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La fin du papier marque le retour aux sources des titres restaurant

le 25 juin 2024
La fin du papier marque le retour aux sources des titres restaurant

Les titres restaurant papier vont progressivement disparaître au profit de versions dématérialisées, bouleversant ainsi les habitudes de nombreux salariés. Cette transition soulève de nombreuses questions : pourquoi mettre fin aux titres restaurant papier ? Quelles solutions alternatives pour les collaborateurs ?

Le titre restaurant a débuté sous forme papier dans les années 60, une initiative législative visant à permettre aux salariés de manger correctement pendant leur pause déjeuner. À une époque où la « gamelle » était la norme, cette mesure permettait à faciliter l’accès à des repas équilibrés, financés en partie par l’entreprise. Au fil du temps, les comportements des salariés et les modes de consommation ont évolué, transformant le titre restaurant en un outil de pouvoir d’achat plus qu’un simple soutien pour le déjeuner. Cette évolution a quelque peu dénaturé l’usage originel du titre restaurant, une tendance que les récentes réformes réglementaires cherchent à corriger.

Autrefois principalement utilisé dans les restaurants, puis dans les commerces de bouche, le titre restaurant a vu son champ d’utilisation s’élargir à la grande distribution dans les années 2010. Cette transformation a complexifié son usage, éloignant parfois le titre de son objectif initial. Aujourd’hui, environ 5 millions de salariés, soit 20% de la population active, utilisent ce dispositif, avec une présence marquée dans les entreprises de taille importante qui n’ont pas de restaurant d’entreprise et une évolution forte dans les plus petites qui s’occupent de leur marque employeur. Les changements réglementaires et technologiques en cours nous invitent à repenser son rôle et son fonctionnement pour mieux répondre aux besoins actuels des salariés.

Titre restaurant papier, la fin d’une ère

La décision de mettre fin au titre restaurant papier vise principalement à moderniser le système vieux de 60 ans qui n’a pas évolué, mais s’est contenté de copier simplement la version dématérialisée sur la version papier originelle. C’est dommage car les modes de consommation et de travail ont changé, tout comme le contexte économique d’ailleurs.

Si les titres restaurant sont conçus pour être utilisés quotidiennement pour les repas de midi des salariés, des déviances sont fréquentes avec la version papier. On voit très souvent un cumul important de titres pour payer le restaurant le week-end en famille, par exemple. Ces dérives menacent l’exonération fiscale associée aux titres, ce qui pourrait dissuader les entreprises de les distribuer. La complication de gestion pour les commerçants et le faux usage de faux ont aussi joué un rôle important dans la décision de mettre fin aux titres restaurants papier.

Pour réguler l’usage des titres restaurant, la dématérialisation a été adoptée. Elle permet de plafonner et de contrôler l’utilisation des titres. Ne négligeons pas l’aspect moderne de cette transition. Le papier est perçu comme obsolète, et la digitalisation offre une solution plus adaptée aux pratiques actuelles. En outre, elle permet des innovations que le papier ne peut pas proposer. Tout en ouvrant à plus de concurrence dans un marché occupé par 4 acteurs qui se partagent 98% du marché depuis de nombreuses années.

Enfin, la loi qui va mettre fin à la version papier fin 2025 va aussi régler la question des usages et des commerces éligibles. Avec l’essor du télétravail, les salariés à la maison ont toujours droit à des titres restaurant. Mais, en pratique, ils les utilisent rarement pour déjeuner. Ils préfèrent consommer des repas préparés à domicile, rendant l’utilisation des titres moins fréquente. C’est ce que nous avons constaté avec notre baromètre annuel du titre restaurant 2024 : plus il y a de télétravail, plus les soldes restants des salariés sont élevés. Les contraintes financières ont également éloigné de nombreux salariés des restaurants traditionnels, favorisant la street food et des options de repas à emporter, plus abordables. Cette tendance est particulièrement visible parmi les jeunes, qui privilégient des solutions économiques.

Un nouveau modèle de titre restaurant, au service des employés et des entreprises

Aujourd’hui, deux principales solutions s’offrent aux salariés pour remplacer le titre restaurant papier. D’abord, il y a le modèle classique de la carte titre restaurant, qui peut être soit physique soit virtuelle et chargée dans le wallet d’un smartphone. Cette carte fonctionne de manière similaire au papier, avec un compte prépayé financé par l’employeur et le salarié par prélèvement sur son salaire.

Ensuite, il y a le modèle innovant qui utilise la carte bancaire personnelle des salariés. Arrivée plus récemment, cette solution promet une nouvelle expérience aux salariés utilisateurs. D’abord, elle permet d’utiliser la carte bancaire partout, éliminant les contraintes techniques rencontrées chez environ 20% de commerçants avec les cartes spécifiques de titres restaurant. De plus, il n’est plus nécessaire de constituer un compte prépayé. L’argent n’est prélevé qu’au moment de l’achat, ce qui offre une plus grande flexibilité et évite les fonds non utilisés à la fin de l’année.

Pour les entreprises, cette solution simplifie également la gestion des titres restaurant. Il n’y a plus besoin de distribuer des supports physiques, ni de gérer les pertes ou les remplacements de cartes. De plus, la trésorerie de l’entreprise est alignée sur la consommation réelle des salariés, évitant les fonds bloqués dans des comptes prépayés non utilisés.

Avec la carte bancaire personnelle, chaque transaction est analysée pour vérifier son éligibilité aux titres restaurant (bon commerçant, bon jour, etc.). Si elle l’est, seule la part de l’entreprise est remboursée, simplifiant encore davantage le processus.

Ces nouvelles solutions digitales, en particulier l’utilisation de la carte bancaire personnelle, apportent des avantages significatifs en termes de simplicité et de gestion tant pour les salariés que pour les entreprises. Elles permettent de revenir à l’esprit originel du titre restaurant tout en s’adaptant aux évolutions modernes des modes de travail et de consommation.

En regardant vers l’avenir, l’évolution du titre restaurant semble prometteuse et passionnante. Les changements réglementaires actuels, qui ne se produisent pas fréquemment, vont certainement influencer le paysage des titres restaurant pour les dix prochaines années. Je vois un futur où le titre restaurant sera un droit et pas uniquement un moyen de paiement dédié. Ce droit sera accessible avec n’importe quel moyen de paiement choisi par son bénéficiaire pour plus de liberté et d’accessibilité. Tout en restant bien encadré pour garantir que l’exonération fiscale et sociale soit pérennisée et que l’usage des titres reste conforme à leur objectif initial : aider les salariés à déjeuner pendant leur pause de midi. Il est crucial de ne pas dénaturer cet esprit en permettant des usages inappropriés.

Crédit photo : Shutterstock / Dean Drobot



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