Stress au travail : où se trouve le point de rupture ?
Le stress au travail est une question récurrente dans notre société moderne, deux mois après la rentrée vous vous sentez déjà sous pression ? Décryptage.
Sommaire
Le stress ? Plier ne veut pas dire rompre.
Le stress, tout le monde en parle, personne ne peut y échapper.
D’après l’Institut national de recherche et de sécurité au travail (INRS), on parle de stress au travail quand “une personne ressent un déséquilibre entre ce qu’on lui demande de faire dans le cadre professionnel et les ressources dont elle dispose pour y répondre”. Ou encore selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), “le stress lié au travail est l’ensemble des réactions que les employés peuvent avoir lorsqu’ils sont confrontés à des exigences et à des pressions professionnelles ne correspondant pas à leurs connaissances et à leurs capacités et qui remettent en cause leur aptitude à faire face”.
Pour la petite histoire le mot stress trouve sa source dans le domaine de la métallurgie, au 18eme siècle “stress” en anglais représente la force, la pression, la charge produisant une tension et à plus ou moins long terme une déformation de l’« objet ». On constate alors que le mot « stress » est souvent accompagné du mot strain, la rupture. Ils restent quand même deux mots différents, car nous pouvons plier sans pour autant rompre. Il a pu s’adapter par la suite à l’être humain et la définition que nous lui connaissons.
Le stress n’apparait pas forcément de manière négative et dans certains cas il peut même agir bénéfiquement, en vous aidant à être plus concentré. Il devient problématique dès lors qu’il commence à s’installer et peut aller jusqu’à submerger l’individu.
Comme le cholestérol, il y a le bon stress et le mauvais stress. Pourquoi ne le dit-on pas ? Des études existent sur le sujet non ?
Autre problème, les cas de stress sont parfois difficiles à identifier. Souvent, ils ne sont pas immédiatement signalés par les personnes concernées, beaucoup de personnes ont tendance à nier son existence ou à l’attribuer à un poste mal adapté.
Heureux, mais fatigué… Comment a évolué le stress ?
Le stress au travail grandit de plus en plus au cours du temps. Et ce n’est pas seulement une impression, mais le résultat malheureux de nombreuses enquêtes.
Et le problème touche tous les niveaux de la hiérarchie et tous les domaines. On a tendance à parler de tension des cadres, à juste titre d’ailleurs ! Mais il ne faut pas oublier les autres, car si certains sont plus touchés que d’autres personnes cela peut arriver à n’importe qui, encore plus de nos jours.
Avec la hausse du chômage, l’augmentation du travail précaire, les licenciements… le monde du travail traverse une crise. Si on rajoute encore les éventuelles brimades et autres harcèlements, difficile de se tenir à l’écart du stress.
Le travail s’intensifie et les marges de manœuvre apparaissent de plus en plus restreintes.
Et pourtant, selon une étude de l’Institut de Médecine Environnementale (IME) réalisée par TNS Sofres en partenariat avec l’Institute of NeuroCognitivism (INC), malgré la crise 68 % des salariés se disent satisfaits de leur travail et 53 % s’y épanouissent.
Cependant, 37 % déclarent que leur sommeil est perturbé à cause de leur travail, 30 % des personnes interrogées rapportent que leur santé se dégrade à cause du travail. 35 % des actifs se disent épuisés psychologiquement.
On a donc des salariés satisfaits de leurs emplois, mais constamment sous pressions. Paradoxe ?
De quel métal êtes-vous fait ?
On distingue deux types de profils souvent atteints par le stress :
Le premier est celui de l’employé qui s’investit. Le problème, c’est qu’il pousse souvent à l’extrême et devient donc beaucoup plus sensible au stress (comme Aude Selly ancienne responsable RH qui raconte son burn out). En général jamais satisfait de son travail, il veut toujours en faire plus. La peur d’échouer, il reste frustré malgré de bons résultats. Environ 40 % des salariés se sentent concernés par ce profil. Si vous correspondez à cette description alors vous vous oxydez au travail comme le cuivre.
Le second cas, l’employé qui se démotive. Le plus fréquemment, car pas suffisamment encouragé. Ce profil-là se démène, mais ne produit pas beaucoup de résultats. Du coup il se retrouve à perdre tout seul sa motivation. Environ 30 % des salariés ont tendance à se démotiver. Dans ce cas si vous avez besoin d’une forte couche de motivation pour résister, vous êtes fin comme l’aluminium.
Enfin on peut observer un troisième profil, qui lui semble échapper à tout stress néfaste : l’employé passionné même dans un environnement difficile ne ressent pas de stress négatif et gère très bien tout seul les difficultés rencontrées, il apprécie ce qu’il fait malgré toutes formes de pressions. C’est le profil de personnes solides comme l’acier qui semblent invincibles, attention quand même, rien ni personne n’est indestructible.
D’où vient toute cette pression ?
Les exigences et difficultés de travail sont l’une des principales causes de stress : Exigences qualitatives (vigilance, précision…) ou quantitatives élevées (charge de travail, délais imposés, nombre d’informations à traiter…) et difficultés inhérentes à la tâche (monotonie, répétition, manque d’autonomie…) Tant de raisons de se retrouver submergé ! Mais la liste est bien plus longue :
- Manque de contrôle sur la répartition et la planification des tâches
- Problèmes de communication
- Incompatibilité dans les exigences (privilégier la satisfaction du client ou de la direction ?)
- Précarité des contrats de travail
- Horaires de travail inadaptés à la vie sociale et familiale ou à son rythme quotidien
- Absence de soutien auprès des collègues et/ou des supérieurs
- Style de direction autoritaire
- Peu de reconnaissance pour le travail accompli
- Nuisances physiques sur le poste de travail (bruit, chaleur, humidité…)
- Activité professionnelle de plus en plus individuelle
- Mauvaise santé économique ou avenir incertain de l’entreprise
Une barre pliée et toute la machine se grippe !
Les salariés stressés ont tendance à s’absenter plus souvent pour fuir l’environnement néfaste de l’entreprise.
Ils peuvent aussi perdre leur concentration. Surchargés de travail, incapable de tout gérer, ils pourront être victimes d’erreurs d’inattention qui peuvent causer des accidents.
Dans le cas où l’entreprise n’encourage ou ne récompense pas assez son personnel, elle risque de le démotiver alors que la motivation est un facteur clef de la créativité et de la productivité.
Une atmosphère de stress négatif ne favorise pas les bonnes relations entre employés et avec la direction de l’entreprise. L’atmosphère peut vite devenir pesante et bloquer le fonctionnement de l’activité.
Enfin on parle souvent de la réputation d’une société. La fameuse marque employeur est aussi liée à la satisfaction de ses salariés. Si la tension devient trop grande, les salariés vont commencer à en parler autour d’eux, elle peut alors être rendue publique, portant atteinte à l’image de l’entreprise.
En conclusion, les entreprises mettent énormément de pression sur leurs employés, alors que cela peut causer l’effet inverse de celui recherché au départ. Certaines entreprises essaient grâce à un cadre favorable, une ambiance détendue des séances de yoga ou même des salles de repos d’éviter au maximum un stress trop important, une bonne initiative pourtant encore bien trop rare. Le plus important est de ne pas se renfermer sur soi-même et surtout ne pas hésiter à en parler. Comme une barre de métal sous pression vous pouvez plier et même si nous ne sommes pas tous faits du même métal, en apprenant à gérer votre stress nous pouvons éviter la rupture !
Crédit photo : © Pixabay – Nemo
Pour recevoir les derniers articles de Parlons RH par mail ou s’abonner à la newsletter