Détresse psychologique : trois fois plus de burn-out qu’avant la pandémie
Alors que les congés d’été démarrent à peine, le baromètre réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine fait état d’un état de santé mental « très dégradé » chez les salariés. Comme le montre l’infographie qui résume l’étude, 41 % d’entre eux sont actuellement en situation de détresse psychologique.
Les congés d’été viennent de commencer, mais le dernier baromètre de la santé psychologique des salariés Français réalisé en juin 2022 par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine vient assombrir un peu le tableau estival.
34 % des salariés sont en burn-out
Selon cette étude, résumée dans une infographie, la détresse psychologique des collaborateurs « reste à un niveau élevé et inquiétant » : elle concerne 41 % d’entre eux, dont 14 % à un taux élevé. En outre, 34 % des salariés français sont en burn-out, et parmi eux 13 % sont en burn-out « sévère » (soit plus de 2,5 millions de personnes).
Selon Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine, « ce chiffre est trois fois plus important que celui d’avant la crise sanitaire, tandis que les arrêts maladie pour des motifs psychologiques risquent de continuer à augmenter dans les prochains mois, avec un coût pour l’entreprise mais également pour la société dans son ensemble. »
Détresse psychologique : Femmes, jeunes, télétravailleurs et managers sont les plus exposés
Le baromètre d’OpinionWay et Empreinte Humaine dresse le profil des populations les plus exposées aux problèmes de santé psychologique :
- Les femmes, à 46 %, pour une baisse de 1,5 points par rapport à 2021 ;
- Les moins de 29 ans, à 59 %, pour une hausse de 5 points ;
- Les télétravailleurs, à 45 %, pour une hausse de 5 points ;
- Les managers, à 43 %, pour une hausse de 10 points.
Concernant les managers, Christophe Nguyen observe que « ce métier ne fait plus envie. Il s’est complexifié et est devenu plus difficile ». L’étude nous apprend notamment que 70 % des salariés ne voudraient pas devenir managers « car cela ne leur plairait pas », et que 1 manager sur 3 regrette même de l’être devenu. Selon le président d’Empreinte Humaine, « il est urgent que les organisations s’occupent des managers et les accompagnent. Car cette désaffection pourrait poser des problèmes, à terme, d’attractivité et de rétention des talents ».
Les salariés sont de plus en plus sur le départ
L’infographie qui résume l’étude indique aussi que les intentions de quitter son entreprise sont en augmentation. Ainsi, 37 % des salariés déclarent vouloir partir de leur organisation (+7 pts). Parmi les candidats au départ, 58 % sont en situation de détresse psychologique. Parmi les salariés motivés par un changement professionnel, 57% ne le peuvent pas et sont 67% à être en détresse psychologique. « Les salariés recherchent plus de bien-être au travail. Si nous n’assistons pas à une grande démission dans un futur proche, ce sera peut-être pour un plus grand absentéisme, pour des motifs psychologiques », analyse Christophe Nguyen.
Selon le baromètre, les raisons qui « poussent au départ » sont la rémunération, la reconnaissance, l’évolution professionnelle, l’ambiance de travail et le management. A noter que l’infographie observe que les contraintes économiques et les difficultés de pouvoir d’achat sont des « facteurs de risque » pour la santé mentale des salariés. Ainsi, parmi les 7 collaborateurs sur 10 qui ne sont pas satisfaits de leur salaire « au regard du coût de la vie », 45 % sont en détresse psychologique.
Un climat du travail jugé « plus difficile » depuis la crise du Covid
L’infographie qui résume le baromètre d’OpinionWay et Empreinte Humaine indique en outre que le climat de travail est « plus difficile » depuis la crise sanitaire. 43 % des salariés affirment que leurs collègues sont « plus individualistes qu’avant ». La question de l’augmentation de la charge de travail, « parfois favorisée par le télétravail et le contexte de crise », est présente pour 59 % des collaborateurs, qui déclarent « qu’on leur demande de plus en plus ». Ils sont en enfin 39 % à déclarer qu’on leur donne des objectifs « sans donner le sens ni l’utilité ».
Les actions des entreprises jugées insuffisantes
En matière de lutte contre le burn-out et les situations de détresse mentale au travail, les actions des entreprises sont jugées « insuffisantes » par les salariés. Seuls 28 % des collaborateurs estiment que la direction de leur entreprise est « réellement impliquée dans la prévention des risques psychosociaux », et ils ne sont que 34 % à penser que leur direction « se rend compte de l’ampleur du niveau de fatigue » de leurs employés.
Finalement, 75 % d’entre eux estiment que leurs organisations devraient « faire des bilans » pour connaître l’état de bien-être de leurs équipes (questionnaires, enquêtes, sondages, etc.)
Source : Empreinte Humaine