agenda RH

#rmsconf, un combat en faveur des idées RH

le 12 octobre 2018
Edition 2018 de la #rmsconf

C’est au CENTQUATRE, une adresse incontournable de la vie culturelle et artistique parisienne,  que #rmstouch a donné rendez-vous cette année aux professionnels des ressources humaines pour une nouvelle édition de #rmsconf. Dans ce lieu atypique dédié à la créativité, les esprits étaient en ébullition autour d’un thème qui n’a laissé personne indifférent : « Travail ou Emploi, qui l’emportera ? »

 

Demain sonne le glas du salariat ?

Au-delà des initiations à la boxe menées par un coach professionnel au cours de l’événement, #rmsconf 2018 a bien été le théâtre de batailles d’idées, d’interrogations, de remises en question et de partages de bonnes pratiques. Qui pour arbitrer ces duels menés aussi bien dans les espaces de networking, workshop, case studies, case camps que dans le lounge ?

Pour ouvrir le bal, c’est le philosophe Marc Halévy qui est monté sur l’incroyable scène de l’espace Inspiration qui avait pris pour l’occasion des allures de TEDx ou encore de grande-messe à la sauce Apple. « Le physicien des systèmes complexes et prospectiviste » est alors revenu sur les grands basculements qui attendent le monde du travail. Pour lui, « demain » sonne le glas du salariat.

En aparté, il confie à Parlons RH : « Aujourd’hui, 47% des gens qui travaillent en Union Européenne, n’ont pas de contrat d’emploi et sont des néo-artisans, des freelances, des associés, des professions libérales, etc. Le salariat, vers 2035, ne concernera plus que […] 15 % de la population travailleuse. » « Demain, chacun devrait exercer son propre métier de manière totalement autonome comme le préconisait déjà, il y a deux cents ans, Pierre-Joseph Proudhon qui considérait, à juste titre, le salariat comme le forme moderne de l’esclavage et qui préconisait la création d’associations, de coopératives, de mutuelles en vue de réaliser un projet économique collaboratif loin des financiarismes et de ses spéculations. »

Mais « demain », c’est quand ? Pour Marc Halévy, « c’est dès après la prochaine et définitive crise financière mondiale aux côtés de laquelle la crise des subprimes de 2007-2008 fera figure de roupie de sansonnet », soit « dans deux à cinq ans » à peine. Mais alors, travail ou emploi, lequel l’emportera ? « Je n’utilise aucun de ces deux mots et leur préfère la notion d’activité ou, mieux, celle de métier. On fait un travail, on possède un emploi, on occupe un poste, etc., mais on exerce un métier c’est-à-dire un ensemble cohérent, structuré et évolutif de savoir-faire, de talents, de compétences. » Le ton est donné !

 

 

Technoprophètes, fans des électrons libres et moi et moi et moi ?

Tout au long de la journée, des experts de haut vol se sont ainsi succédé dans les différents espaces de #rmsconf. Bernard Anselem médecin spécialiste en imagerie médicale et titulaire d’un master de recherche en neuropsychologie, Frédéric Mischler, facilitateur en transformations et innovations RH, Isabelle Rey-Millet, spécialiste du conseil en management, Denis Pennel, directeur de la World Employment Confédération ou encore Vincent Berthelot, expert en marketing RH et expérience salarié.

C’est dans une ambiance conviviale et festive qu’ils ont décrypté le phénomène des freelances, l’impact du jeu sur les talents, le travail 100 % à distance, le neuromanagement, l’intelligence artificielle dans le recrutement, le bonheur au travail et même le revenu universel. Au détour des conférences, nous avons demandé à Benjamin Chaminade, expert en innovation managériale et en management intergénérationnel, quel était l’avenir du travail et quel travail nous réserve l’avenir. Et sa réponse a été limpide : « Je n’en sais rien. »

 

 

« L’avenir du travail ou le futur de l’avenir du travail de demain comme je l’appelle, on ne peut pas le savoir puisqu’on ne sait pas aujourd’hui quelles sont les pratiques qui vont rester dans l’avenir. Quelle que soit la pratique jugée innovante, le sera-t-elle demain ? Exemple : les vacances illimitées. Révolutionnaire il y a deux ans dans la Silicon Valley, le concept s’est retourné contre ces entreprises. Il y règne une telle pression que les gens ne prennent pas leurs congés. » Et de poursuivre non sans marquer une certaine défiance à l’égard des « technoprophètes anxieux qui font très peur » et des « fans des électrons libres ».

