Qu’est-ce que… la VAE ?

Dans un monde professionnel en constante évolution, le vocabulaire RH peut parfois sembler complexe. La rubrique INDEX RH a pour objectif de décrypter les grands vocables et concepts de la gestion des RH. Tous les mois, retrouvez une définition claire, accompagnée d’une mise en contexte, de chiffres clés et de conseils. Ce mois-ci : la VAE.
La VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) permet de reconnaître officiellement les compétences professionnelles acquises sur le terrain à travers des diplômes, certifications ou titres professionnels. Depuis son introduction en 1934, le dispositif a progressivement évolué pour faciliter l’accès à la certification, en s’adaptant aux besoins du marché du travail tout en garantissant la valeur des qualifications obtenues. Son développement a permis de mieux accompagner la montée en compétences, d’encourager la mobilité professionnelle et d’offrir une alternative crédible aux formations classiques.
Le processus de la VAE suit trois étapes clés. D’abord, une candidature est déposée sur le site de France VAE, pour vérifier que l’expérience du candidat correspond aux exigences du diplôme visé. Ensuite, un dossier doit être constitué, dans lequel le candidat décrit en détail ses expériences professionnelles et les compétences développées, avec l’aide d’un architecte-accompagnateur pour structurer son parcours. Enfin, un entretien avec un jury d’experts permet d’évaluer la pertinence de son dossier et de valider, totalement ou partiellement, l’obtention de la certification.
Remontons le temps pour comprendre ses origines. La VAE repose sur l’idée que l’expérience professionnelle peut mener à une reconnaissance officielle sous forme de diplôme, titre ou certification. Apparue en 1934, cette notion s’est progressivement structurée avec la loi de 1992, qui introduit la validation des acquis professionnels, et s’est élargie aux formations supérieures.
Un tournant majeur a lieu avec la loi de modernisation sociale de 2002, qui rend la VAE obligatoire pour les diplômes à finalité professionnelle et instaure la Commission nationale de certification professionnelle (CNCP). Aujourd’hui, la VAE constitue un levier stratégique favorisant la montée en compétences et la mobilité professionnelle tout en garantissant la valorisation des qualifications sur le marché du travail.
Sommaire
6 avantages de la Validation des acquis de l’expérience (VAE) pour les entreprises
1. Reconnaître les compétences internes
Les talents en entreprise sont trop souvent sous-exploités, faute de reconnaissance formelle de leurs compétences. La VAE change la donne : elle permet d’identifier les savoir-faire déjà présents et de les officialiser par un diplôme ou une certification. Cerise sur le gâteau : cela renforce la confiance des collaborateurs et leur sentiment d’appartenance, tout en évitant la déperdition des expertises internes.
2. Optimiser le développement des compétences
Former un salarié prend du temps et nécessite des investissements. Avec la VAE, l’entreprise valorise l’expérience acquise sur le terrain et accélère la montée en compétences. Elle réduit ainsi les besoins en formation longue, tout en s’assurant que ses collaborateurs disposent des certifications adaptées aux exigences du marché.
3. Renforcer l’engagement des collaborateurs
Une entreprise qui accompagne ses salariés dans l’obtention d’un diplôme via la VAE envoie un message clair : elle croit en leur potentiel. Ce soutien renforce la motivation et la fidélisation. Les collaborateurs, en voyant leurs compétences reconnues, gagnent en assurance et s’investissent davantage dans leurs missions.
4. Encourager une culture de l’apprentissage
La VAE ce n’est pas juste un beau diplôme à accrocher au mur ; elle installe une dynamique d’amélioration continue. Comment ? En incitant les collaborateurs à formaliser leurs acquis et à réfléchir à leur parcours, elle crée un environnement où le partage de connaissances devient naturel. Résultat : une entreprise plus agile, plus innovante et prête à évoluer avec son temps.
5. Anticiper les évolutions du marché
Les métiers changent, les compétences évoluent, et, sans surprise, les besoins des entreprises aussi. La VAE permet de garder une longueur d’avance en s’assurant que les salariés développent les certifications alignées avec les évolutions du secteur. Un avantage clé pour adapter les équipes aux transformations sans bouleverser l’organisation.
