« Chaque politique d’avantages salariés mérite d’être mieux valorisée pour gagner en impact »

Pour Benjamin Suchar, CEO de Worklife, les avantages salariés occupent une place croissante dans la stratégie RH, avec des budgets en hausse et une offre élargie. Pourtant, près d’un salarié sur deux ignore encore les dispositifs dont il bénéficie, d’où l’enjeu capital de mieux les valoriser en les intégrant pleinement au package de rémunération. Retrouvez cette interview et bien plus encore dans le cinquième opus de la collection Guides Pratiques de Parlons RH : « Avantages salariés : comment mieux attirer, engager et fidéliser ?« .

Quelle place occupent aujourd’hui les avantages salariés dans le package de rémunération ?

Leur rôle prend de l’importance : le budget dédié est de plus en plus élevé, et le nombre d’avantages augmente de manière significative. Aujourd’hui, il existe avant tout une problématique de valorisation : près d’un salarié sur deux connaît mal, voire très mal, les avantages sociaux dont il bénéficie. Le défi consiste à mieux faire comprendre ce que l’entreprise met à la disposition des collaborateurs, en intégrant clairement les avantages salariés au package de rémunération.

Les employeurs doivent se saisir de cet enjeu pour tirer pleinement profit des politiques sociales qu’ils déploient et renforcent. Un premier pas serait d’intégrer systématiquement les avantages sociaux au dialogue social sur les rémunérations lors des NAO (négociations annuelles obligatoires).

Quel rôle les avantages salariés peuvent-ils jouer dans l’expérience candidat et collaborateur ?

Il est désormais établi qu’ils constituent de forts leviers d’attractivité, d’engagement et de fidélisation. La question qui se pose aujourd’hui est plutôt de savoir quels avantages salariés vont réellement faire la différence. S’ils sont perçus comme des droits acquis ou des éléments accessoires, voire anecdotiques, leur mise en place ne produira pas nécessairement de retour sur investissement.

L’employeur doit prendre toute la mesure de l’impact potentiel des avantages salariés et veiller à le maximiser. Par exemple, une application de titres-restaurant est généralement l’outil digital le plus installé, consulté et utilisé par les collaborateurs, devant l’intranet ou la messagerie instantanée. Elle constitue un canal privilégié entre le salarié et l’entreprise et peut ainsi être transformée en véritable vitrine de la politique sociale dès lors qu’elle agrège l’ensemble des avantages salariés.

Comment les entreprises peuvent-elles déployer une politique ambitieuse d’avantages salariés ?

En liant cette politique à leurs enjeux stratégiques. Par exemple, une entreprise de services visant la neutralité carbone peut proposer le forfait mobilités durables ; une autre, confrontée à l’absentéisme et à la perte de chiffre d’affaires associée, va envisager des modalités de garde d’enfants, etc. Il s’agit de mettre en place des avantages à fort impact, qu’il soit économique, social et/ou environnemental, en prenant en compte les enjeux sous-jacents pour l’organisation. 

En termes de méthode, plusieurs conseils peuvent être partagés : s’engager dans la démarche de manière progressive et structurée ; associer la DRH, la direction générale, la DAF et le CSE, pour renforcer sa portée ; et chercher à démontrer le ROI via la data et des indicateurs de performance. 

Quelles sont les tendances actuelles, et à venir, en matière d’avantages salariés ?

Actuellement, on observe l’essor du « multi-bénéfices », autrement dit le fait de regrouper les différents dispositifs d’avantages en une offre unique. Parmi les dispositifs qui montent en puissance, le forfait mobilités durables enregistre la plus forte croissance de mise en place. D’autres tendances se distinguent avec, en tête, la digitalisation des avantages et du BSI (bilan social individuel).

À l’avenir, j’anticipe un pont entre les avantages salariés et les notes de frais, qui reposent aujourd’hui sur des mécanismes et des outils de gestion distincts. On pourrait imaginer de les unifier avec une seule solution digitale, évitant ainsi tout risque de double comptage, et donc de redressement Urssaf. Un autre sujet qui émerge concerne la personnalisation des avantages : on constate une forte attente des collaborateurs, mais pour l’instant elle s’oppose au cadre légal des accords d’entreprise et à leur portée collective.

6 partenaires majeurs de l’univers des avantages salariés ont participé à cet ouvrage. Nous remercions chaleureusement ADP, Les Petits Chaperons Rouges, Malakoff Humanis, Mūcho, Vaziva et Worklife pour leur contribution essentielle à l’élaboration de ce Guide Pratique Parlons RH, ainsi que leurs experts reconnus pour leurs prises de paroles respectives.