HR Technologies 2025 : ce qu’il ne fallait pas manquer – Jour 1

Pour sa 3ᵉ édition, HR Technologies France revient, ces 29 et 30 janvier, à Paris, Porte de Versailles, Hall 7.1, avec un thème central, aussi audacieux qu’actuel : « L’inattendu, c’est maintenant ! ». L’occasion pour les plus de 6 000 professionnels des ressources humaines attendus aujourd’hui de se rencontrer, d’échanger, d’apprendre et d’innover collectivement, autour de trois grandes thématiques qui rythment l’événement co-organisé par Closerstill et Parlons RH : la transformation digitale et le futur du travail ; l’expérience collaborateur et la santé mentale ; le recrutement et la gestion des talents. Revivez les temps forts de cette première journée riche en enseignements.
9h, ce mercredi 29 janvier : les portes de la 3ᵉ édition de l’événement désormais incontournable HR Technologies France, s’ouvrent. Plus de 6 000 professionnels des ressources humaines sont réunis aujourd’hui. Tout au long de la journée, les participants sont allés à la rencontre des plus de 145 exposants présents. Entre startups, prestataires de services, ou encore éditeurs de logiciels, tous les plus grands acteurs de l’écosystème RH étaient réunis pour répondre à leurs questions et dessiner le futur de la fonction RH. Les participants ont également eu la chance de découvrir le programme de conférences d’exception de l’événement, composé de plus de 110 prises de paroles (conférences, keynotes, live sessions et études de cas). Au total, ce sont plus de 160 experts RH, dont près de 50 DRH et professionnels RH de renom, qui vont monter sur scène tout au long de ces journées inspirantes et, parfois même, surprenantes.
Sommaire
« L’imprévu, c’est maintenant »… D’accord, mais quel plan de vol pour la fonction RH ?
La journée a débuté sur les chapeaux de roue. Après une brève introduction de Thomas Chardin, dirigeant fondateur de Parlons RH – qui a tenu à rappeler l’importance de donner « les armes » à la fonction RH pour lui permettre d’embrasser l’imprévisibilité –, Frédéric Ferrer, l’un des deux maîtres de cérémonie de l’événement, a interrogé le DRH d’Airbus, Thierry Baril, lors de la keynote d’ouverture intitulée « Face à l’imprévu, quel plan de vol pour la fonction RH ? ». Ce dernier nous offre un parallèle évoquant entre le contexte incertain dans lequel nous évoluons et le secteur de l’aéronautique et spatial, dans lequel l’incertitude et l’inattendu sont monnaie courante. Il met l’accent sur la nécessité à innover et à anticiper pour toujours avoir un coup d’avance sur ce qui est imprévu.
Sur la question de l’IA, le DRH est formel : « Chez Airbus, l’intelligence artificielle est toujours utilisée dans le but de simplifier, faciliter la vie de l’humain. Elle ne remplace aucun métier. Attention, cela ne veut pas dire qu’elle n’implique pas de nouveaux besoins de compétences, au contraire ». Selon lui, l’urgence est donc à la compétence, à la transmission, à l’intergénérationnel pour travailler en harmonie avec la technologie. Autre enjeu majeur en 2025, pour Thierry Baril : le bien-être des collaborateurs, qui sont au cœur de la réussite des entreprises. Pour cela, il préconise, notamment, de repenser les environnements et espaces de travail. Enfin, « La fonction RH s’est évertuée, depuis des années, à être très orientée business. Mon combat est de passer d’un « business partner » à un « business player ». Nous avons une vision holistique des organisations qui font de nous des experts légitimes en termes de stratégie », conclut le DRH d’Airbus.
L’intelligence artificielle : composante indéniable du « future of work »
Qui dit « HR Technologies », dit forcément… technologies. Le programme de la journée s’est donc poursuivi avec plusieurs conférences autour des innovations technologiques les plus en vogue. Parmi elles, l’intelligence artificielle, évidemment, mais aussi la data. En début d’après-midi, Jean-Baptiste Audrerie, co-fondateur de NEXA RH et consultant en stratégie numérique et transformation RH, s’est exprimé lors d’une conférence nommée « Compétences émergentes et IA : aligner stratégie business et développement personnalisé des talents ». L’occasion pour lui de revenir sur l’obsolescence toujours plus rapide des compétences et l’urgence de les développer sans plus attendre, afin de devenir « Future-Proof ».

