Transparence des salaires : une nouvelle ère pour l’égalité en entreprise

La transparence des salaires s’impose progressivement comme une priorité, poussée par les attentes sociétales fortes et les obligations légales imminentes. Avec la directive européenne qui entrera en vigueur d’ici 2026, les entreprises doivent se préparer à transformer leurs pratiques en profondeur. Mais sont-elles prêtes ? Qu’en pensent les collaborateurs ? Et surtout, quels bénéfices les entreprises peuvent tirer de cette transparence, dès le recrutement et tout au long du parcours collaborateur ? Réponse avec cette infographie réalisée par Michael Page.

La transparence des salaires s’impose comme un levier stratégique pour construire des organisations plus justes et inclusives. Avec la directive européenne adoptée en mars 2024, les entreprises sont désormais confrontées à des échéances claires : avant le 7 juin 2026, elles devront transposer ces exigences dans leur fonctionnement. L’objectif est ambitieux mais essentiel : réduire les écarts salariaux entre les hommes et les femmes, tout en renforçant la communication sur les pratiques de rémunération.

Cette directive met en lumière l’importance de rendre visibles les critères qui justifient les écarts de salaires. Les employeurs devront fournir des justifications basées sur des données objectives, telles que l’expérience ou les responsabilités des collaborateurs. Ces nouvelles règles incitent à réévaluer non seulement les politiques salariales, mais également la culture d’entreprise dans son ensemble.

Face à ces obligations, les entreprises doivent rapidement s’organiser. Non seulement pour se conformer à la loi, mais aussi pour en tirer parti comme outil de confiance et de fidélisation des talents. La transparence, loin d’être une contrainte, pourrait devenir une opportunité stratégique pour renforcer l’équité. Et attirer les talents dans un contexte de guerre des compétences.

Une préparation insuffisante face aux enjeux de la transparence des salaires

Alors que la directive européenne impose des changements profonds en matière de transparence des salaires, les entreprises semblent encore peu préparées à répondre aux nouvelles exigences. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une entreprise sur deux reconnaît avoir une mauvaise, voire aucune connaissance de cette directive. Ce manque d’information soulève une question cruciale : comment les organisations pourront-elles se conformer à des obligations qu’elles maîtrisent mal ?

Par ailleurs, six entreprises sur dix identifient déjà la nécessité de revoir leur politique de rémunération pour être en conformité. Cette adaptation implique bien plus qu’une simple mise à jour des grilles salariales. Il s’agit d’un chantier de transformation qui engage les RH, les managers et même la communication interne pour garantir une mise en œuvre efficace et équitable.

Enfin, 34% des entreprises anticipent un risque de « lissage » des rémunérations. Ce phénomène, qui consiste à uniformiser les salaires pour éviter des écarts, pourrait entraîner des tensions. Notamment en termes de reconnaissance des performances individuelles ou de rétention des talents clés. Une gestion fine des ajustements sera essentielle pour éviter de tomber dans une approche simpliste, qui pourrait nuire à la compétitivité et à la motivation des équipes.

Les salariés plébiscitent la transparence

La transparence des salaires n’est pas seulement une obligation légale en devenir : c’est une attente forte des salariés. Aujourd’hui, un salarié sur deux estime qu’il existe encore des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes à poste équivalent dans leur entreprise. Ce constat témoigne d’une perception persistante des inégalités, qui, lorsqu’elle n’est pas adressée, peut miner la confiance et l’engagement des collaborateurs.

Plus encore, la transparence est perçue comme une solution concrète pour instaurer plus d’équité. Sept salariés sur dix se disent prêts à demander le salaire médian de leurs collègues, preuve de leur volonté de briser le tabou entourant les rémunérations. Cette donnée met en lumière un changement culturel profond : les employés ne souhaitent plus évoluer dans des environnements opaques. Ils recherchent des organisations où la clarté sur les pratiques salariales reflète une véritable volonté d’équité et de reconnaissance.

Pour les entreprises, répondre à cette attente représente une opportunité majeure. En adoptant une approche proactive de transparence, elles peuvent non seulement apaiser les tensions liées aux perceptions d’inégalités. Mais aussi renforcer la relation de confiance avec leurs équipes. Cela exige toutefois de structurer les communications et de former les managers pour accompagner cette évolution sans générer de malentendus ou de frustrations.

Transparence des salaires : un enjeu dès le recrutement

La transparence salariale commence dès la phase de recrutement, où les pratiques des entreprises influencent directement leur attractivité. Pourtant, 36% des entreprises n’indiquent jamais le salaire dans leurs offres d’emploi. Ce choix, souvent justifié par des considérations stratégiques ou concurrentielles, peut avoir des conséquences négatives sur leur capacité à attirer les meilleurs talents.

Les attentes des candidats évoluent, et la transparence devient un critère déterminant dans leur décision. Près de 40% des candidats déclarent qu’ils ne postuleront pas à une offre d’emploi si le salaire n’est pas mentionné. Ce chiffre souligne l’importance d’une communication claire et précise dès le départ. Pour de nombreux chercheurs d’emploi, connaître la rémunération proposée permet de gagner du temps et de mieux évaluer la pertinence d’une opportunité.

En réponse à ces attentes, six entreprises sur dix envisagent de publier des fourchettes de salaire dans leurs annonces. Cette pratique, déjà répandue dans certains pays, tend à se généraliser sous l’influence des nouvelles réglementations et des attentes sociétales. En affichant des fourchettes réalistes, les entreprises peuvent non seulement attirer des profils mieux alignés avec leurs offres, mais aussi poser les bases d’une relation de confiance dès le début du parcours collaborateur.

La transparence salariale est bien plus qu’une obligation légale. Elle constitue une opportunité stratégique pour renforcer la confiance, attirer les talents et promouvoir l’équité. En anticipant les exigences de la directive européenne et en répondant aux attentes croissantes des salariés, les entreprises peuvent transformer cette contrainte en levier de performance durable. Tout en affirmant leur engagement envers une culture d’entreprise plus juste et inclusive.

Source : Michael Page