Marque employeur : l’alimenter, la distinguer, la faire vivre
[DOSSIER 2/3] Un précédent article vous a permis de revivre la relation en dents de scie entretenue pendant vingt ans entre les entreprises françaises et leur marque employeur. Depuis deux ou trois ans, celle-ci fait un retour en force en tant que sujet prioritaire pour les DRH, et tous les éléments sont rassemblés aujourd’hui pour qu’elle le reste longtemps. Comment construire un socle solide pour asseoir votre marque employeur ? Comment l’alimenter, la distinguer et la faire vivre d’ici à 2020 ? Tour d’horizon des fondamentaux.
Sommaire
Comme toute marque, la marque employeur doit être porteuse d’une promesse auprès de ses cibles principales. Cette promesse est un préalable indispensable pour exister. Curieusement, la mise en place d’une promesse employeur n’est pas automatique en France, y compris au sein des grandes entreprises pourtant a priori plus en pointe sur le sujet que les PME. D’après une étude du cabinet Universum conduite en 2016 auprès de 2 500 professionnels RH dans 30 pays, seule une entreprise sur deux considère la promesse employeur comme la pierre angulaire de sa marque employeur. La même étude révèle cependant que 65% des organisations de 1 000 à 10 000 salariés planifient le développement de cette promesse dans un avenir proche. La prise de conscience est donc là, du moins au sein des grandes structures.
Premier commandement dans une société que la digitalisation rend chaque jour plus demandeuse de transparence : la sincérité. D’après une étude du Boston consulting group consacrée à la génération Y, le meilleur moyen d’engager et d’attirer les talents est de donner l’image la plus sincère possible de l’entreprise. De fait, les candidats veulent connaître la réalité de la vie chez l’employeur potentiel, les gens avec qui ils seront amenés à travailler, la nature précise des missions qu’on leur confiera. L’employeur a tout intérêt à prendre en main lui-même la diffusion de ces informations sans chercher à les enjoliver ou les travestir, car elles circulent déjà souvent sur les réseaux sociaux. De fait, selon une autre étude de Webershandwick, 50% des employés postent déjà des commentaires ou contenus concernant leur employeur, dont plus d’un tiers sans que ce dernier n’en ait connaissance. Notons aussi que 15% d’entre eux postent des avis négatifs.
La sincérité de la promesse n’étant pas négociable, il apparaît dès lors moins évident de diffuser un message original, réellement différenciant vis-à-vis de la concurrence. Beaucoup d’entreprises se focalisent ainsi sur des promesses banales : le développement professionnel, l’épanouissement personnel et l’ambiance de travail, voire l’innovation. Mais quelle entreprise, aujourd’hui, ne s’efforce pas de développer ses talents ? Quel groupe ne s’emploie pas à innover ? Avoir la même promesse que tous les concurrents, c’est aux yeux des candidats n’en avoir aucune.
Effectuer un benchmark de perception externe, mais également interne auprès des collaborateurs, peut apporter une aide précieuse pour construire une promesse employeur singulière, originale, à même de marquer les esprits. Qui, mieux que les collaborateurs en poste, connaît les atouts de son entreprise en tant qu’employeur ? Qui, mieux qu’eux, connaît les valeurs en cours au sein de l’entreprise ? Une fois la promesse élaborée et validée par la Direction de l’entreprise, puis testée auprès des salariés et d’un panel de candidats, la marque employeur va disposer d’un socle pour communiquer selon une ligne éditoriale précise.
Mettre en lumière sa différence ne passe pas que par l’originalité de la promesse : la créativité avec laquelle celle-ci sera mise en scène est tout aussi importante, et va se jouer à deux niveaux :
En résumé, se distinguer le plus possible de la concurrence est un impératif, mais il ne faut pas s’y plier dans l’improvisation. La démarche doit être sérieusement pensée en amont et rigoureusement encadrée dans sa mise en œuvre.
Il ne suffit pas de choisir le bon média pour toucher ses cibles : la nature et le ton du propos sont évidemment décisifs. Raconter par le menu l’histoire de l’entreprise ne correspond pas aux attentes actuelles des candidats. Les témoignages formatés sur les conditions de travail ont, eux aussi, fait long feu. Les contenus à même de porter la marque employeur peuvent être aujourd’hui de tous ordres, dès l’instant qu’ils sont à la fois informatifs sur l’entreprise et attrayants dans la forme. À titre d’exemple, il est possible de parler :
Quels que soient les sujets abordés pour donner de la consistance à une marque employeur, l’essentiel est de rester vrai et… de ne pas se prendre trop au sérieux. L’humour est toujours un signe fort de qualité d’ambiance au travail et d’esprit d’équipe, plus éloquent que les déclarations d’intention dans ce domaine.
Venons-en à présent à ce qui constitue la grande faiblesse de la marque employeur en France, la raison pour laquelle elle n’a su ou pu apporter, en vingt ans, un bénéfice pérenne à l’entreprise.
Les organisations qui intégreront les premières cette vérité prendront dix ans d’avance sur les autres : la marque employeur ne se limite pas à un outil destiné au seul recrutement. Comme évoqué dans le précédent article de ce dossier, elle adresse bien d’autres cibles que les candidats. La première d’entre elles, celle qui joue le rôle le plus important au sein de l’entreprise, mais également au-dehors, est le salarié. Selon l’étude Universum déjà citée, près de 70% des entreprises concentrent leurs efforts sur le on-boarding et la qualité de l’expérience candidat : parallèlement, elles sont moins de 20% à s’intéresser au départ des salariés à travers le prisme de la marque employeur. Comment, à l’heure du digital roi où les informations circulent librement et à grande vitesse sur les réseaux sociaux, une telle hérésie stratégique est-elle possible ?
Attirer les talents est une chose, les fidéliser en est une autre. Y parvenir implique de tenir ses promesses sur le court, le moyen et le long terme, et ce pour deux raisons majeures :
Le grand défi de la marque employeur est aujourd’hui de grandir et de rayonner à l’extérieur à travers les collaborateurs de l’entreprise. Il ne s’agit pas d’une option, mais d’un impératif imposé par les usages digitaux qui prévalent maintenant dans toute la société, et pas seulement chez les générations Y et Z.
Il existe aujourd’hui une prise de conscience, chez de nombreux employeurs, de la nécessité d’optimiser l’expérience salarié. Dérivé de la notion d’expérience candidat, elle-même inspirée de l’expérience client, ce vocable témoigne par son existence même d’un changement de regard sur la relation employeur-collaborateur. Pour l’heure, ce regard reste hélas trop déconnecté de la marque employeur. Ceci fera l’objet du troisième article de ce dossier.
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Un grand merci pour cet article inspirant...