6. Améliorer l’attractivité et la marque employeur
Attirer et retenir les talents est un défi permanent. En proposant la VAE, l’entreprise se positionne comme un employeur soucieux du développement professionnel de ses collaborateurs. Elle montre qu’elle mise sur l’évolution interne plutôt que sur le recrutement systématique à l’externe, ce qui renforce son image et son attractivité sur le marché du travail.
6 erreurs à éviter dans la mise en place de la VAE en entreprise
1. Sous-estimer l’accompagnement des collaborateurs
La VAE est un parcours exigeant : réflexion approfondie sur son expérience, rédaction d’un dossier et préparation d’un oral devant un jury. Sans un accompagnement structuré (mentoring, coaching, aide méthodologique…), les collaborateurs risquent de se décourager et d’abandonner en cours de route. Une entreprise qui néglige cet aspect prend le risque de voir son initiative échouer et ses salariés démotivés face à la complexité du processus.
2. Négliger l’alignement avec la stratégie de l’entreprise
Proposer la VAE sans tenir compte des besoins en compétences de l’entreprise est aussi utile qu’un pansement sur une jambe de bois. Si les certifications obtenues ne correspondent pas aux métiers-clés ou aux évolutions stratégiques de l’organisation, elles n’apportent ni valeur ajoutée aux collaborateurs, ni bénéfices concrets à l’employeur. Une VAE bien pensée doit s’inscrire dans une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC).
3. Imposer la VAE au lieu de la proposer
Une démarche de VAE réussie repose sur la motivation du salarié. Forcer un collaborateur à s’engager dans ce processus sous prétexte d’une montée en compétences obligatoire ou d’une mise à niveau peut se révéler contre-productif. La VAE doit être une opportunité, pas une contrainte. Un salarié qui n’y adhère pas pleinement risque de bâcler son dossier, de subir la formation et de ne pas valoriser la certification obtenue.
4. Minimiser l’investissement en temps et en ressources
La VAE ne se résume pas à un simple dossier administratif : elle demande un investissement conséquent de la part du collaborateur et de l’entreprise. Entre la constitution du dossier, les échanges avec le certificateur et la préparation à l’oral, le salarié doit y consacrer du temps. Une entreprise qui ne prend pas en compte cette charge de travail, en aménageant par exemple les horaires ou en allouant du temps dédié, risque de freiner la réussite du dispositif.
5. Omettre d’intégrer la VAE dans une politique RH globale
La VAE ne doit pas être un dispositif isolé, mais s’inscrire dans une politique de gestion des talents et des compétences cohérente. Si elle n’est pas articulée avec d’autres leviers comme la formation continue, la mobilité interne ou la gestion des carrières, elle perd en efficacité. Une approche intégrée permet d’optimiser son impact et d’assurer une reconnaissance durable des compétences acquises.
6. Oublier le suivi post-VAE
Une fois la certification obtenue, que se passe-t-il ? Si l’entreprise ne prévoit pas de reconnaissance (évolution de poste, nouvelles responsabilités, augmentation de salaire, mobilité interne), la VAE peut être perçue comme une étape sans réelle finalité. Un collaborateur qui voit son diplôme validé mais son poste inchangé risque de se tourner vers d’autres opportunités externes pour valoriser ses nouvelles compétences. Une entreprise doit donc anticiper l’après-VAE et proposer un parcours d’évolution concret.
Chiffres clés
- La VAE a permis de délivrer 251 000 diplômes en 20 ans (Gouv.fr)
- 8 022 personnes avaient déposé un dossier de recevabilité en 2023, soit +19% par rapport à 2022 (Via Compétences)
- La VAE présentait un taux de satisfaction très élevé (87%) en 2024 (SupdeV)
Pour aller plus loin
- VAE : qu’est-ce que la validation des acquis de l’expérience ? (Capital)
- Validation des acquis de l’expérience : Comment le dispositif veut devenir plus attractif (20Minutes)
- Un décret fixe la composition du jury pour la VAE (Lefebvre Dalloz Compétences)
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