études RH

Les 3 grandes tendances de l’expérience collaborateur en 2022

Notre 5e Baromètre national de l’expérience collaborateur vu par les acteurs RH nous emmène cette année au pays du « Future of Work » et du travail hybride. L’année dernière, nous devinions déjà le fossé que la crise sanitaire, phénoménal accélérateur de transformation RH, avait révélé entre les entreprises les plus en pointe en matière d’innovation humaine et les entreprises les plus conservatrices, attachées au « monde d’avant ». Cette année, avec nos partenaires, LumApps, Arago Consulting, Groupe Up, Wittyfit, Workday, Groupe Crédit Agricole S.A., SD Worx, Uber for Business et Le Lab RH, nous avons interrogé les professionnels RH sur leur stratégie face à la nouvelle donne RH des années 2020. Nous avons retenu ici 3 tendances parmi les nombreux enseignements de notre étude.

La pratique de l’expérience collaborateur atteint la barre des 50%

La proportion d’entreprises répondantes qui affirment mettre en pratique les principes de l’expérience collaborateur a doublé depuis 2019 : elles étaient alors 25%, elles sont aujourd’hui 50%. Une part croissante de ces entreprises pratiquantes déclare avoir franchi le pas de l’expérience collaborateur depuis plus de 3 ans : nous les appelons les « précurseurs », et ils représentent désormais une entreprise sur 10 au total (contre 5% en 2019). Dans le même temps, les « réfractaires », ceux qui ne pratiquent pas l’expérience collaborateur et n’ont pas l’intention de le faire, sont de moins en moins nombreux, mais continuent à représenter 17 % des entreprises.

Les professionnel RH prennent donc de plus en plus au sérieux la question de l’expérience collaborateur. Qu’entendent-elles exactement par cette expression ? L’expérience collaborateur, rappelons-le, est une notion de marketing RH, qui implique la segmentation des salariés en différentes cibles, la mesure des besoins et attentes des différents publics, la conception d’actions pour y répondre, puis la priorisation, la mise en œuvre et l’évaluation de ces actions. Or, une forte minorité (45%) des répondants ne semblent pas pleinement percevoir cette dimension « marketing RH », qu’ils soient pratiquants ou non de l’expérience collaborateur. Par ailleurs, près des deux tiers des entreprises (pratiquantes ou non) ne sont pas équipées d’une solution digitale d’écoute et de suivi des ressentis des salariés. Si la prise en compte de l’expérience collaborateur connaît une diffusion constante et bienvenue, il reste une marge de progression élevée en matière d’appropriation qualitative du concept.

L’entreprise hybride est devenue la norme

On dit souvent, à juste titre, que le télétravail n’est possible que pour une fraction de salariés. Mais on oublie souvent qu’il concerne la quasi-totalité des entreprises ! Selon notre baromètre, 98 % d’entre elles emploient des salariés dont le métier est au moins partiellement réalisable à distance. Ce qui signifie que ces entreprises doivent gérer, de fait, une problématique d’organisation hybride du travail : elles doivent manager les différents temps et lieux de travail des salariés qui peuvent télétravailler, et gérer la coexistence et le travail d’équipe entre collaborateurs aux modalités d’organisation différentes. De fait, 78 % des répondants déclarent avoir mis en place une organisation hybride du travail. Ce chiffre monte à 89 % pour les entreprises pratiquantes de l’expérience collaborateur, contre 67 % pour celles qui ne le sont pas.

Les confinements ont profondément modifié le rapport des actifs à l’organisation du travail. Les collaborateurs ne se sont pas réveillés un matin en se disant « c’est fini, maintenant je ne travaille plus qu’à la maison » ; mais les salariés comme les managers ont expérimenté concrètement des situations et des outils qui n’étaient utilisés que par un petit nombre avant la crise sanitaire. Une expérience massive et partagée : voilà ce qui manquait au travail hybride pour passer d’utopie à modalité pratique

L’hybridation du travail n’est pas un choix : elle s’impose, comme on l’a vu, à l’ensemble des entreprises. Mais toutes n’en ont pas pris conscience. Un tiers des non-pratiquantes n’ont pas tiré les conséquences de la nouvelle situation en adaptant leur organisation du travail.

Les entreprises pratiquantes concilient mieux les temps de vie

L’un des enjeux majeurs de l’organisation hybride du travail est la conciliation de la vie professionnelle et de la vie personnelle. La problématique n’est pas nouvelle, mais l’hybridation, en brouillant la frontière entre les lieux et les temps, la rend particulièrement sensible et urgente. Notre baromètre montre que les précurseurs (pratiquants de l’expérience collaborateur depuis plus de 3 ans) nettement plus que les réfractaires (entreprises n’envisageant pas de politique d’expérience collaborateur) œuvrent en faveur de la conciliation vie personnelle/vie professionnelle. Les précurseurs sont ainsi 80% à pratiquer les horaires flexibles, contre 53% des réfractaires ; 63 % des précurseurs veillent à éviter les réunions tardives ou trop matinales pour tenir compte, notamment, des contraintes parentales. Seuls 28% des réfractaires ont ce genre d’attentions. Les précurseurs sont 3 fois plus nombreux que les réfractaires à prévoir des congés familiaux au-delà des minimums légaux, et 5 fois plus nombreux à proposer des aides à la garde d’enfants.

La révolution dans l’organisation du travail précipitée par la crise sanitaire n’a pas trouvé toutes les entreprises dans le même état de préparation. Celles qui se préoccupaient déjà d’expérience collaborateur apparaissent sensiblement plus agiles et plus innovantes en matière de RH. Année après année, notre baromètre le confirme : l’écoute systématique des collaborateurs, utilisée pour alimenter une politique méthodique d’innovation RH, constitue la clé de l’adaptation des entreprises aux défis RH et business de demain.

Bertrand écrit depuis 1999 pour les entreprises et les institutions, sur les grands enjeux socio-économiques, les RH et la protection sociale. Auprès d’un organisme interprofessionnel nordiste, en freelance après 2010, puis au sein de Parlons RH, il s’attache à rendre accessibles des problématiques complexes sous tout format, du livre d’histoire au billet de blog. Bertrand est diplômé de l’IEP Paris et titulaire d’un Master II en histoire économique contemporaine.

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