Souffrance au travail : Mathilde*, 26 ans, témoigne
Sept heures du matin, le réveil sonne. C’est l’heure de se lever et de prendre son petit-déjeuner avant de prendre le chemin du travail. Pas pour Mathilde, qui n’arrive rien à avaler depuis quelques mois. « Mon ventre se noue, je perds l’appétit. Je le retrouve seulement en rentrant le soir chez moi, et encore ».
En arrivant sur son lieu de travail, un établissement d’enseignement privé, la pression monte pour la jeune femme, dont la simple idée de devoir dire bonjour à sa chef et à ses collègues l’angoisse. Le souci ? Leur intrusion dans sa vie privée : « Chacun se mêle de la vie des autres, c’est très dérangeant. Je me sens chaque jour jugée sur des éléments de ma vie personnelle qui ne les regardent en rien ». De plus, chaque samedi soir a lieu une sortie dans un bar entre collègues. Et il est très mal vu de ne pas y assister… Parallèlement à cette ambiance ‘’big brother’’ au sein de l’équipe, Mathilde souffre aussi d’un manque de visibilité sur l’avenir. Actuellement vacataire, elle n’a aucune assurance d’obtenir un travail en CDI sur le moyen ou le long terme. Sa chef se justifie avec un « on est tous passés par là ! ». Question conditions de travail, ce n’est pas mieux ! Les semaines de Mathilde, c’est six jours sur sept, avec des amplitudes horaires qui peuvent s’étendre, certains jours, de 9 heures à 22 heures, suivant les enseignements qu’elle donne. « L’organisation de mes cours est une véritable catastrophe. Mon emploi du temps change chaque semaine : je connais très souvent les classes que je vais avoir seulement deux jours à l’avance. Je travaille donc très tard le soir chez moi, de la veille pour le lendemain, car je ne peux rien anticiper », explique Mathilde. Finalement, le seul moment où elle se sent vraiment bien et comprise, c’est lorsqu’elle est face à ces élèves. C’est son entreprise qui manque de professionnalisme : tout est réalisé dans l’urgence ! Comme son intégration, il y quatre mois. « On ne m’a absolument pas formé. Sans aucun cadre, j’ai été ‘’balancée’’ devant des élèves, et ce dès mon premier jour », regrette-t-elle. Pas facile d’avoir confiance en soi et en son travail lorsque l’on ne se sent pas soutenu par son équipe ou sa direction. Aujourd’hui, Mathilde a besoin de souffler, de prendre des vacances. « Ce n’est pas évident car en tant que vacataire, si je ne donne pas de cours, je ne suis pas payée ». La solution serait-elle de démissionner ? « Avec la crise, je sais que je vais avoir du mal à trouver un autre poste. Et puis, on sait ce qu’on perd, mais on ne sait pas ce qu’on va gagner ».
Mathilde n’est pas la seule à souffrir au travail. Selon le dernier baromètre Monster, 87% des salariés français souffriraient d’insomnies à cause de leur travail, et plus de la moitié (53%) au point de faire des cauchemars. 52 % des salariés ont peur d’aller travailler le lundi matin. Le porte-parole de Monster, Karl Rigal, pense qu’aujourd’hui le travail tient une place très importante dans nos vies et qu’à cause de la connexion permanente avec leurs managers, les salariés entretiennent une relation de plus en plus anxiogène avec leur travail. Une étude du Ministère du Travail, de l’Emploi, de de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social datant de 2012, et consacrée aux conditions de travail, met en lumière des risques psychosociaux ayant un effet néfaste sur la santé et le bien-être des travailleurs. Ont été recensés les exigences élevées, l’intensification du travail, les exigences d’ordre émotionnel, le manque d’autonomie, les conflits ethniques, le faible lien social et le sentiment d’insécurité relatif au travail et à l’emploi.
Dring ! Dring ! Il est sept heures, c’est l’heure pour Mathilde de se lever…
.
Maud de Parlons RH
A lire également :