Cahier de tendances RH 2025 – Postface : Le sens, l’équilibre et l’accompagnement

Vous avez découvert, pendant 3 mois, les 10 thématiques (et 50 tendances RH !) qui façonneront cette année 2025, et celles à venir. Plus de 80 contributeurs – partenaires majeurs de l’écosystème RH, start-up innovantes, experts reconnus et DRH visionnaires – ont apporté leur éclairage sur les grandes lignes de développement des enjeux RH actuels et futurs. Pour refermer ce Cahier de Tendances de « Parlons RH », Stéphane Diagana, champion du monde d’athlétisme et conférencier en entreprise, nous invite à prendre du recul, en évoquant, entre autres, les Jeux Olympiques de Paris 2024, moment de ferveur et de rassemblement qui a su raviver le lien collectif. Il nous rappelle que la performance, qu’elle soit sportive ou professionnelle, repose avant tout sur trois piliers : l’équilibre, l’accompagnement et le sens. Une réflexion essentielle pour façonner des organisations durables et épanouissantes.
On a beaucoup parlé, cet été, de la façon dont les Français se sont retrouvés autour des Jeux olympiques, dans une période difficile pour la cohésion collective. Je n’ai pas été surpris par ce succès. Un événement sportif de cette ampleur mobilise notre capacité à revenir à l’essentiel, à l’universel, à l’humain. Il fait appel à l’émotion, et l’émotion est un langage compris de tous, qui crée des ponts dans une société où il y a de plus en plus de murs, technologiques autant qu’idéologiques. Les JO témoignent du fait que nous sommes fortement en demande de lien. Et que ce lien est à notre portée, si nous savons réunir les conditions nécessaires.
Dans l’entreprise comme dans la carrière sportive, la performance peut être source d’épanouissement, comme elle peut être vecteur d’aliénation. Comment faire en sorte que la recherche de la performance conduise à un développement personnel et collectif, et non à la frustration et à la perte d’estime de soi ? De mon expérience d’athlète de haut niveau, je retiendrai 3 conditions importantes, étroitement liées.
La notion d’équilibre est essentielle. L’effort doit être régulier, constant, mais dosé dans le temps, en évitant les pratiques excessives, en ménageant des temps de repos. En Australie, quitter son travail à 17 h pour aller faire du sport est non seulement normal, mais bien vu : cela signifie que l’on est bien organisé, que l’on s’occupe de soi pour pouvoir rester efficace. Sans cette régularité, sans cet équilibre, la quête de performance peut devenir dangereuse, et susciter le rejet de l’effort, du travail, que l’on entend parfois en France, de façon très compréhensible.
Pour éviter cette réaction, il faut faire appel à une autre notion fondamentale : l’accompagnement. C’est l’une des grandes différences entre le sport de compétition et l’entreprise. Dans le sport, vous avez une équipe, un coach, un préparateur mental. Dans l’entreprise, vous êtes souvent livré à vous-même face à l’injonction de performer. Accompagner, c’est aussi tenir compte des individus dans leur globalité, et comprendre qu’ils ont d’autres objectifs que ceux de l’entreprise – une famille, des projets, des engagements associatifs, des activités sportives… Quand j’étais dans la compétition, je suivais en même temps des études de commerce, qui étaient importantes pour moi. Mon entraîneur a su intégrer le fait que j’avais un projet global de long terme, au-delà du projet sportif pour lequel il m’accompagnait.
Mais nous avons aussi besoin d’accompagnement pour garder notre équilibre sur la durée, pour rester dans la constance de l’effort. Ce qui suppose de savoir où nous allons. C’est la 3e notion essentielle : le sens. Mon entraîneur a toujours pris grand soin de m’expliquer l’objectif de chaque tâche, chaque jour.
Tout avait du sens. En m’entraînant méthodiquement tous les jours, même si chaque étape pouvait paraître insignifiante ou fastidieuse sur le moment, il n’était pas anormal, après tout, que je finisse par devenir champion. Accumuler des tâches banales nous amène à des résultats exceptionnels, chacun dans notre domaine.
C’est la fameuse parabole des 3 tailleurs de pierre : le premier, à qui on demande ce qu’il fait, répond « je taille une pierre ». Le 2e, « je construis un mur ». Le 3e, « je bâtis une cathédrale ». Les 3 font pourtant la même tâche. Mais le 3e garde en tête la finalité supérieure de ses efforts. Bien sûr, cette parabole ne doit pas servir à dire « si tu es malheureux au travail, c’est par ta faute » !
C’est le rôle de l’organisation, du manager, du coach, de faire en sorte que chacun partage la vision de la « cathédrale », qui peut être de nature très différente suivant les projets.La réussite des JO peut nous rester comme un patrimoine commun, comme une référence. Elle nous a prouvé que nous sommes capables de faire de grandes choses ensemble, au-delà de nos différences.
Personne n’est seul responsable de cette réussite : elle est une œuvre de dépassement collectif. Et le fruit d’une organisation à l’écoute des individus dans leurs singularités.
Postface du Cahier de tendances RH 2025 de Parlons RH par Stéphane Diagana, champion du monde d’athlétisme (400 m haies) et conférencier sportif en entreprise.
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Crédit photo : Adidas