Santé mentale au travail : les vertus d’une approche globale


People Lead pour Alan France
Veiller à la santé mentale des équipes requiert une politique RH dédiée et un leadership exemplaire, estime Juliette Raimbault, People Lead pour Alan France, la « scale-up tech » spécialiste de l’assurance santé en entreprise.
« Je ne viens pas du tout des RH », prévient Juliette Raimbault. Après une formation en relations internationales, son parcours l’amène d’abord au ministère de la Défense, dans des fonctions qui relèvent « de la diplomatie et de la négociation multilatérale ». En 2019, un peu par hasard, elle assiste à une conférence de présentation d’Alan : c’est « le coup de foudre ». Elle trouve dans l’entreprise une culture de la transparence radicale qui la séduit, et qui tranche avec ce qu’elle a connu dans les milieux ministériels : toute l’information est partagée, les réunions se font par écrit, les horaires sont flexibles – bref, la confiance est la règle.
Né il y a 8 ans, Alan « est un partenaire santé qui prévient, assure et accompagne au quotidien les entreprises et les salariés ». L’offre s’est étoffée en direction de la prévention en santé physique et mentale. Les adhérents accèdent à un réseau de professionnels de santé disponibles en permanence. Les équipes d’Alan en bénéficient également : « en tant que DRH France, j’échange donc régulièrement avec les équipes produit », précise Juliette Raimbault. Alan est le premier client d’Alan ; business et RH avancent main dans la main.
Sommaire
UNE APPROCHE STRUCTURELLE DE LA SANTÉ MENTALE AU TRAVAIL
Comment aborde-t-on le sujet de la santé mentale dans une entreprise comme Alan ? « C’est une question multifactorielle, souligne en préalable Juliette Raimbault. Les événements de la vie personnelle – l’arrivée d’un enfant, la maladie d’un proche… – peuvent avoir des conséquences sur le travail ; inversement la vie professionnelle peut affecter la vie privée. Pour les RH, c’est un sujet difficile à appréhender. » Le contexte de croissance qui est celui d’Alan (passé de 150 à 570 collaborateurs en 4 ans) ajoute un point de vigilance : la dynamique est porteuse, mais les causes de stress sont nombreuses.
Comment s’y prendre pour veiller au mieux à la santé mentale des collaborateurs ? « Les études le démontrent : on ne peut pas se permettre de faire porter le sujet sur les épaules des collaborateurs en se reposant sur des initiatives de terrain. » Une bonne politique de prévention en matière de santé mentale doit se déployer d’en haut, s’inscrire dans l’organisationnel et s’appuyer sur des actions « soutenues par le leadership, qui vont infuser de façon structurelle ». L’approche est holistique, et mobilise différents leviers : les règles comportementales, l’organisation du travail, le management.
UN ESPACE PROTÉGÉ ET RÉGULÉ
Les règles comportementales d’abord : la santé mentale suppose que l’entreprise soit un safe space pour les collaborateurs. « Notre environnement de travail est centré autour du respect et du soutien mutuels. Nous avons une politique de tolérance zéro vis-à- vis des attitudes délétères, des propos agressifs, des termes inacceptables. Nous appliquons cette politique à la lettre. » L’organisation du travail, ensuite. Une organisation centrée sur la confiance contribue au bien-être mental des salariés, à condition d’anticiper les possibles effets pervers. Ainsi du télétravail : « Le temps de transit vers le lieu de travail peut être source de stress. Chez Alan, les collaborateurs et collaboratrices vont au bureau s’ils le souhaitent. Ils ont la main sur leur emploi du temps. »
Mais la solution n’est pas sans risques, et Juliette Raimbault en a pleinement conscience. « L’un des principaux défis est celui de l’intensité du travail et de l’hyperconnectivité, marqueur de la génération de trentenaires qui représente une grande partie des Alaners. Nous avons mis en place des consignes très strictes en matière de déconnexion, et le leadership s’attache à être exemplaire. Les dirigeants veillent notamment à se ménager des temps consacrés au travail de fond pendant lesquels les notifications sont coupées. Par ailleurs, lors de l’onboarding, nous le disons très clairement : on ne télécharge pas d’applications de travail sur son téléphone personnel. Quand la journée de travail est finie, on ne se reconnecte pas. Il faut éviter le piège à dopamine de l’hyperconnexion. »
L’exemplarité est aussi celle des collaborateurs : « Pour chaque bonne pratique identifiée, nous montrons en exemple un collaborateur ou une collaboratrice qui réussit particulièrement bien à la mettre en œuvre. » Cette politique systématique permet de capitaliser sur les points forts de chacun en matière de pratiques vertueuses pour la santé mentale.
LES BIENFAITS D’UN MANAGEMENT BASÉ SUR LA CONFIANCE
Le management lui-même représente enfin l’un des principaux moyens de prévention de la santé mentale au travail. « La spécificité d’Alan est que la culture interne a été conçue dès le départ comme un produit à part entière. » L’expérience collaborateur est une approche naturelle dans l’entreprise. Les Alaners prennent leurs congés quand ils le souhaitent, et la flexibilité horaire est de mise. En cas de coups durs familiaux ou personnels, des congés supralégaux sont attribués. « Quand on fait confiance aux gens, ils se servent du système à bon escient », explique Juliette Raimbault. Et la santé mentale en sort gagnante : la confiance et l’autonomie favorisent l’estime de soi – à condition que le management soit à la hauteur et sache repérer les situations à risque.
« Chez Alan, nous ne parlons pas de managers, mais de coaches, et nous investissons beaucoup dans leur formation. Ils sont formés aux questions de santé mentale, aux signaux qui permettent de repérer un collaborateur en difficulté, aux bons réflexes à avoir… Il ne s’agit pas de jouer les “sauveurs“ mais de savoir alerter les bonnes personnes, consulter les bons documents, et faire remonter les informations à l’équipe RH. »
LA SANTÉ MENTALE À L’ÉPREUVE DE L’IA
Parmi les motifs d’anxiété au travail, on note en revanche une grande absente chez Alan : c’est l’angoisse, très présente dans beaucoup de secteurs, de voir son métier remplacé ou transformé par le digital et l’intelligence artificielle. « Alan est une entreprise de la tech, et nos équipes sont largement constituées d’ingénieurs et d’analystes, peu sujets à ces peurs. » Juliette Raimbault entend bien faire des RH « un fer de lance en matière d’IA ». Celle-ci permet déjà à l’équipe RH de gagner du temps (par exemple pour répondre aux questions des collaborateurs), pour se consacrer à son cœur de métier, et en particulier… la prévention en santé mentale !
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Crédit photo : Christophe Boulze