Le temps, c’est du taf !

Travailler plus pour gagner moins… de temps ? Les aiguilles de nos montres RH s’emballent : on plébiscite la semaine de quatre jours, les congés payés illimités, la carrière qui finit quand la vie commence vraiment, tout en rêvant d’un filet de sécurité entre deux contrats. Bref : la France cherche l’heure juste sans remettre le réveil à zéro.
Sommaire
D’abord, le tempo hebdo
Quatre jours pour délivrer cinq jours de valeur. Le modèle 100-80-100 (100 % salaire, 80 % temps, 100 % productivité) titille les managers et dynamite la notion même de « plein temps ». Travailler moins de jours, est-ce encore travailler « moins » quand la création de valeur se mesure en neurones plutôt qu’en minutes ?
Zoom arrière
Sur douze mois, certaines entreprises proposent un « open-bar » de vacances. L’illimité payé, c’est chic sur la plaquette, mais gare au syndrome du sirop à volonté : plus on peut se servir, moins on ose se resservir. Liberté affichée, culpabilité intégrée ; le droit à l’absence suppose d’être d’abord indispensable.
Le non travaillé, c’est du travail
Depuis le 1er janvier 2025, les allocataires du RSA doivent effectuer 15 heures d’activité hebdomadaire, visant à leur reprise d’emploi.
Depuis le 1ᵉʳ juin 2025, le non travail peut coûter cher : allocations chômage ou RSA suspendus jusqu’à 100 % dès le premier manquement. L’inactivité devient conditionnelle, sous contrôle renforcé : c’est le « temps mort » passé à la VAR.
La partition d’une vie entière
La réforme de 2023 qui faisait suite à la précédente a repoussé l’âge légal à 64 ans ; en 2025, voilà la suspension… de la suspension ! Concertations, contre-concertations : chacun joue sa mesure, personne ne tient la cadence. Le résultat ? Des carrières en apnée qui ne savent plus quand reprendre leur souffle.
A la recherche du temps gagné
À force d’empiler des réponses ponctuelles, on oublie la question clé : quel est le bon « quantum » de travail pour produire, inclure et durer ? Le temps se réduit, s’allonge, se module — mais se discute trop peu.
Alors prenons-le, ce temps. Travaillons notre temps de travail comme un luthier règle sa corde : à l’oreille, par itérations, en dialogue. Refondons nos cadrans — hebdo, annuel, vital — pour qu’ils battent au rythme de la vie, pas l’inverse.
Car, au fond, le temps de travail n’est ni fixe ni fatal : c’est un chantier. Et, comme tout chantier… ça se travaille. N’attendons pas du code éponyme qu’il nous propose des réponses. Elles seraient à contre-temps.
Crédit photo : image générée par IA et retouchée