Peut-on vraiment souffrir de trop aimer (son travail) ? Il semblerait. Le 14 février, date bien connue de tous les amoureux, marque aussi la Journée mondiale du burn-out. L’occasion de mettre en lumière une problématique trop longtemps passée sous silence : le burn-out des professionnels des RH. En effet, si la santé mentale des collaborateurs est devenue l’un des enjeux prioritaires de la fonction RH, qui s’occupe de son bien-être à elle ? Au programme : pas de bouquet de fleurs ni de boîte de chocolat, mais tout de même une déclaration d’amour, faite de décryptage, de chiffres clés et d’actions concrètes pour comprendre et prévenir votre épuisement professionnel !
Sommaire
Les chiffres sont effarants. En 2022, à la sortie de la crise sanitaire, 82 % des DRH se déclaraient au bord de l’épuisement, selon le Baromètre publié par Payfit et les éditions Tissot. L’année suivante, la situation ne s’améliorait guère : 64 % des personnels RH se considéraient en détresse psychologique, 63 % souffraient d’un burn-out, dont 34 % de manière sévère, d’après le baromètre Empreinte humaine et OpinionWay.
Plus récemment, un rapport d’enquête menée par Sage auprès de 1 000 cadres dirigeants et DRH en 2024, apporte une confirmation supplémentaire : 95 % des responsables RH estiment que leur travail est accablant en raison d’une charge excessive. En effet, 57 % d’entre eux indiquent que leur volume de travail a augmenté entre 2024 et 2023, dans le dernier baromètre Gereso. Autre raison de leur mal-être : un stress continu. D’ailleurs, 84 % d’entre eux affirment être fréquemment soumis au stress et 81 % signalent se sentir épuisés. Herbert Freudenberger, qui a posé le terme « burn-out » en 1974, n’imaginait sans doute pas qu’un demi-siècle plus tard, la profession RH en deviendrait l’une des premières victimes.
Le paradoxe est assez cruel : ceux qui veillent au bien-être des collaborateurs sont finalement les premiers concernés par l’épuisement et le burn-out. Si les professionnels des ressources humaines sont de plus en plus nombreux à tirer la sonnette d’alarme, c’est en partie parce qu’ils sont soumis à une pression éreintante. Pris en étau entre la direction et les salariés, les enjeux de performance d’un côté et la qualité de vie au travail de l’autre, la fonction RH s’épuise. Et plusieurs raisons peuvent l’expliquer.
Premièrement, ce n’est un secret pour personne, le monde du travail évolue, les métiers se transforment, les crises se multiplient. Et les professionnels des RH sont en première ligne de ces mutations. En plus de leurs fonctions traditionnelles qui se complexifient – recrutement, fidélisation des talents, développement des compétences, gestion administrative –, de nouveaux enjeux fleurissent – marque employeur, santé mentale, RSE –, rendant leurs missions de plus en plus polyvalentes et complexes. Sans parler de l’arrivée de l’IA sur le marché du travail et de l’anxiété qui l’accompagne.
Ajoutons à cela la pression émotionnelle intense que requiert ce métier. En effet, les professionnels des RH jouent un rôle de confident auprès des salariés. Ils sont impliqués dans la gestion des conflits et, parfois, amenés à annoncer de mauvaises nouvelles en cas de licenciement, notamment. Cette charge émotionnelle, pas toujours prise en compte, est pourtant un facteur d’usure majeur.
Enfin, on oublie souvent que les professionnels RH sont, eux aussi, des collaborateurs de l’entreprise. Tout comme les salariés, ils peuvent être soumis à des problèmes managériaux, ou à un manque de reconnaissance et de valorisation de la part de leur supérieur, ce qui impacte directement leur bien-être au travail.
Mais alors, l’épuisement professionnel quand on est en RH, c’est inévitable, docteur ? Heureusement, non. S’il est en effet inquiétant, ce n’est pas pour autant une fatalité. La rédaction de Parlons RH vous livre trois pistes d’action à activer dès maintenant pour prévenir les burn-out et chouchouter sa relation au travail.