 

La culture d’entreprise au cœur des enjeux du futur

Les premiers assurent que nous bénéficierons tous de « la rémunération universelle pendant que les robots feront notre boulot », quand les seconds « sont persuadés que l’avenir se fera avec des freelances ». « Je ne pense pas que ce sera le cas », lâche-t-il. Pour lui, si revenu universel il y a, ce ne sera définitivement « pas pour tout le monde, en tout cas, pas à une grande échelle ». Et du côté des freelances, il rappelle simplement que leur part dans la population active est passée de 16,3 % à 10,3 % entre 1980 et 2015. David Beaurepaire de Hello Work, qui s’intéresse à l’emploi sous toutes ses formes, rappelle lui aussi que plus de 80 % des contrats en France sont encore des CDI. Demain, tous freelances ? Pas si sûr finalement.

« Mon approche est plutôt de dire que l’avenir de votre environnement de travail et de votre façon de travailler dépend surtout de la culture d’entreprise », explique Benjamin Chaminade. Si vous n’avez jamais entendu parlé sur votre lieu de travail de BYOD (Bring your own device), de ATAWAD (Any time, any where, any device), d’onboarding ou si vous ne pouvez pas organiser votre manière de travailler à la mode entreprise libérée, alors, vous n’aurez clairement pas le même avenir qu’un collaborateur d’une autre entreprise où ces thématiques ont déjà été abordées. « Parler de l’avenir du travail comme si c’était une globalité ne veut rien dire puisque chaque collaborateur est limité par sa boîte et la capacité de celle-ci d’appréhender ces changements », souligne Benjamin Chaminade.

 

#rmsconf en mode case studies : d’Accenture à Chimex-L’Oréal

Chez Accenture, l’ambition d’entrer de plain-pied dans « le futur de l’avenir du travail de demain » est clairement affichée. La preuve est apportée notamment en matière de recrutement. Florence Réal, directrice du recrutement, nous explique comment depuis six mois les neurosciences prennent leur quartier dans son département. En effet, quelque 1 200 candidats ont testé la solution Goshaba, un test aux allures de jeu pour mobile. « Il s’agit d’une succession d’étapes gamifiées durant lesquelles nous demandons au candidat de faire des choix, dans la rapidité ou pas. Par exemple, lui faire mémoriser un certain nombre de choses et on va aller de plus en plus vite pour voir jusqu’où il peut aller. Les sciences cognitives nous permettent d’interpréter ses résultats. »

 

 

Que l’on se rassure, la machine qui remplace le recruteur, c’est encore de la science fiction. Goshaba est utilisé en parallèle des étapes classiques d’un processus de recrutement. Mais il permet déjà « de confirmer ou d’infirmer un certain nombre de choses et les résultats obtenus sont très facilement lisibles », précise Florence Réal. A l’heure actuelle, Accenture compile les données. Le but est, à terme, d’obtenir une version optimisée du jeu, ce qui devrait être effective d’ici fin d’année 2018. Il sera alors un outil d’aide à la décision en permettant de déterminer si le processus de recrutement d’un candidat doit se poursuivre ou non.

L’avenir du travail ne se joue pas uniquement sur la techno, mais aussi sur les innovations en matière de pratiques managériales, de formation, etc. Chimex, une filiale du groupe L’Oréal, mise par exemple sur le développement des compétences en plongeant ses salariés dans un nouvel environnement comme une association ou encore une start-up de l’économie sociale et solidaire.

