Coaching de dirigeants surdoués, un enjeu d’efficacité pour entreprises et start-up [Partie 1]

Vous l’avez probablement remarqué, les hauts potentiels intellectuels occupent le devant de la scène. Bien plus qu’un sujet en vogue, il s’agit d’un véritable sujet de société dont les répercussions en entreprise peuvent se révéler bénéfiques sur bien des tableaux. Encore faut-il en avoir conscience. Fabrice Micheau, spécialiste de l’accompagnement des transformations des organisations, a coaché plusieurs hauts potentiels. Il explique comment il est parvenu à aider nombre de dirigeants à mieux gérer leurs capacités au sein d’un environnement professionnel.

Profils atypiques très adaptés à la gouvernance matricielle et à l’innovation

« Moi, j’ai envie de faire de la magie, et c’est bien ça qui m’intéresse, s’amuse Fabrice Micheau, l’œil perçant, un sourire en coin pour adoucir son franc-parler. Avec les dirigeants, le codir, les ressources humaines, on parvient en un temps record à démêler des situations bloquantes à forts enjeux business et humains. » Le cadre est posé. Rapidité et efficacité au service de l’entreprise et des équipes.

A 58 ans, Fabrice Micheau enchaîne toujours les missions avec le même appétit. Spécialiste de l’accompagnement des transformations sensibles et rapides des organisations, il opère depuis trente ans en entreprise (PME et Groupes) et depuis quinze ans auprès de start-up, en France et à l’international.

Spécialisé également dans le coaching de dirigeants et principalement de dirigeants Hauts Potentiels, il a un intérêt et une compréhension toute particulière de ces profils neuro-atypiques – car surdoué lui-même. Ces profils, appelés aussi Hauts Potentiels Intellectuels (HPI, QI au-dessus de 130), Très Hauts Potentiels Intellectuels (THPI, QI au-dessus de 145), zèbres ou encore atypiques, sont les fameux surdoués dont il est beaucoup question depuis trois voire quatre ans dans l’Hexagone.

Dirigeants de start-up : un concentré de hauts potentiels

Fabrice Micheau, spécialiste de l’accompagnement des transformations des organisations, coache les hauts potentiels. Copyright : DR

« Plus on monte dans la hiérarchie d’une entreprise, plus on rencontre des dirigeants hauts potentiels. Dans certains comités de direction, j’ai eu jusqu’à 60 % de surdoués, qui le savaient ou non. La majorité des adultes surdoués ne sont malheureusement pas identifiés », précise le coach. Et selon lui, on retrouve une concentration de hauts potentiels dans les fondateurs et les dirigeants de start-up, en particulier IT, cybersécurité, digitalisation, technologies de l’innovation et IA (Intelligence artificielle).

Il affirme avoir évité des dommages majeurs à certaines start-up en France et en Asie grâce à la médiation systémique, en mettant à la table des discussions patron, comité de direction, actionnaires, et en intervenant dans l’organisation. « Certains patrons surdoués sont des visionnaires, ils vont vite et parfois font peur. Ces dirigeants très haut potentiel peuvent mener loin leur entreprise mais leurs décisions peuvent aussi être indéchiffrables pour les collaborateurs. Dans des périodes de grosses levées de fonds ou d’accélération de l’activité par exemple, mon intervention s’est avérée indispensable pour éviter le mur », explique-t-il. Ce qui l’anime profondément, c’est ce sentiment d’urgence et d’aide de dernier recours. « Mais il serait préférable et plus économique d’intervenir en amont », assène-t-il.

À l’heure où les entreprises se transforment, se digitalisent, où l’innovation et la data sont en première ligne, où les organisations en mode matriciel commencent à se diffuser, les profils atypiques s’avèrent être particulièrement adaptés à ces transformations, en contributeurs ou en acteurs. Ils vont vite, ont des compétences techniques facilitées sur le numérique, la tech et l’innovation, ils sont souvent visionnaires sur la stratégie de développement pour emmener loin une idée, une innovation, une start-up, une PME ou accompagner une grande entreprise s’ils font partie du comité exécutif. Mais ces transformations prennent du temps, demandent un accompagnement spécifique des collaborateurs et la pénurie de talents annoncées pour 2030, notamment sur la tech et l’innovation – comme le rappelle le baromètre 2019 de PWC¹ sur l’opinion des dirigeants d’entreprise – devrait pousser à l’accélération des mutations.

Les profils des surdoués peuvent être un atout maître, encore faut-il leur permettre d’utiliser leur plein potentiel pour aider les organisations dans leur mutation ou leurs activités.

