Le salarié et la quarantaine, entre crise et reconversion

Le passage à la quarantaine est fortement chargé symboliquement. Dans la vie privée, on l’associe volontiers à la fameuse « crise », moment où l’on regarde derrière soi et où l’on essaie parfois de revivre une dernière fois sa folle jeunesse avant qu’il ne soit trop tard… Mais c’est aussi l’âge où beaucoup font le point sur leur carrière, et commencent à se poser des questions sur la suite des événements. Les Editions Tissot, qui viennent elles-mêmes de franchir le cap fatidique, ont demandé à OpinionWay de sonder le ressenti des salariés au moment de souffler leurs 40 bougies.

 

Quarantaine : le changement, c’est maintenant

Selon l’étude, les salariés sont plus des trois quarts (77%) à considérer que le rapport au travail change à l’âge de 40 ans. Certes, mais en quoi ? On réévalue ses priorités : la vie personnelle prend davantage d’importance, pour 35% des répondants. On fait moins d’erreurs, pour 30% des salariés : l’expérience commence à payer ! Et on s’intéresse davantage à son bien-être au travail (pour 30% également).
 

 
Comment réagit-on à ce changement de relation au travail ? La réponse la plus fréquemment citée est le recours à la formation : on se forme pour monter en compétences, et être à même de réaliser son projet (26%). Ce même objectif peut aussi passer (pour 24% des salariés interrogés) par un changement d’employeur : time to move on ! Ou encore, par la ferme décision de ne plus se laisser marcher sur les pieds : désormais, on va s’affirmer dans les relations de travail (24%). Compatible avec les options précédentes, l’option de se reconvertir séduit 22% des salariés. Dans le même ordre d’idée, la quarantaine apparaît comme un moment particulièrement opportun pour faire le point par le biais d’un bilan de compétences (18%). Tous résultats à mettre en lien avec le fait que pour 56%, 40 ans est perçu comme un âge décisif pour atteindre ses objectifs professionnels.

 

La vie rêvée des quadras

La barrière des quarante ans suscite aussi des fantasmes : l’âge de la maturité, de l’épanouissement… L’âge également où on est en principe le moins au chômage et le mieux payé. De quoi rêvent les salariés quand ils pensent à leurs 40 bougies ? La réponse qui revient le plus : ne plus avoir besoin de surveiller le compte en banque (2 salariés sur 5). La perspective d’être assuré de son avenir professionnel en séduit également plus du quart ; plus que celle de pouvoir vivre ses passions en dehors du temps de travail (20%) ou celle de vivre sa passion dans son travail (13%). Un petit 6% entretient même le fantasme de racheter son entreprise pour pouvoir donner des ordres au patron !

 

A 40 ans, si t’as pas… t’as raté ta vie !

A 50 ans, l’affaire est entendue, il faut avoir une Rolex. Mais à 40 ? Les réponses sont très tranchées : pour presque la moitié, l’ennui au travail est le principal critère d’échec. Le stress vient en second (37%). Mais l’absence de perspective est aussi redoutée : 28% la considèrent comme l’indicateur d’une vie professionnelle ratée. N’en déplaise à Jacques Séguéla, les signes extérieurs de richesse et la comparaison aux autres sont moins valorisés : seuls 13% s’inquiètent de ne pas être propriétaires de leur logement, et 11% de gagner moins que leurs proches. Etre managé par une personne plus jeune ne dérange guère que 4% des salariés – du moins officiellement !

 

L’étude révèle finalement une certaine diversité de profils, avec néanmoins une tendance forte en faveur du changement : les salariés privilégient surtout les profils « Macron » (démissionner pour suivre son rêve) ou « Douillet » (reconversion radicale). Le profil « Duflot » (aller au bout de ses idées même au prix de son job) vient juste derrière. La récupération du business familial (« Le Pen ») recueille sensiblement moins de suffrage que dans les urnes, les vraies… Fait significatif : il n’est pas encore question de retraite. Dans une prochaine étude sur les salariés de 50 ans peut-être ?

Source : Editions Tissot

 

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Bertrand écrit depuis 1999 pour les entreprises et les institutions, sur les grands enjeux socio-économiques, les RH et la protection sociale. Auprès d’un organisme interprofessionnel nordiste, en freelance après 2010, puis au sein de Parlons RH, il s’attache à rendre accessibles des problématiques complexes sous tout format, du livre d’histoire au billet de blog. Bertrand est diplômé de l’IEP Paris et titulaire d’un Master II en histoire économique contemporaine.

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