IA vs IE : fin de match, place au “perfect match”
Pourquoi opposer Intelligence Artificielle (IA) et Intelligence Émotionnelle (IE) ? L’une et l’autre ne s’excluent pas, bien au contraire. Entreprises et DRH doivent les développer de concert. Il serait temps de croire au “perfect match”: pas d’IE sans IA, et encore moins d’IA sans IE.
Avez-vous déjà échangé avec un robot ? Moi oui. Pas plus tard que la semaine dernière. Certes, l’expérience est bluffante mais pour autant est-elle géniale ? Et surtout : est-elle toujours pertinente ? La question se pose. Notamment pour les professionnels RH qui, me semble-t-il, ne se sont toujours pas appropriés l’IA.
Pour aller plus loin : l’IA se suffit-elle à elle-même ? De mon point de vue, et sans hésitation, la réponse est non. Non. Triplement non !
S’il y a une chose dont je suis certain, c’est qu’aucune entreprise 100% techno ne peut survivre dans le monde contemporain. Elle réussira uniquement en identifiant et en développant en même temps ce qui la rend unique, son supplément d’âme, cette petite flamme : son capital émotionnel.
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Nous vivons dans une économie digitalisée, IA-isée, tertiarisée
Que dire de l’économie aujourd’hui, sinon qu’elle connaît une digitalisation accrue. Et une IA-isation encore timorée et balbutiante, mais en devenir. Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est un constat.
Côté RH notamment, le potentiel de l’Intelligence Artificielle est énorme, mais loin d’être encore opérationnel. Les DRH n’ont toujours pas adopté l’IA, ou alors timidement. Malgré l’arrivée en force de ChatGPT il y a deux ans, ils restent cantonnés au stade de la grande réflexion, du discours et des questions, plutôt que de l’action et de l’expérimentation.
Chez Parlons RH, on pense que la fonction RH se doit de faire écho au monde, de résonner avec son temps. A notre mesure, on y travaille. Si elle se veut transformatrice des organisations, elle doit elle-même se transformer, en passant du discours aux actes, avec courage et audace.
Pourtant il est un fait : l’Intelligence Artificielle, comme avant elle le digital il y a 20 ans, révolutionne nos manières de faire. Difficile d’y échapper.
Enfin, que dire de l’économie d’aujourd’hui, sinon qu’elle connaît de surcroît une tertiarisation croissante. Plus de 80% des actifs le sont dans le secteur tertiaire, avec de plus en plus de cols blancs, de cadres, d’ingénieurs, et de moins en moins de cols bleus, d’ouvriers. Là encore, l’IA va transformer bon nombre de métiers liés aux connaissances et aux compétences techniques.
Et l’humain dans tout ça ?
Le capital émotionnel : une valeur ajoutée unique pour l’entreprise
Dans ce contexte, l’erreur serait de continuer à opposer indéfiniment IE et IA, alors qu’elles pourraient se renforcer mutuellement. Stephen Hawking affirmait que “La montée de l’IA pourrait être la pire ou la meilleure chose qui soit jamais arrivée à l’humanité”. VRAI. Elle pourrait être la pire si on continue à séparer IA et IE. VRAI. Si, pendant que l’Intelligence Artificielle évolue, l’entreprise persiste à ne pas valoriser son capital stratégique le plus précieux : l’Humain.
Pour moi, l’IA n’est rien sans les femmes et les hommes qui font l’entreprise, qui composent son ADN, sans leur affectio societatis, leur créativité, leur esprit d’initiative, leur volonté, leur intelligence, leur faculté d’adaptation et, bien sûr, leurs émotions. C’est bien de l’humain, de son envie d’avoir envie, que dépend l’avenir de nos organisations. Cet humain que l’IA ne pourra jamais remplacer.
Et si l’Intelligence Émotionnelle complétait l’Intelligence Artificielle, comme le yin et le yang, le sel et le poivre, le téléphone et le chargeur, Bonnie and Clyde ? Aujourd’hui, l’IA avance seule. Sur une jambe. Stop ! DRH : ne laissez pas l’IE dans un coin.
Alors, comment faire pour qu’IA et IE avancent main dans la main, et regardent dans la même direction ?
Le secret : s’équiper. Au sens propre, comme au figuré. Commençons par faire en sorte qu’IA et IE fassent équipe dans le monde du travail, pour mieux le transformer. Un bon début, n’est-ce pas ? Puis inviter les professionnels RH à davantage s’outiller technologiquement. En 2024, une Direction des Ressources Humaines qui ne prend pas le virage du digital risque la sortie de route. D’après un sondage OpinionWay pour Kelio (mars 2024), 76% des professionnels RH n’utilisent pas et ne souhaitent pas utiliser les outils d’IA. Et 54% pointent un manque de confiance en la qualité du travail réalisé par l’IA.
Enfin, il est selon moi crucial d’acculturer et de former les équipes RH, et surtout les managers, à ce que sont l’IE et l’IA. L’apprentissage continu et la sensibilisation aux nouvelles opportunités qu’offre l’IA sont des pré-requis. La fonction RH en France est encore trop transactionnelle (administrative, technique, juridique, comptable), et doit absolument changer de paradigme pour justement ne pas risquer d’être remplacée. Comment ?
- D’abord, en se servant de l’IA pour ne pas en être asservie.
- Ensuite, en basculant davantage vers son vrai super-pouvoir : le relationnel.
Le R de RH ne doit pas être celui des Ressources qu’il faut gérer, optimiser, prévoir, mais celui de la Relation. Elle ne se substitue pas par un outil et ne disparaîtra pas ! Les attentions en entreprise, les interactions sociales, les moments de sincérité, d’échange et de partage, sont des temps précieux, à forte valeur ajoutée. Ils font vivre l’entreprise. Ces temps-là ne sont pas des temps morts qu’il faut optimiser et réduire comme peau de chagrin. Il faut au contraire les développer.
L’Intelligence Artificielle aura beau effectuer et prendre en charge de savants calculs, trier des données, automatiser des processus, elle reste (et doit rester !) un outil de soutien et d’amélioration des capacités humaines. Ni plus, ni moins. La fonction RH doit, elle, se repenser comme un agent de liaison, un tisseur de liens au sein des équipes, transversal, en interne comme en externe.
C’est dans ces conditions qu’IA et IE feront bon ménage, collaboreront de façon plus fructueuse, sans s’opposer, dévoileront le meilleur de leur potentiel en toute congruence, pour une évolution du monde du travail plus positive, intelligente et humaine !