1. Apprendre à dire « non », ou au moins à prioriser
Comme dans tout type de relation, pour se préserver, il faut savoir dire non. Tout accepter sans distinction mène à l’épuisement. En tant que professionnel RH, vous devez apprendre à fixer des limites, aux autres, mais aussi à vous-mêmes, et à prioriser vos missions. Pour cela, si vous sentez que vous allez être dépassé, prenez un moment en début de journée pour classer vos différentes tâches selon leur niveau d’urgence et d’importance : à savoir, urgent et important, urgent mais pas important, important mais pas urgent. C’est ce que permet de faire la matrice d’Eisenhower. Débutez par les missions urgentes et importantes et si nécessaire, reportez au lendemain les tâches qui le sont moins.
2. Appeler les outils numériques à la rescousse !
À l’heure de la digitalisation et de l’intelligence artificielle, la fonction RH a tout intérêt à tirer profit des solutions digitales. Pourquoi ? Premièrement, parce que les outils numériques, tels que les IA génératives et autres outils d’automatisation, permettent de faire gagner un temps précieux en se délestant des tâches chronophages et répétitives. Par conséquent, vous, professionnels des RH, avez plus de temps à accorder aux missions à forte valeur (humaine) ajoutée… Mais aussi, pour souffler.
Deuxièmement, parce qu’il existe désormais des outils digitaux permettant de mesurer et d’évaluer les risques psychosociaux mais aussi le degré de bien-être au travail des équipes. En fonction des résultats, des stratégies peuvent ainsi être mises en place pour améliorer les conditions de travail des salariés. Et étant vous-même des collaborateurs à part entière de l’entreprise, ces outils peuvent également servir à améliorer votre propre quotidien.
3. CO-MMU-NI-QUER (avec la direction, mais pas que)
Tout le monde le sait : les meilleures relations reposent sur la communication et l’écoute. Il en va de même dans la relation avec son entreprise. Trop souvent, les professionnels RH supportent une charge mentale écrasante sans jamais la verbaliser. Pourtant, alerter les dirigeants sur la surcharge de travail est une nécessité. Alors, n’attendez plus pour instaurer des espaces de dialogue réguliers, négocier des ressources supplémentaires ou réclamer un soutien psychologique si besoin.
Et parce que parfois une oreille extérieure est toujours la bienvenue, l’ANDRH a mis en place un dispositif d’écoute, confidentiel et anonyme, disponible 24h/24 et 7j/7 à destination de ses membres. Son objectif ? Offrir aux professionnels des RH une oreille attentive sur toutes les problématiques qu’ils rencontrent au quotidien. Autre possibilité : rejoindre des communautés ou encore participer à des événements dédiés aux ressources humaines pour rencontrer des pairs avec lesquels échanger autour de sujets communs.
4. Dire stop à la relation toxique avec son travail
Dernier conseil et pas des moindres. La tendance des relations toxiques et des amours passionnelles est révolue depuis longtemps. Oui, vous aimez votre travail et on vous en remercie. Pour autant, vous devez aussi apprendre à penser à vous. Travailler sans relâche, ne jamais décrocher, répondre aux sollicitations en dehors des horaires décents de travail… Tout cela ne fait que vous épuiser un peu plus. Réfléchissez aux leviers de votre propre bien-être au travail afin de pouvoir les mobiliser lorsque vous vous sentez sous l’eau. Ces petits moments peuvent prendre plusieurs formes : des pauses plus fréquentes, un café avec un collègue que vous appréciez, une séance de méditation guidée… voire, quelques jours de congés bien mérités ! Apprenez également à mieux gérer votre stress en utilisant notamment des techniques de respiration, d’ancrage ou encore de cohérence cardiaque.
Et si, en 2025, vous entreteniez une relation plus saine avec votre travail ?
Crédit photo : Shutterstock / Blackday
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