 

« Ils vont pouvoir y apprendre de nouvelles méthodes de travail, des méthodes agiles, des modes de management très responsabilisants et délégatifs, etc. », nous explique Clément Pech, RRH de l’organisation. Il ajoute que les collaborateurs peuvent aussi « développer leur créativité dans des structures qui ont souvent des ressources plus limitées [que Chimex, ndlr], s’enrichir de toute cette expérience et la réinvestir sur leur job traditionnel en entreprise. On l’a conçu comme une offre de développement complémentaire d’une offre de formation classique. »

Et de citer le cas de « Jean-Jacques, responsable de laboratoire en biotechnologie, qui travaille depuis trente ans pour Chimex, et qui a réalisé une mission de six mois dans une startup sociale, Spiris. Celle-ci développe des procédés de micro algues, sources de protéines végétales. […] Un jour par semaine pendant six mois il a fait bénéficier la startup de son expertise ».

 

Les espaces de travail de demain : un vrai débat

Cet exemple illustre bien le fait que in fine, emploi ou travail, peu importe. Ce qui va ou qui doit réellement changer dans l’avenir, ce sont nos espaces de travail. Entre l’open collaboration et la montée du télétravail, on se rend bien compte que la mobilité fait partie des éléments qui participent grandement à rebattre les cartes du monde du travail. Et c’est confortablement assis à l’espace lounge que nous avons discuté de cette problématique avec Elisabeth Pélegrin-Genel, architecte DPLG, urbaniste, psychologue du travail et consultante depuis plus de trente ans.

« On va faire des immeubles très bien pensés, mais si les gens arrivent exténués au boulot et qu’ils repartent avec 1h30 de route ou de transport en commun, c’est un non sens : on ne peut pas être productif si on est crevé », lâche d’entrée de jeu la spécialiste. Et elle poursuit : « Si on suppose que dans cinq ans le télétravail deviendra banal  – ne serait-ce que pour des enjeux purement climatiques parce que pour faire baisser les gaz à effet de serre, il suffit que chacun se déplace un peu moins et on a les outils pour -, quand le collaborateur viendra dans une entreprise ce sera pour tout autre chose. Ce ne sera plus une histoire d’avoir des postes de travail ergonomiques ou silencieux. Ce sera comment avoir des lieux de vie et d’échanges ? Un peu à l’image de cette journée #rmsconf, en mode forum. Parce qu’on a besoin d’échanger avec les autres, savoir ce qu’ils font, les faire intervenir sur tel ou tel projet, etc. »

 

 

Et on en revient à ce que nous confiait Benjamin Chaminade un peu plus tôt dans cet article au sujet de la culture d’entreprise. En effet, Elisabeth Pélegrin-Genel précise que la mise en place du télétravail repose sur la confiance. Malheureusement, “la confiance, c’est ce qui est le moins bien présent dans l’entreprise. Il y a davantage de confiance dans la vie quotidienne. En entreprise, la confiance, il faut la gagner tout le temps. Pourquoi y a-t-il tant de réticence sur le télétravail ? C’est la peur que les gens aillent tricoter au lieu de réaliser leurs missions. Il faut continuellement donner des signes de travail… Alors même que si votre collaborateur tricote ou lance une lessive, en quoi cela est-il forcément contre-productif ? Pendant ce temps-là, il réfléchit, est créatif.”

Et en parlant de créativité, #rmsconf a été l’occasion de saluer l’inventivité de jeunes pousses, à l’instar de LAOU.fr qui remporte le Challenge Start Up #rmsconf – prix du public. La plateforme ambitionne d’aider les candidats (profils tech) à trouver un emploi dans la ville de leur choix. “LAOU t’accompagne là où tu veux vivre”, voilà le crédo de cette start-up innovante. On vous le disait, la mobilité s’inscrit réellement comme un enjeu de demain ! D’après une enquête menée par Hello Work sur la mobilité professionnelle, l’Auvergne-Rhône-Alpes apparaît comme le territoire qui attire le plus de candidats d’autres régions.

 



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