Qu’est-ce que… la RSE ?
Dans un monde professionnel en constante évolution, le vocabulaire RH peut parfois sembler complexe. La rubrique INDEX RH a pour objectif de décrypter les grands vocables et concepts de la gestion des RH. Tous les mois, retrouvez une définition claire, accompagnée d’une mise en contexte, de chiffres clés et de conseils. Ce mois-ci : la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises).
La RSE remet en question la vision traditionnelle de l’entreprise centrée uniquement sur le profit. En se préoccupant de son environnement au sens large, elle intègre trois dimensions essentielles : économique, environnementale et sociale. Elle implique que l’entreprise intègre ces préoccupations dans ses activités commerciales et dans ses interactions avec ses différentes parties prenantes.
C’est en 1953 que la RSE prend une dimension académique, lorsqu’Howard Bowen publie « The Social Responsibilities of the Businessman ». En 1984, R. Edward Freeman approfondit cette notion avec son concept de « partie prenante » dans « Strategic Management: A Stakeholder Approach ».
Dans les années 80, la mondialisation et la démocratisation de la télévision éveillent les consciences sur l’impact environnemental des entreprises, amplifié par des catastrophes comme celles de Seveso et Bhopal. Les années 90 voient une attention croissante des consommateurs et des ONG envers la RSE, poussant les États à réglementer. En France, la loi NRE (Nouvelles régulations économiques) de 2001 oblige les entreprises à publier des informations de performance en rapport avec le développement durable. Des entreprises du monde entier participent alors à des conférences internationales (comme le Sommet de la Terre de Rio en 1992 ou le Forum économique Mondial en 2000). L’objectif ? Renforcer leur engagement en matière de responsabilité sociale et environnementale.
Aujourd’hui, la RSE est encadrée par de nombreuses lois nationales et européennes, telles que le devoir de vigilance et la loi PACTE. Malgré ces avancées, il reste du chemin à parcourir. Le 25 septembre 2015, 193 pays ont adopté à l’ONU le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ce programme fixe 17 objectifs à atteindre d’ici 2030 pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous.
Sommaire
Les 6 avantages de la RSE
1. Renforcer l’attractivité de la marque employeur
Les jeunes candidats sont particulièrement sensibles à l’impact social et environnemental des entreprises. Une politique de RSE authentique et vérifiable rend l’entreprise plus attrayante. En adoptant des pratiques responsables, l’entreprise améliore sa réputation et attire des talents de qualité. Une marque employeur forte permet à l’entreprise de se démarquer dans un marché de l’emploi compétitif.
2. Réduire le turnover des employés
Se sentir bien au travail est un élément clé de la RSE. Le baromètre RSE 2022 du MEDEF montre que 83 % des salariés conscients des initiatives RSE de leur entreprise se sentent confiants quant à leur avenir au sein de celle-ci, contre 67 % dans les entreprises sans de telles initiatives. Cette corrélation indique que la RSE contribue à renforcer le sentiment de sécurité et de satisfaction des employés.
3. Donner du sens à l’entreprise
Pour une intégration réussie de la RSE, l’engagement doit venir du plus haut niveau de la direction et être adopté par tous les collaborateurs. La loi PACTE de 2019 permet aux entreprises de devenir des sociétés à mission, inscrivant leur raison d’être dans leurs statuts et définissant des objectifs sociaux et environnementaux. Alors que 9 collaborateurs sur 10 souhaitent trouver du sens à leur travail, cette transformation renforce le sens et l’impact des actions par l’entreprise, rendant son développement plus durable et aligné avec les enjeux planétaires.
4. Proposer de meilleures conditions de travail aux salariés
Les entreprises engagées dans la RSE améliorent significativement le bien-être de leurs employés. Parmi les mesures adoptées, on trouve des horaires flexibles, la possibilité de télétravailler, et un environnement de travail ergonomique et agréable. De plus, elles promeuvent des enjeux sociétaux comme l’égalité homme-femme et l’inclusion des personnes handicapées, par exemple, renforçant ainsi l’engagement et la satisfaction des salariés.
5. Faire des économies
Contrairement à l’idée reçue selon laquelle la RSE serait coûteuse, elle peut générer des économies substantielles. Les initiatives environnementales, telles que la réduction de la consommation d’eau et d’électricité, diminuent les dépenses à court et moyen terme. De plus, un faible turnover réduit les coûts liés au recrutement et à la formation de nouveaux employés. Concrètement, la politique RSE a un impact positif sur la rentabilité des entreprises dans 63 % des cas. Le retour sur investissement de la RSE est donc souvent positif, améliorant leur performance économique globale.
