Les salariés aidants, grands oubliés de la QVT dans les entreprises ?
Le groupe Malakoff Mederic a présenté, le 04 octobre dernier, les résultats de son étude sur la Qualité de Vie au Travail en 2017. Un volet important de l’enquête, à laquelle a participé la fondation Médéric Alzheimer, se penche sur la problématique des salariés aidants. En 2017, ils sont 18 % des salariés du privé à se déclarer aidant d’un proche dépendant, handicapé ou malade. Comment sont-ils perçus par l’entreprise et sa hiérarchie ? Sont-ils soutenus professionnellement ? Comment améliorer leur qualité de vie au travail ?
Sommaire
La QVT des Français : en hausse, mais avec des divergences entre salariés et dirigeants
Avant d’aborder le cas particulier des salariés aidants, l’étude(1) révèle une satisfaction croissance des salariés français par rapport à la qualité de vie dans leur travail :
- 71 % des salariés la jugent bonne ou très bonne contre 69 % en 2016.
- 96 % des dirigeants pensent la même chose.
Une perception qui contraste avec l’enquête de l’OMS qui classe la France à la 3ème place des nations avec le plus grand nombre de dépressions liées au travail.
Ce sentiment est également en contradiction avec la hausse des salariés et managers déclarant avoir eu envie de prendre un arrêt maladie, entre 2009 et nos jours (+ 10 %). Un chiffre intéressant à analyser lorsque dans le même temps, pour 3 dirigeants sur 4, la QVT sera à l’avenir une préoccupation majeure, notamment pour lutter contre l’absentéisme (en 3ème position derrière l’augmentation de la compétitivité et l’amélioration du climat social).
Pour salariés et dirigeants, cette qualité de vie au travail est déterminée en premier lieu par l’ambiance et les relations entre collègues. Sur les autres facteurs, des divergences affleurent :
- Les salariés placent en deuxième position la rémunération globale, suivie de la reconnaissance au travail (axe d’amélioration prioritaire de la QVT pour la majorité d’entre eux), puis la conciliation vie professionnelle/vie privée considéré comme une source de difficultés (temps et condition de trajet, laisse numérique soirs et week-end…)
- Les managers et les cadres placent en deuxième position la conciliation vie professionnelle/vie personnelle (pour laquelle ils attendent de l’entreprise plus de souplesse dans les horaires travaillés) et attache de l’importance à l’intérêt de leur travail et le développement des compétences.
- Chez les dirigeants, les relations directes avec le supérieur hiérarchique représentent un facteur déterminant de la qualité de vie au travail, suivi par la rémunération globale et la reconnaissance au travail. Sur ce dernier point, ils apprécient notamment les remerciements de la part de leurs clients.
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Et les salariés aidants ? Qu’en pensent-ils ?
L’étude « Agir pour les salariés-aidants(2) » révélée par le groupe Malakoff Médéric et la Fondation Médéric Alzheimer à l’occasion de la journée nationale des aidants, le 6 octobre, apporte un éclairage sur la situation d’une partie méconnue de la population active.
À la question « qui sont-ils ? », le baromètre 2017 de la fondation Médéric Alzheimer est très précis. Et ce pourrait être nous tous.
Sur les conséquences de leur situation, les salariés aidants répondent clairement à l’enquête :
- Elle impacte leur vie professionnelle (64 %)
- Elle génère de la fatigue (61 %)
- Elle occasionne des difficultés psychologiques (51 %)
Et sur le premier point, ils avouent rencontrer des difficultés importantes. Durant les 3 derniers mois précédant l’enquête :
- Plus d’un sur deux a eu des difficultés à se concentrer
- 39 % ont dû partir plus tôt
- 29 % sont arrivés en retard
- 23 % ont pris du retard dans leur travail
Ils sont 36 % au lieu de 26 % pour les autres salariés, à subir des baisses de vigilance et des manques d’attention au travail.
Si concilier vie professionnelle et vie personnelle est important pour la qualité de vie au travail de la majorité des personnels, les aidants sont directement impactés par le sujet pour 64 % d’entre eux. Ils souhaitent :
- Être informés sur les aides disponibles : aides financières, services à la personne, droits aux congés… 39 % d’entre eux méconnaissent le Code du travail en la matière : congé de solidarité familiale, congé de proche aidant, loi Mathys…
- Avoir des horaires de travail plus flexibles (61 %)
- Recourir à des formations sur la compréhension des pathologies de leurs proches (38 %)
- Participer à des groupes de parole organisés par l’entreprise (31 %)
Ce dernier point créant un climat bienveillant permettrait aux salariés aidants de libérer la parole et d’évoquer leurs difficultés avec leur supérieur hiérarchique (1 sur 3 actuellement) ou un responsable RH (18 % aujourd’hui).
Que font les entreprises pour favoriser la Qualité de Vie au Travail des salariés aidants ?
On part de loin. Pour les employeurs, la reconnaissance du problème n’est pas bien perçue. 31 % seulement des entreprises interrogées sont capables « d’estimer » le nombre de salariés aidants dans leur effectif. La priorité est donc à l’identification de cette population dans l’entreprise.
Et c’est urgent. Les dirigeants et les DRH qui ont connaissance de la situation des salariés aidants dans leur entreprise constatent les anomalies suivantes :
- Des problèmes d’absentéisme (59 %)
- D’organisation du travail (50 %)
- De démotivation (48 %)
- De perte de productivité (41 %)
Que font les entreprises lorsqu’elles ont conscience de cette réalité ?
- 52 % apportent une aide informelle et dérogatoire (autorisation d’absence, télétravail…)
- 15 % mènent une réflexion sur les axes d’amélioration possibles vis-à-vis de cette catégorie de salariés.
Quand les salariés aidants parlent de flexibilité du travail, formation, information… les solutions les plus pertinentes, selon les entreprises, se trouvent dans l’aménagement du temps de travail (79 %), la flexibilité des horaires (75 %) et la polyvalence du personnel (69 %), même si d’autres sociétés moins nombreuses explorent la sensibilisation des managers à une culture d’entreprise bienveillante ou la mutualisation des solutions et des coûts à plusieurs sociétés.
C’est tout l’intérêt des entreprises de se pencher sur la question. C’est un enjeu futur pour elles et pour la société tout entière qui comptera des personnels aidants de plus en plus nombreux. Selon Hélène Jacquemont, vice-présidente de la fondation Médéric Alzheimer : « [les salariés] devront, un jour ou l’autre, mener conjointement leur activité professionnelle, avec la prise en charge épisodique ou régulière d’un proche, en tant qu’aidant. Ceci est, notamment, dû à l’allongement de la durée de vie et au recul de l’âge de départ à la retraite ».
(1) Étude menée auprès d’un échantillon représentatif (secteur, âge, genre, taille d’entreprise et statut) de 3 500 salariés et 500 dirigeants d’entreprises, gérants et DRH du secteur privé.
(2) Enquête « Agir pour les salariés-aidants », menée par le Groupe Malakoff Médéric et la Fondation Médéric Alzheimer, auprès de 302 entreprises et de 221 salariés-aidants d’un proche
Source : le comptoir mm de la nouvelle entreprise
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