Cultiver le manager coach

Pour transformer la culture managériale et faire face au changement permanent, les managers doivent se donner du temps pour grandir, estime Stéphane Toubiana, directeur de The School Of Life en France.

1. La culture managériale des organisations évolue-t-elle ?

Elle évolue dans un contexte de transformation permanente et d’enchaînement des crises – écologiques, économiques, politiques, sociales… Il en résulte des forces qui jouent en sens opposé :

• La pression du court terme oblige les managers à réagir dans l’urgence, tout en restant focalisés sur les résultats, au risque de provoquer des burn out et une baisse de l’engagement des managers comme des équipes ;
• – En même temps, le changement permanent contraint les managers à s’adapter, à accompagner leurs équipes pour les rendre plus résilientes et coopératives, à rechercher de nouvelles marges de manœuvre pour affronter les transformations.

2. Un management toxique l’est-il par volonté ou par accident ?

Il peut exister des petits chefs qui s’épanouissent dans le micromanagement, mais c’est minoritaire. La plupart du temps, ce qui est en cause, c’est le manque de compétences. Beaucoup de managers sont promus dans une simple logique de carrière, souvent parce qu’ils sont les meilleurs dans leur métier. Il leur manque parfois les clés : intelligence émotionnelle, conscience de soi, empathie, humilité, intégrité, exemplarité, respect, feed-back… Le métier de manager coach, qui accompagne et développe ses équipes, ne s’improvise pas.

3. Quels sont aujourd’hui les principaux freins à une culture managériale épanouissante pour tous ?

En lien avec un manque sur ces compétences humaines clés, il y a le manque de temps – pour se former et prendre du recul. La vision court-termiste freine l’émergence d’une culture managériale épanouissante. On expédie les affaires courantes au lieu de travailler à créer un environnement de confiance et de sécurité psychologique pour les équipes. Un autre frein est la réticence à exprimer sa vulnérabilité. Assumer ses fragilités et ses erreurs renforce pourtant la confiance et n’est nullement incompatible avec la performance.

4. En quoi The School Of Life contribue-t-elle à répondre à ces enjeux ?

L’idée de The School Of Life est d’offrir un espace et un moment où l’on vienne apprendre ce qui ne s’apprend pas à l’école. Nous développons pour les managers des programmes de formation au service de l’engagement, personnel et collectif. Nous leur faisons vivre des moments mémorables qui leur permettent de progresser et d’ancrer des changements. Nous réhabilitons l’otium au sens romain de « loisir intelligent et fécond ». Ce temps que l’on redonne au cerveau permet de gagner en discernement et en lucidité, de créer du sens et de l’éthique, pour acquérir une posture de manager coach. Et nous pouvons définir des parcours sur des sujets spécifiques en fonction des publics et des entreprises.

5. Quelle sera pour vous LA tendance 2025 en matière de culture managériale ?

Au-delà même de 2025, les entreprises vont être amenées à accompagner toujours plus leurs managers pour en faire des leaders, des experts du changement humain, capables de promouvoir la coopération et la performance collective.

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Crédit photo : Marine Lecroart