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DRH : l’heure a sonné pour requestionner la nature de vos cadeaux d’entreprise !

L’impact affectif des cadeaux d’entreprise aux salariés s’avère extrêmement positif. Malheureusement, c’est au détriment de la planète. Il est urgent d’en changer la nature.

De plus en plus de salariés se montrent attentifs à la responsabilité sociale et environnementale (RSE) de leur entreprise. D’ailleurs, selon la politique qu’elle mène, ils n’hésitent pas à renoncer à un recrutement ou à démissionner de leur poste, surtout les jeunes actifs. Pour eux, œuvrer pour un avenir durable compte tout autant que le montant du salaire. Ce qui se traduit par des initiatives nombreuses de la part des organisations pour réduire l’empreinte carbone des activités humaines. Pourquoi les cadeaux d’entreprise échapperaient-ils à ce mouvement ? Ils participent au réchauffement climatique.

Cadeaux d’entreprise : un impact marketing inégalé

La question n’est pas de savoir s’il faut arrêter ou continuer. En effet, selon une étude CSA de 2017 pour la Fédération Française des Professionnels de la Communication par l’Objet, 89 % des Français trouvent les objets publicitaires sympathiques. 77 % désirent même en recevoir plus. Et la même proportion les conserve. Ces chiffres prouvent l’impact du cadeau publicitaire sur l’attachement à la marque. Ce qui en fait un incontournable en marketing et pour la marque employeur. Il n’y a pas de meilleur outil. Ne pas offrir de cadeau d’entreprise, c’est passer à côté de la réussite dans la création d’une communauté d’adhésion ou de l’impact espéré d’une récompense faite à un collaborateur.

Cela étant, les directions des ressources humaines et commerciales ne peuvent pas continuer leurs pratiques actuelles. Encore moins, si elles souhaitent participer activement à la préservation de la planète. Cet objet, qui fait tant plaisir malgré une utilité très futile, pollue. Et il pollue beaucoup : plastique, acier, métaux… Il est rarement durable et trop peu issu de la filière du recyclage. Pour vous en convaincre, je voudrais vous partager quelques exemples tirés du livre « Quel est le prix des bananes ? » qui mettent en lumière les quantités d’émission de carbone (CO2) :

A l’occasion d’un départ d’un collaborateur ou d’une naissance, votre entreprise a pris l’habitude d’offrir un beau bouquet de fleurs. Pour un mix de 15 tiges cultivées sur le territoire national et vendues chez un fleuriste près du site de l’entreprise, il y aura une émission de 1,7 kg de CO2. S’il s’agit de roses venues des Pays-Bas ou du Kenya, ce taux passera à 2,4 kg de CO2. En revanche, si ces fleurs sont cultivées et vendues localement, il n’y aura que 110 g de CO2. Et si elles proviennent du jardin d’un ou plusieurs autres salariés, et en l’absence de fertilisant, il n’y aura aucune émission supplémentaire !

Dans le cadre d’un déplacement à Hong-kong, votre commercial basé à Londres va utiliser l’avion. C’est l’entreprise qui prend en charge la dépense. Vous lui laissez choisir sa place. S’il opte pour la classe économique, le taux d’émission sera de 3,5 tonnes de CO2. Pour la classe business, il sera de 10 tonnes de CO2. Et pour la première classe, il sera de 13,9 tonnes de CO2.

Un impact environnemental et d’image

Ces deux exemples montrent l’importance d’amener l’éco responsabilité au bureau, et notamment à travers les cadeaux d’entreprise. Pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique et continuer à offrir des cadeaux, optez pour des produits de qualité, de proximité, et ayant le taux d’émission de carbone le plus bas possible. Ainsi, a minima, pour un budget équivalent, il est préférable d’offrir 1 000 paniers en osier réalisés par un artisan local que 10 000 stylos fabriqués en Chine. Tout simplement parce que l’entreprise associe son image à l’objet. Ce dernier, qui caractérise dans la mémoire un événement, doit donc être très réfléchi et ne pas envoyer de mauvais message aux personnes auxquelles il est offert.

En réalité, la fonction RH peut faire beaucoup mieux. D’un côté, elle peut s’attacher à développer une démarche écoresponsable en privilégiant le local, plutôt que des produits nécessitant la consommation de kérosène. Il y a là une similitude avec le développement de la filière bio dans l’agriculture. Son impact positif n’est vrai que pour une production locale.

Dès lors, l’entreprise a deux choix possibles. Soit, elle choisit un objet qui apporte une utilité toute relative. Ce qui a peu d’importance puisque bien souvent la personne qui reçoit un tel cadeau développe une hyperaffectivité en y attachant des émotions et des images pour se souvenir du moment associé et se soucie peu de l’utilité. Le cadeau devient un objet de collection rangé dans un tiroir ou posé sur une étagère.

Soit, elle opte pour des objets respectueux de la planète et utile, comme un bloc-notes, une gourde d’eau réutilisable ou un objet en matière recyclé. Ici, elle peut renforcer un peu plus l’attachement, car l’expérience de l’usage va accentuer le sentiment d’appartenance et la fierté de le montrer régulièrement à d’autres personnes.

Une RSE volontariste

D’un autre côté, elle peut choisir d’être beaucoup plus volontariste dans la lutte contre le réchauffement de la planète. Et les initiatives sont nombreuses : elles ne reposent pas sur la production d’un objet. Par exemple : la replantation d’arbres. Toujours selon le livre “Quel est le prix des bananes?”, une telle action sur une surface de 100 mètres carrés permet de réduire de 5 tonnes les émissions de carbone. Pour une surface d’un hectare, cette réduction passe à 500 tonnes de CO2.

Mais le meilleur impact environnemental vient de la plantation de nouveaux arbres. En permettant la création d’une surface plantée de 900 millions d’hectares soit près de quatre fois la superficie de la France, il serait possible d’abaisser de 200 millions de tonnes les émissions de carbone ! Mieux ! Alors que les inondations soudaines et violentes ont largement dominé l’actualité ces derniers mois, l’arrivée de nouveaux arbres permettrait d’augmenter la rétention d’eau et baisser l’assèchement des terres.

Voilà pourquoi, il ne faut pas arrêter les cadeaux d’entreprise aux salariés. En revanche, et je viens de vous en faire la démonstration, il est souhaitable que les DRH requestionnent la nature des présents offerts. Dans cette période un peu charnière de notre histoire moderne, ils peuvent aider efficacement leurs employés à garder de l’optimisme, à se réengager dans l’entreprise et renforcer les liens autour d’une communauté. Après avoir été éloignés des locaux, ils aspirent à plus de sens dans les démarches de l’entreprise. La nature du cadeau reçu va y contribuer fortement.

Crédit photo : Treedom

Federico Garcea est un entrepreneur social avec plus de 12 ans d’expertise dans le domaine de l’environnement et du changement climatique. Titulaire d’un master en sciences politiques et en économie, il a travaillé et étudié au Danemark, en Espagne et en Italie. Il est le fondateur et le PDG de Treedom depuis 2010.

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