L’entretien professionnel : évolution professionnelle et projet de formation
L’entretien professionnel est une étape importante dans le parcours de tout salarié. C’est un moment d’échange entre le salarié et son manager où il est question des perspectives d’évolution professionnelle du collaborateur, ainsi que des formations dont il pourrait bénéficier. A la différence de l’entretien d’évaluation, avec lequel il est trop souvent confondu, il est obligatoire depuis 2014. Une étude du Céreq parue en juin dernier examine l’utilisation qui est fait de l’entretien professionnel. Les principaux points de l’étude ont été mis en exergue dans une infographie réalisée par Centre Inffo et publiée le 31 septembre 2018 dans Inffo Formation.
Sommaire
Evaluation ou évolution ?
80% des salariés interrogés dans le DEFIS (Dispositif d’Enquêtes sur les Formations et les Itinéraires des Salariés) affirment que leur entretien professionnel a porté au moins en partie sur l’évaluation de leur travail, contrairement à ce que précise expressément la loi (« Cet entretien ne porte pas sur l’évaluation du travail du salarié » est écrit en toutes lettres à l’article L6315-1 du Code du travail, qui définit l’entretien professionnel !). A ce jeu, les grandes entreprises semblent avoir été les plus mauvaises élèves : l’évaluation a été abordée dans 83% des cas dans les entreprises de plus de 250 salariés, contre seulement 61% des cas dans les TPE. Très souvent, les entreprises qui ont respecté leur obligation d’organiser des entretiens professionnels sont celles qui recouraient déjà à l’entretien d’évaluation auparavant : on aurait donc affaire à des entretiens d’évaluations un peu améliorés… La pratique, là encore, est plus fréquente dans les grandes entreprises : seules 8% d’entre elles, parmi celles qui organisent des entretiens pro, n’avaient auparavant aucune pratique d’entretien des collaborateurs avec la hiérarchie, contre 25% des 10-49 salariés et 33% des 3-9 salariés. Ce qui explique, sans doute, que l’on trouve davantage d’entretiens professionnels « purs », sans dimension « évaluation », dans les petites entreprises.
Il est vrai, cependant, que la pratique de l’entretien professionnel reste étroitement corrélée à la taille de l’entreprise : seuls 26% des collaborateurs des entreprises de 3 à 9 salariés en ont suivi un en 2015 ou 2016, contre 75% de ceux des entreprises de plus de 250 salariés.
Les projets de formation
Lorsque l’entretien a lieu, les salariés l’abordent différemment suivant leurs souhaits. Lorsqu’ils ont un projet de formation, de façon prévisible, ils ont 1,9 fois plus de chances d’évoquer le sujet formation au cours de l’entretien, et 1,2 fois plus de chances d’aborder leur évolution de carrière. Ils sont 1,4 fois plus nombreux à parler de formation lorsqu’ils ont le désir de faire évoluer le contenu de leur activité. En revanche, un salarié qui envisage une mobilité externe a moins de chances que la moyenne d’aborder les sujets « formation » et « perspectives de carrière » au cours de l’entretien professionnel.
Avec la nouvelle réforme, les entreprises seront dans l’obligation de sensibiliser les salariés à l’existence du CEP (Conseil en Evolution Professionnelle). Celui-ci semble, pour l’heure, être utilisé davantage par les ouvriers : la probabilité de participer à un CEP est multipliée par 2 si l’on est ouvrier, par rapport à un cadre. C’est une bonne chose, mais on remarque que les cadres ont 1,7 fois plus du chances que les ouvriers de bénéficier d’un entretien professionnel. Il ne faudrait pas que le CEP devienne l’entretien professionnel des moins qualifiés…