Les bénéfices du coaching des hauts potentiels : la preuve par trois… exemples

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Didier Fleury, dirigeant de DFY Consulting et membre de Comex, revient sur ses échanges avec l’expert. L’an dernier, alors directeur des opérations d’une boîte de 170 personnes qui venait de lever 35 millions, Didier Fleury a eu recours à Fabrice Micheau : « J’ai 40 ans d’expérience, j’ai travaillé dans beaucoup d’entreprises et j’ai acquis une vision assez globale de ce que peut être du coaching et du coaching efficace. Dans l’une des entreprises que j’ai accompagnées récemment, le patron est surdoué et probablement autiste Asperger.

Il va très vite, réfléchit très loin, il est brillant mais a tendance à faire évoluer les plans d’actions toutes les semaines ce qui est déconcertant pour les équipes. Son contact avec les investisseurs et les actionnaires n’est pas toujours transparent et sa difficulté à trancher est problématique. J’avais donc organisé un rendez-vous tripartite pour que Fabrice Micheau nous aide avec un coaching du comité exécutif pour tout poser et expliquer le fonctionnement du dirigeant.

Nous étions à une période charnière où les attentes financières sont très fortes car l’entreprise doit décoller. » Là réside le génie du coach : il parvient à analyser très rapidement les comportements des différents acteurs, ce qu’ils impliquent, les blocages qu’ils génèrent, et explicite cette cartographie aux différentes parties prenantes. L’effet est immédiat, compréhension générale, apaisement et axes de progression.

Alexandre Moine, dirigeant de Thélio, une start-up française dans la gestion de données, confirme l’aide que lui a apportée le coach : « J’ai créé mon entreprise voici sept ans. Nous avons recruté au fur et à mesure, nous sommes plus de trente aujourd’hui. En 2018, malgré des indicateurs financiers au beau fixe et une belle croissance, nous rencontrions beaucoup de tensions au sein de l’équipe dirigeante et avec mes associés. On raisonnait « petit », on était parti pour devenir un bon champion local, mais pas du tout un acteur national. Or, je voyais plus grand. Pour moi, l’objectif de développement à 200 personnes était une réalité engageante et non une utopie. Les décisions que je prenais n’étaient plus comprises au quotidien. Je voulais tout lâcher. Alors nous avons fait intervenir Fabrice. Il m’a coaché, et a réalisé un coaching de groupe avec le codir lors duquel il a mis à plat nos manières de fonctionner, nos rôles, notre stratégie. En trois séances, cela a été réglé. Il a réussi à comprendre tout le monde et il nous a aidé à mieux nous organiser et à comprendre les spécificités cognitives de chacun. »

Le jeune dirigeant affirme aller beaucoup mieux ainsi que sa boîte. Ils affichaient 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en fin d’année dernière. Ils souhaitent passer au stade supérieur et faire de leur start-up un acteur national en 2022 avec un objectif de 20 millions d’euros de CA et 200 salariés.

Autre exemple, autre coaching. Fabrice Micheau évoque Romain Janot : « J’ai par exemple accompagné un jeune dirigeant surdoué, mais qui ne savait pas qu’il l’était, pendant deux ans, avant et après le lancement de son entreprise. Il s’agissait d’un coaching individuel dans sa gestion du stress et pour ses stratégies relationnelles avec investisseurs et banques. Je l’ai également aidé pour l’ingénierie du projet, le business model, le montage des partenariats et l’intégration d’associés », détaille l’expert.

Aujourd’hui, la boîte tourne bien. Le dirigeant pilote l’activité et les équipes, sans problème. Romain Janot confie : « Ce coach m’a permis de propulser mon activité notamment en me rassurant, en mettant le doigt sur les éléments de ma réussite, mon expertise et mes forces. Il m’a redonné courage et toujours avec une grande bienveillance. »

Les neuro-atypiques, des dirigeants hors normes

Fabrice Micheau revient sur la période actuelle de transformation des organisations et insiste sur l’urgence à utiliser certains profils. « Cette période de mutation technologique pousse les organisations à se transformer et c’est passionnant. Les profils des surdoués et de certains autistes haut niveau et Asperger sont parfaitement appropriés aux exigences et aux enjeux complexes des entreprises et des start-up d’aujourd’hui.

Les neuro-atypiques ont dans leur ADN la capacité à mener des mutations rapides et systémiques ! » Vice-président de Mensa Groand Aquitaine, fondateur de la première organisation de coaching en France, conférencier et professeur associé à la Kedge Business School, Fabrice Micheau a une connaissance aiguë, précise et sans langue de bois des besoins de transformation en entreprise et du rôle que pourraient jouer les hauts potentiels.

Retrouvez dès le 13 juin la suite de cet article sur les surdoués sur le blog de Parlons RH !