Hyperconnexion : un fléau pour la santé physique et mentale des salariés
Les salariés français ayant une activité de bureau passent plus de 8 heures par jour devant un écran, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la santé des salariés. Troubles psychosociaux, troubles musculosquelettiques, sédentarité… Les risques, physiques et mentaux, sont nombreux et ne doivent pas être sous-estimés. Une infographie de l’ACMS nous éclaire sur les risques de l’hyperconnexion des salariés et livre de précieux conseils pour la combattre.
“L’hyperconnexion se définit comme une connexion excessive aux technologies de la communication et de l’information », nous informe l’ACMS, Association interprofessionnelle des Centres Médicaux et Sociaux de santé au travail de la région Île-de-France. L’apparition des smartphones et des outils numériques depuis le début du XXIe siècle a amplifié le phénomène. Si bien souvent, le terme d’hyperconnexion renvoie aux jeunes générations qui ont grandi en même temps que la technologie et semblent ne plus pouvoir se passer d’écrans, les salariés sont plus concernés qu’on ne le pense. Ces derniers sont susceptibles d’être « submergés par un afflux continu d’informations au travail à base d’e-mails, de notifications, mais aussi de messageries instantanées, d’alertes SMS, de flux venant de divers canaux, quasiment en continu ».
Hyperconnexion : les salariés et les managers en proie à l’« infobésité »
Selon l’infographie, l’hyperconnexion touche 7 Français sur 10. En effet, on passerait 56 heures par semaine devant un écran, soit environ 6h(1) de plus que notre temps de sommeil hebdomadaire. Pour les salariés, il semblerait que la généralisation du télétravail favorise l’hyperconnexion. A la maison, la frontière entre vie privée et vie professionnelle est fine, les collaborateurs ont donc tendance à travailler plus tard ou à se connecter en dehors des horaires de travail. Même son de cloche pour les e-mails professionnels sur le smartphone, qui empêchent les salariés de se déconnecter complètement.
Les managers semblent eux aussi touchés par l’hyperconnexion, selon un rapport sur l’infobésité(2). En effet, un manager enverrait environ 47 mails par jours et en recevrait une centaine, tandis qu’on compte une trentaine de mails envoyés chaque jour par les salariés. Les dirigeants, eux, explosent tous les records, avec 78 mails envoyés par jour, et plus de 300 mails à traiter quotidiennement.
Les risques de l’hyperconnexion sur la santé mentale et physique
L’hyperconnexion présente de nombreux risques pour les collaborateurs. Le travail sur écran entraîne une fatigue visuelle, des picotements et rougeurs, et parfois même une dégradation de la vision. Côté santé mentale, il « favorise les troubles psychosociaux et le stress : effacement des frontières entre vie privée et vie professionnelle, impact sur la vie privée engendrant un manque de disponibilité et de la culpabilité, mais aussi de l’anxiété par peur de manquer une information », note l’ACMS.
De plus, le travail sur écran est souvent associé à un mode de vie sédentaire comportant des risques musculosquelettiques, liés à la posture, comme des douleurs aux épaules, au poignet, au dos ou aux cervicales. Mais des troubles plus graves peuvent résulter de ce mode de vie : hypertension artérielle, surpoids, diabète, obésité, cholestérol, etc.
Lutter contre l’hyperconnexion : les solutions
Depuis 2017, le droit à la déconnexion incite les entreprises à prévoir un accord afin de limiter l’utilisation des outils numériques, et notamment l’envoi d’e-mails, en dehors des horaires de travail. Issue de la « loi Travail », cette disposition vise à garantir le droit au repos des salariés. Cependant, elle n’est pas suffisante. L’infographie de l’ACMS nous éclaire sur différentes solutions pouvant être mises en place au sein des entreprises afin de prévenir l’hyperconnexion. Parmi elles :
- Sensibiliser l’ensemble des salariés aux risques, en communiquant sur le sujet ou au travers d’ateliers, par exemple ;
- Inciter à prévoir des moments loin des écrans : ne pas déjeuner devant son ordinateur, privilégier les échanges verbaux en présentiel, ne pas regarder un écran avant de dormir, etc. ;
- Veiller à l’ergonomie des postes de travail ;
- Proposer des auto-tests pour mesurer le niveau de cyberdépendance ;
- Inciter les collaborateurs à désactiver leurs notifications de mails durant le week-end et les congés.
(1) 6h42, c’est le temps de sommeil moyen des adultes par nuit, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France, réalisé en 2019.
(2) Selon une étude menée par l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN), auprès de 9 000 salariés, en 2023.
Source : ACMS