6. Anticiper les évolutions réglementaires
La mise en œuvre d’une politique de RSE implique de respecter la réglementation existante, ce qui prépare également l’entreprise aux futures législations. Par exemple, bien que seules les structures de plus de 500 salariés soient actuellement tenues de réaliser un bilan carbone, de nombreuses PME ont déjà pris l’initiative de le faire et de définir des stratégies pour réduire leurs émissions de GES (Gaz à effet de serre). En anticipant les évolutions réglementaires, ces entreprises se positionnent favorablement pour l’avenir.
Les 6 erreurs à éviter dans la mise en place d’une politique de RSE
1. Manquer d’engagement de la part de la direction
Une démarche RSE efficace commence par un engagement fort de la part de la direction. Les employés prennent exemple sur leurs leaders ; alors que 72 % des collaborateurs estiment que leur manager direct n’est pas engagé sur le sujet de la RSE, un engagement visible et sincère de la direction est donc essentiel pour inspirer et motiver l’ensemble de l’organisation à s’impliquer dans des actions responsables.
2. Adopter une approche superficielle (greenwashing)
Le greenwashing, ou écoblanchiment, consiste à afficher des actions environnementales de manière trompeuse pour améliorer son image sans engagement réel. Les parties prenantes, qu’il s’agisse des clients, des employés ou des partenaires, sont de plus en plus sensibles à l’authenticité des démarches RSE. Pour éviter cette erreur, il est crucial que les initiatives soient sincères, transparentes et aient un impact réel.
3. Négliger la communication interne et externe
Une bonne communication est vitale pour le succès d’une démarche de RSE. Ne pas communiquer efficacement sur les initiatives peut entraîner un manque de compréhension et d’adhésion de la part des employés et des autres parties prenantes. Il est important de partager les objectifs, les actions et les résultats de manière transparente et régulière. En interne, cela permet d’impliquer les collaborateurs et de les motiver. En externe, une communication claire et honnête renforce la confiance et la réputation de l’entreprise.
4. Omettre l’évaluation et le suivi des actions
Pour que la mise en place d’une politique de RSE soit efficace, il est indispensable de mesurer l’impact des initiatives menées. Ne pas évaluer et suivre les actions rend difficile l’identification des succès et des points à améliorer. Mettre en place des indicateurs de performance permet de suivre les progrès réalisés et d’ajuster les stratégies en conséquence. Des audits réguliers et des rapports détaillés sont également essentiels pour assurer la transparence et la crédibilité des actions entreprises.
5. Ignorer les attentes des parties prenantes
Une démarche RSE doit prendre en compte les attentes et les besoins des parties prenantes, notamment celles des collaborateurs. En les impliquant dans la définition et la mise en œuvre des initiatives RSE, l’entreprise peut s’assurer que ses actions sont pertinentes et bénéfiques pour tous, renforçant ainsi son attractivité et sa réputation.
6. Se concentrer uniquement sur les aspects environnementaux
La RSE englobe trois piliers essentiels : l’environnemental, le social et l’économique. Se focaliser uniquement sur les initiatives environnementales au détriment des deux autres aspects peut limiter l’efficacité de la démarche. Une approche équilibrée et intégrée est nécessaire pour répondre aux défis du développement durable. En intégrant ces trois dimensions, l’entreprise peut créer de la valeur de manière globale et durable, pour elle-même et pour la société.
Chiffres clés
- 78% des entreprises interrogées ont une équipe dédiée à la RSE (Baromètre RSE 2024, Vendredi & Kantar) ;
- Pourtant, 62% des salariés estiment que leur entreprise n’agit que partiellement sur les enjeux RSE (“Les attentes des salariés français concernant la politique rse de leur entreprise”, Ifop, mars 2024) ;
- Si 77 % des salariés reconnaissent l’engagement de leur entreprise en matière de RSE, seuls 33 % estiment qu’il est à la hauteur des grands défis mondiaux actuels (Baromètre Cegos 2023 sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises).
Pour aller plus loin
- Sandrine Charpentier : “L’expérience collaborateur doit s’aligner sur les engagements RSE” (Parlons RH)
- CULTURE SOFT (saison 3 – Episode 9) – Cultiver l’engagement pour un futur durable (Lefebvre Dalloz Compétences)
- Démarche RSE : Quel rôle pour la fonction RH ? (convictionsRH)
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