les éléments structurels et techniques que vous évoquez (organisation, vision, formation, support, etc.).
Chardin Chardin2017-10-23 23:09:21
@André : merci pour ce commentaire enthousiasmant. @Olivier : merci pour ce commentaire confirmant (le propos de l'article). Puisque vous citez La Fabrique Spinoza, je me permets de signer qu'elle a lancé "l'Université du Bonheur". On en a même fait l’écho dans ces colonnes. Est-ce pour nous apprendre à être heureux en entreprise ou pour faire du bonheur le nouvel universalisme professionnel ?
Olivier HOEFFEL2017-10-23 17:27:40
Alors, de quoi parle-t-on ? Et pour moi, c'est bien le soucis. Si bonheur = bien-être subjectif d'une part et bonheur = CHO d'autre part, il est sûr qu'on ne prend pas le bon chemin, et oui, je suis d'accord avec l'analyse. MAIS, ... et c'est bien un promoteur de la Qualité de Vie au Travail depuis 2010 qui s'exprime et qui ne pense pas du tout se tirer une balle dans le pied : 1/ Le bonheur est à considérer à travers le bien-être subjectif (hédoniste : satisfaction, plaisir, plus d'émotions positives que négatives, ...) ET à travers le bien-être psychologique (eudémonique : sens, autonomie, acceptation de soi, maîtrise des situations, croissance personnelle, relationnel); donc investir le sujet du bonheur n'est surtout pas à assimiler à faire plaisir avec quelque chose qui serait à la périphérie du travail. On peut investir le sujet du bonheur aussi et surtout d'abord avec le coeur du travail 2/ Selon moi, il est hors de question de considérer que la fonction RH et les dirigeant·e·s devraient être responsables, redevables, ... du bonheur des salariés. Et je suis convaincu que le blocage sur le bonheur venant régulièrement des partenaires sociaux, des dirigeants et de la fonction RH est dû aussi au fait qu'ils considèrent que la logique voudrait, comme sur beaucoup de sujets, qu'on leur affecte une nouvelle responsabilité ... voire une obligation de résultats. Donc de mon point de vue, le bonheur mérite qu'on l'aborde de manière plus apaisée, moins "crispée" à partir du moment où l'on peut s'entendre sur un certain nombre de points tels que : - en matière de bonheur, il ne peut y avoir d'obligation, et encore moins d'une ou deux parties prenantes. Il s'agit bien de co responsabilité, dans la bonne articulation entre responsabilité individuelle et les responsabilités collectives. - si on s'intéresse aux enseignements de la psychologie positive, les déterminants du bonheur sont : génétique (50%), contexte (10%) et actions personnelles (40%). La pondération du contexte pourrait être rassurante pour les DRH et les dirigeants s'ils veulent absolument raisonner en terme de responsabilité. Pour autant, il faut bien mettre un bémol car si le contexte au travail est délétère, le contexte prend évidemment une part plus importante. C'est à rapprocher du proverbe : "L'argent ne fait pas le bonheur" ... que l'on peut compléter par "au-dessus d'un seuil plancher qui permet de vivre décemment avec sa famille". - le bonheur de l'individu part de lui-même. Il en est l'acteur vedette. Il ne peut pas être un consommateur de ses conditions de travail dans l'attente que l'organisation, le·a dirigeant·e, la fonction RH, la management lui offre le bonheur sur un plateau Donc ma conclusion : Si le bonheur ne doit pas être considéré comme un objectif quantifiable, redevable ou une obligation pour l'organisation, EN REVANCHE, l'organisation, collectivement a un rôle pour concevoir le travail, la vie au travail, les relations au travail de telle façon qu'il puisse permettre au bonheur individuel et collectif de se développer. D'autres pays n'ont pas peur du mot bonheur. En France, il y a une grande frilosité et un réflexe défensif, d'autant plus facile que certaines façons d'aborder le bonheur au travail se limitent à la périphérie du travail et prêtent assez facilement à la caricature. Le bonheur ne devrait pas être question de promesse, mais de direction, de sens, d'essence. Merci à La Fabrique Spinoza d'oeuvrer pour faire du bonheur un vrai sujet de société, y compris au travail.
Perret André2017-10-23 15:08:19
Bravo... c'est ce qu'il faut dire et rappeler en toutes circonstances. "Occupez vous de mon bien être, moi je m'occupe de mon bonheur ! "N'en déplaise à Madame Vanhée ou à la bande à Spinoza. Cet article devrait être envoyé à tous les DRH de France et de Navarre... et aux CHO, aussi !

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