Stylo d’Or et Souris d’Or 2018 : entre cri d’alarme et bienveillance à l’égard du travail de demain
Pour cette édition 2018 du Stylo d’Or et de la Souris d’Or organisée par l’ANDRH, l’ouvrage « Et si les salariés se révoltaient ? » et le blog « Change the work » ont su séduire le jury composé de DRH et d’étudiants. Parlons RH a rencontré les lauréats. Morceaux choisis.
Sommaire
Stylo d’Or : Et si les salariés se révoltaient ?
Le 10 décembre à Paris se tenait un rendez-vous RH incontournable : la cérémonie de remise des prix Stylo d’Or et Souris d’Or organisée par l’ANDRH. A l’occasion de cette nouvelle édition, un ouvrage ainsi qu’un blog ont donc été récompensés par un jury composé de DRH et d’étudiants. Et pour commencer, ce sont l’économiste Patrick Artus et la journaliste Marie-Paule Virard qui se sont vu décerner le Stylo d’Or 2018 pour leur livre Et si les salariés se révoltaient ?, publié en avril dernier aux éditions Fayard.
Un titre définitivement d’actualité qui n’a pas laissé indifférent les jurés, sensibles au cri d’alarme lancé par les deux auteurs. « Oui, je crois que nous avons été entendus par la communauté des DRH chahutée d’un côté par les contraintes de faible augmentation des salaires, de compression de la masse salariale, de normes sur l’évolution des salaires imposée par les directions générales et de l’autre, par le fait de devoir les appliquer en entreprise », confie Patrick Artus à Parlons RH.
Le directeur de la recherche et des études de Natixis précise qu’avec sa co-auteure, ils avaient en priorité voulu « attirer l’attention du patronat français sur le fait qu’indépendamment de toute considération morale et éthique, il n’est pas efficace économiquement que les salariés ne reçoivent pas les gains de productivité » et que cela est même « dangereux pour la stabilité sociale ».
Devons-nous faire une croix sur l’intelligence artificielle ?
Il rappelle que « le capitalisme de type anglo-saxon ne peut marcher qu’en réduisant continuellement les salaires. L’exigence de rentabilité du capital pour les actionnaires est tellement élevée qu’elle ne peut être obtenue qu’avec des salaires anormalement bas. [Avec Marie-Paule Virard], nous tirons une sonnette d’alarme puisque les entreprises françaises ayant de plus en plus d’actionnaires du monde anglo-saxon, les normes du capitalisme anglo-saxon s’étendent aux entreprises françaises ».
Le deuxième point, et pas des moindres, soulevé par ce livre demeure l’impact de l’intelligence artificielle sur le monde du travail. « Les robots sont la première révolution industrielle qui crée des emplois moins qualifiés et moins bien payés que les emplois qu’elle détruit », explique notre interlocuteur.
Et d’ajouter : « Au lieu que le choc technologique crée une montée en gamme des emplois, il provoque une descente en gamme. » Devons-nous alors faire une croix sur les robots ? Pour Patrick Artus, il n’est pas envisageable de se passer de ces nouvelles technologies qui créent du revenu et de l’efficacité économique.
Souris d’Or : Change the work
Alors que réserve l’avenir au travail ? Sarah Akel et son équipe de rédaction tentent d’y répondre au travers du blog Change the work qui remporte cette année la Souris d’Or. En tant qu’« explorateurs du travail de demain », ils partent à la découverte d’entreprises telle que Engie, Spotify ou encore Bouygues et s’intéressent de près à leurs pratiques internes.
Parmi les thèmes forts qui agitent le monde de l’entreprise et qui se révèlent susceptibles de modifier fortement le paysage professionnel dans les années à venir, Sarah Akel retient, entre autres, l’intelligence artificielle. « [Elle] permet aux professionnels RH de gagner du temps et d’être plus efficaces. Elle leur enlève notamment des tâches à faible valeur ajoutée comme le tri de CV ou la présélection des candidats », dit-elle. Et de remarquer aussi que les questions autour de l’environnement de travail et du marketing RH alimentent les débats de la fonction ressources humaines.
Et pour encore mieux connaître comment les DRH font évoluer ce monde du travail, la rédaction leur ouvre les colonnes du blog dès 2019. Ils s’exprimeront alors sur les challenges à relever et les moyens utilisés pour réussir leurs missions. « Nous donnerons aussi la parole à des étudiants RH dans le cadre d’un dossier », raconte la rédactrice en chef. En alternance depuis un an, ces professionnels RH en devenir partageront leurs étonnements, mais aussi leurs attentes à l’égard de l’entreprise.
De par la qualité des speakers et de l’organisation, la rédaction de Parlons RH n’a plus qu’une hâte, découvrir le programme de la prochaine édition.