Coming out au travail : un handicap pour les jeunes LGBT

Boston Consulting Group a réalisé une étude sur la perception du monde du travail par les étudiants et jeunes diplômés LGBT. Le bilan est mitigé : plus d’un jeune LGBT sur deux cacherait son orientation sexuelle au travail. Analyse.

Cacher ou mentir ? Telle est la question des jeunes LGBT au travail

Si le coming-out tend à rentrer progressivement dans les mœurs, il n’en reste pas moins une étape importante à franchir pour les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels). L’enquête de Boston Consulting Group révèle que 58% des personnes interrogées jugent que faire son coming out au travail représenterait un handicap potentiel pour leur carrière. Un chiffre qui augmente pour les lesbiennes (64%) et les trans (78%).

S’ils sont amenés à évoquer leur vie personnelle au travail, 34% des LGBT interrogés avouent éviter de dévoiler le sexe de leur partenaire et 11% préfèrent mentir en se faisant passer pour célibataire ou en relation hétérosexuelle. Une situation très paradoxale lorsqu’on apprend dans cette même enquête que 63% des répondants LGBT déclarent avoir effectué leur coming out auprès de leurs proches.

[Tweet « Étude @BCGinFrance : 1 jeune #LGBT sur 2 cache son orientation sexuelle au #travail »]

Faire son coming out au travail : des disparités selon les régions et les secteurs d’activités

Sur les sujets LGBT, 52% des personnes interrogées estiment que les entreprises françaises sont en retard par rapport à leurs voisins européens : c’est une évolution importante puisqu’ils étaient 67% à le penser en 2015.
Néanmoins, on constate une disparité forte selon le lieu d’habitation des participants français du panel : seulement 42% des Parisiens pensent que les entreprises françaises sont en retard contre 56% en province.

Par ailleurs, les sondés estiment que certains secteurs d’activités sont moins LGBT-friendly que d’autres. Dans le top 3, on retrouve les secteurs de la finance (59%), de l’industrie (57%) et des biens de consommation (50%).

L’économiste Thierry Laurent du centre d’étude des politiques économiques de l’université d’Evry-Val d’Essonne expliquait dans une interview du journal Le Monde que la différence de salaire entre un LGBT qui révèle son orientation sexuelle à son employeur par rapport à celui qui la cache serait de 1 200 euros par an.

« On sait aussi depuis longtemps que le fait de cacher son orientation sexuelle, ce qu’on appelle les « stratégies actives de dissimulation », peut avoir d’importants effets psychologiques, avec des conséquences sur la santé et sur l’efficacité au travail. Or si vous êtes moins productif, vous risquez d’être moins bien rémunéré ! ».

A noter également que les hommes homosexuels gagnent en moyenne 6 % de moins que les hétérosexuels dans le privé, et 5 % de moins dans le public : un écart qui rappelle étrangement ce que peuvent subir aujourd’hui certaines femmes sur le marché du travail.

[Tweet « #Rémunération : un homme homosexuel touche entre 5 et 6% de moins qu’un hétérosexuel ! »]

Marque employeur : mettez votre culture LGBT en avant !

Si les résultats sont à relativiser (le panel ne comprend que 165 répondants LGBT et la représentativité des profils est inconnue), ils offrent toutefois des pistes de réflexion intéressantes pour les acteurs de la fonction RH.

En effet, l’enquête dévoile trois actions attendues par les étudiants et les jeunes diplômés de la communauté LGBT :

  1. Inscription de la non-discrimination dans les valeurs de l’entreprise
  2. Adhésion à une charte nationale ou internationale de défense des droits LGBT
  3. Mise en place de session de formation sur la diversité

Des actions importantes à mettre en place que nous vous avons recommandé dans un précédent article. La  fondation Workplace Pride, qui récompense chaque année les employeurs et leur politique RH, a dévoilé fin 2015 le top 10 des entreprises les plus LGBT-friendly. Parmi elles, deux entreprises françaises : BNP Paribas et Sodexo.

[Tweet « .@BNPParibas et Sodexo sont les 2 entreprises FR les plus #LGBT-friendly selon @WorkplacePride »]

Si vous souhaitez faire une entrée fracassante dans le classement, sachez que des associations comme l’Autre CercleHomoboulot, et l’Inter-LGBT (liste non exhaustive) peuvent vous accompagner dans vos démarches.


Quelques lectures complémentaires :

Sources : BCG, Les Echos, Le Monde
Crédit Photo : Shutterstock.com

Spécialisé dans la communication digitale, Thomas accompagne les acteurs RH dans le déploiement de leurs stratégies de communication sur internet. Diplômé de deux Master II en Politique de communication (UVSQ) et Métiers de l’information et de la communication (Institut Catholique de Paris), il a également acquis une expertise en rédaction de contenus et en communication interne.

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