Un peu plus tard dans la journée, les participants ont pu assister à une table ronde animée par Ouarda Guergour, experte en transformation digitale & transformation des données RH chez Pivopoint. Cette dernière recevait trois experts et professionnels RH pour évoquer la transition de la data vers l’IA : Nicolas Recapet, Executive Vice-Président de Talan, Cédric Meyer, HR Digital Program Director du Groupe Bouygues et Aurélien Fenard, Directeur de la transformation digitale et des données RH de France Travail. Nicolet Recapet souligne l’importance des données RH et les défis liés à l’adoption d’une culture de la donnée au sein des organisations : « Le principal frein aujourd’hui, c’est cette période d’acculturation qui peut être plus ou moins longue selon l’entreprise. Certains collaborateurs peuvent être réticents à changer leurs habitudes de travail ». C’est pourquoi il est essentiel de former l’ensemble des équipes, et particulièrement la fonction RH, pour les aider à se familiariser avec la data, ainsi qu’avec les outils d’intelligence artificielle. « Chez Talan, on a formé tous les collaborateurs, et en particulier l’équipe RH, sur l’utilisation de l’IA et des données, notamment sur la sécurité des données » explique-t-il, avant de conclure « on ne peut pas se contenter d’une seule formation, c’est une technologie qui évolue tellement vite qu’elle nécessite un apprentissage presque constant ».
De son côté, Aurélien Fenard insiste sur l’importance d’une bonne gouvernance des données pour garantir leur qualité et leur disponibilité. « Un SIRH bien structuré permet d’éviter la fragmentation des données et leur stagnation dans des silos. L’objectif est d’avoir un système global où les données sont centralisées, réutilisables et de qualité constante, plutôt qu’une accumulation d’outils isolés », indique-t-il. Des propos validés par Cédric Meyer, pour qui : « les outils d’intelligence artificielle vont encore se transformer dans les trois prochaines années. D’ici là, plus personne ne voudra avoir dix outils différents, mais plutôt une cohérence dans les données et les outils ».
Recrutement et gestion des talents : autres enjeux phare en 2025
HR Technologies, c’est aussi l’occasion pour les professionnels des ressources humaines, de réfléchir aux différents défis qui font la fonction. Le recrutement en est clairement un. Le temps d’une conférence ironiquement intitulée « Arrêtez de vous faire biaiser ! », Paul Baratte, directeur marketing France de Tellent, la créatrice de contenu Adeline Perez, que vous connaissez certainement plus sous le pseudonyme @unamourdechef – connue pour ses vidéos parodiques du monde du travail, à la fois drôles et non dépourvues de vérités –, et Marie-Sophie Zambeaux, fondatrice de Rethink RH, nous ont expliqué comment déjouer les biais pour recruter en toute objectivité.

Une conférence qui débute en humour, avec une vidéo d’Adeline Perez, aka « la RH », spécialement conçue pour l’événement afin d’illustrer les biais cognitifs dans le recrutement. Les trois experts mettent en garde sur les différents biais, de genre, mais aussi d’âgisme. Selon Marie-Sophie Zambeaux, « les biais ont toujours existé et existeront toujours, c’est pourquoi il faut s’en préoccuper. Les risques sont nombreux : clonage, manque d’inclusion, problème de productivité, etc. Ce n’est pas un effet de mode ». Il existerait plus de 250 biais cognitifs. Nos experts nous en partagent quelques-uns : le biais de l’erreur fondamentale d’attribution ou encore le biais de reconnaissance. Pour les limiter, « il faut structurer en avance les entretiens et faire appel à l’intelligence du collectif », indique Marie-Sophie Zambeaux. Adeline Perez, souligne ensuite l’importance de former, de sensibiliser et d’accompagner les managers afin de limiter leurs biais lors des processus de recrutement. La conférence se conclut sur la question de l’IA, qui est « à la fois un remède et un poison, selon comment on l’utilise » pour la fondatrice de RethinkRH. Elle alerte sur le fait que les outils d’intelligence artificielle sont développés par des êtres humains eux-mêmes biaisés, et entraînés sur des données stéréotypées. Donc, l’utiliser oui, mais avec précaution.
