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Derrière le télétravail, une nouvelle cartographie des inégalités

Le télétravail s’est imposé dans le paysage professionnel, mais est-il vraiment devenu la norme pour tous ? Comment les accords d’entreprise encadrent-ils cette nouvelle organisation du travail ? Quels secteurs et quelles catégories de salariés en profitent le plus ? Alors que certaines entreprises, notamment aux États-Unis, commencent à faire marche arrière, il est temps de faire le point sur une pratique aussi plébiscitée… qu’inégalement partagée. Décryptage avec cette infographie réalisée par l’Insee.

Le télétravail, devenu la norme pour une partie des salariés

Il y a cinq ans, la pratique du télétravail était encore marginale dans le secteur privé. En 2019, seuls 4 % des salariés y avaient recours au moins une fois par mois. Une autre époque. Aujourd’hui, en 2024, c’est 22 % des salariés qui télétravaillent régulièrement. En clair : 1 salarié sur 5, toutes activités confondues, travaille désormais depuis chez lui ou ailleurs au moins une fois par mois. Une transformation profonde, qui illustre à la fois les effets durables de la crise sanitaire et la banalisation d’un mode d’organisation plus flexible.

Mais au-delà des chiffres, c’est toute la culture d’entreprise qui évolue. Le télétravail n’est plus une exception tolérée, c’est une composante intégrée du fonctionnement des organisations. Et pour encadrer cette évolution, les entreprises n’ont pas tardé à formaliser les règles du jeu.

Des accords pour structurer la pratique

Si le télétravail s’est imposé dans les usages, il s’est aussi professionnalisé. En 2022, 55 % des accords d’entreprise encadrant le télétravail prévoyaient une limite de deux jours maximum par semaine. Une organisation qui semble faire consensus : elle permet de bénéficier des avantages du travail à distance sans rompre le lien collectif.

Comparons avec 2019 : cette même année, les accords étaient bien plus restrictifs. 66 % d’entre eux autorisaient un seul jour de télétravail hebdomadaire, et à peine 4 % en permettaient trois ou plus. En trois ans, les curseurs se sont nettement déplacés. Le télétravail s’est imposé comme une réalité, mais dans des limites encadrées, pour maintenir équilibre, performance et cohésion.

Le télétravail ne se pratique pas partout de la même manière

La généralisation du télétravail masque en réalité de fortes disparités entre les secteurs. Dans la finance et l’information-communication, la pratique est presque devenue la norme : 60 % et 75 % des salariés y télétravaillent. Des chiffres bien au-dessus de la moyenne, tirés par la nature même de ces métiers, souvent réalisables à distance sans perte d’efficacité. Résultat : dans ces secteurs, on observe un télétravail plus fréquent — jusqu’à 2,3 jours par semaine en moyenne — contre seulement 1,8 jour ailleurs.

Mais ce n’est pas qu’une affaire de secteur, c’est aussi une question de statut.

Un privilège encore très marqué chez les cadres

Aujourd’hui, deux cadres sur trois télétravaillent. En revanche, pour les professions intermédiaires, ce chiffre chute à 2 sur 10. Et pour les employés, il n’y a qu’un salarié sur 10 concerné. La ligne de fracture est nette, et elle pose question sur l’égalité d’accès à cette flexibilité.

En parallèle, plus une entreprise compte de cadres, plus les autres salariés bénéficient aussi de télétravail. Un salarié non-cadre dans une structure comptant plus de 40 % de cadres a 12,2 points de probabilité en plus d’y accéder, comparé à un salarié dans une entreprise avec peu de cadres (moins de 20%).

Et les femmes dans tout ça ?

Elles télétravaillent plus que les hommes. À caractéristiques égales, une femme a 6,4 points de probabilité en plus d’avoir accès au télétravail mensuel. Est-ce le reflet d’une plus forte demande de flexibilité pour articuler vie pro et vie perso ? Ou bien une stratégie d’ajustement face aux inégalités persistantes ? La question reste ouverte, mais les chiffres, eux, sont clairs.

Le télétravail s’est imposé dans le paysage professionnel comme une évidence pour une partie croissante des salariés. Structuré par des accords d’entreprise, intégré dans les pratiques managériales, il est désormais bien plus qu’une mesure exceptionnelle. Pourtant, cette évolution reste à deux vitesses. Secteurs d’activité, statut, genre : l’accès au télétravail reflète encore les inégalités qui traversent le monde du travail. Si l’on veut que cette forme d’organisation tienne réellement sa promesse de flexibilité, elle devra demain rimer avec équité.

Source : Insee

Stéphane a développé son appétence pour la création de contenus au cours de plusieurs expériences variées, en start-up et en agence. Passionné par l’univers des ressources humaines, tout particulièrement par la marque employeur et le recrutement, il officie chez Parlons RH en qualité de Content Manager. À la suite de sa licence Économie-Gestion, il obtient un Master 2 en Communication et Management du sport à l’ESG Management School de Paris.

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