Autre conférence marquante aujourd’hui : celle d’Alexandre Imbeaux, Head of talent management products de Lucca. En se basant sur des enregistrements du prochain documentaire de Samuel Durand, auteur des documentaires Work in Progress, il soulève la question des compétences à l’ère de l’incertitude. Des Etats-Unis à l’Europe, les extraits partagés en avant-première donne la parole à plusieurs professionnels qui font bouger les lignes en matière de gestion des compétences. Dans un contexte incertain, où les collaborateurs sont en quête de sens, il devient essentiel de repenser la gestion des talents. Plusieurs solutions pour cela : transformer le management, faire évoluer l’organisation du travail vers plus de polyvalence et de transversalité, ou encore mettre en place une stratégie de reskilling.
Santé mentale : plus que jamais une priorité pour les professionnels RH
La santé mentale des collaborateurs ne cesse de se dégrader depuis la crise sanitaire. Or, une entreprise dont les salariés vont mal, va mal. Et inversement. Il est impératif de faire de la santé mentale une des priorités de la fonction RH en 2025. Et ce n’est pas Michel Lejoyeux, qui dira le contraire. En début d’après-midi, le professeur des Universités et praticien hospitalier a tenu une conférence inspirante et nécessaire sur les signes avant-coureurs de détresse psychologique et les stratégies à déployer pour protéger la santé mentale. Une véritable ode aux émotions, qu’il est impératif, selon lui, d’apprendre à tolérer, à respecter. « Relisez l’Étranger, d’Albert Camus, qui débute ainsi « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas » et dont le manque d’émotion est frappant. Celui qui ne ressent rien m’inquiète beaucoup plus que celui qui ressent. Un salarié émotif, voire révolté, va bien. C’est l’absence d’émotions qui est problématique », explique Michel Lejoyeux. Un discours inspirant et plus qu’utile dans un contexte teinté d’imprévisibilité.
Autre conférence et pourtant même enjeu : plus tard dans l’après-midi, Noémie Guerrin, consultante, auteure et conférencière, a animé une table ronde, accompagnée de Jean Caron, médecin du travail, Sarah Charieyras, déléguée générale de la fondation Sisley et Yohann Cordier, CHRO de Engie. Leur objectif ? Vous donner des pistes d’actions concrètes pour faire de la santé mentale un engagement RH dès aujourd’hui.

Et si on transformait l’inattendu en opportunité ?
Clap de fin. Cette journée riche en émotions et en apprentissages se termine en beauté. Le temps d’une keynote, la philosophe, essayiste et conférencière, Julia de Funès, tente de transformer la menace de l’imprévisibilité en opportunité, pour les entreprises, de se réinventer. Redonner du sens au management, favoriser la prise de risque éclairée, cultiver la confiance… Tels sont ses désirs pour le monde de demain. Julia de Funès démarre avec une analyse philosophique du concept même de peur : « la peur a changé de statut. D’un concept enfantin, puéril, à bannir, elle est désormais perçue comme positive. Aujourd’hui, quelqu’un qui a peur, c’est quelqu’un qui comprend les enjeux, qui est responsable ». Le problème, selon elle, c’est que la peur multiplie le contrôle. « Plus personne ne prend de risque. En entreprise, comme dans la société, on procédure tout. Le surdosage procédural est à abolir », explique-t-elle. La philosophe tente ensuite de déconstruire plusieurs « principes galvaudés » bien connus en entreprise. Premièrement, la posture managériale, qu’elle considère comme étant « une imposture », le learship étant davantage une histoire d’authenticité que de formatage. Ensuite, la bienveillance et le bien-être. « Depuis l’antiquité les idées les plus justes sont celles qui dépassent les contradictions. Il faut oser la contradiction et la confrontation et ne pas la confondre avec de l’humiliation » note Julia de Funès. Cette dernière questionne également la notion de talents : « Désormais, plus personne n’appelle un salarié « un salarié », on ne parle plus que de « talents ». Or, c’est un mensonge de dire qu’il n’y a que des talents au sein des entreprises, il y a aussi des incompétents, des hypocrites, des imposteurs, à l’image de notre société d’ailleurs ».
La philosophe et essayiste conclut cette journée en rappelant aux participants que pour transformer l’inattendu en opportunité, il faut pouvoir prendre des risques et s’émanciper des procédures excessives. Plus que tout, il faut redonner du sens au travail.
Et bien sûr, rendez-vous demain pour la deuxième journée de l’événement HR Technologies 2025, qui – petit spoiler – vous réserve encore quelques surprises !