Le management bienveillant : des pratiques éthiques à fort ROI ?

Face à l’incroyable accélération de la digitalisation, le management bienveillant peut constituer un antidote aux pressions et à l’anxiété. À moins qu’il ne s’agisse d’un concept et de pratiques aux effets bénéfiques bien plus puissants – et connexes – pour le collaborateur et l’entreprise ? Dans leur ouvrage éponyme(1), le Dr Philippe Rodet et le DRH Yves Desjacques explorent les liens entre bienveillance managériale et motivation du collaborateur, entre autres. Un mode de management qui n’aurait rien d’un management « chamallow » !

 

Les problématiques : le management bienveillant et sa portée

Ultra-relayé médiatiquement, ce concept garde une part de mystère. S’agit-il d’une gestion des collaborateurs « a minima » ? De la suppression du lien de subordination ?  D’un humanisme tous azimuts ? Autant de questions que les auteurs désamorcent en présentant le management bienveillant comme « devant procéder et rendre compte de la culture, de la vision et des missions impulsées au plus haut niveau » de l’entreprise – selon la formule de Nicole Notat(2). Yves Desjacques définit lui ce mode de management comme « une bienveillance active tournée vers l’action et la performance », susceptible d’influer sur le niveau de stress des collaborateurs et sur leur bien-être. Élément important : les salariés ont « droit » à cette bienveillance relationnelle dont ils sont également acteurs.
 

 

Les mots clés : ❑ sens ❑ temps ❑ objectifs ❑ biologie ❑ émotions

En dix ans, le nombre de Français s’estimant « soumis à des facteurs de stress » a augmenté de 20 % ! Souvent généré par le manque de considération ou de cohérence dans les valeurs revendiquées par l’entreprise, le stress altère fortement la motivation, l’engagement individuel et la cohésion des équipes. Mais le management bienveillant offre des leviers d’action. Tout d’abord, donner du sens à la fonction du collaborateur en la replaçant dans la stratégie globale de l’entreprise. Concilier l’impératif d’instantanéité digitale et celui d’appropriation du changement par les salariés, via le management par objectifs ; des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes, temporels (SMART). Instaurer un droit à l’erreur, qui s’inscrit dans une optique d’amélioration continue des performances et inclut la recherche d’excellence.

Dans le même temps, la motivation, la sociabilité et le désir d’engagement sont stimulés par la production d’hormones comme la dopamine, « l’hormone du plaisir et de la motivation ». En favorisant les émotions positives chez les collaborateurs, le management bienveillant crée donc un cercle vertueux. Et il rejoint les grandes tendances managériales ou organisationnelles du moment : systèmes de plus en plus horizontaux, entreprise collaborative, prise en compte des émotions

 

L’idée pertinente : le croisement des expertises

D’un côté, le Dr Philippe Rodet, médecin urgentiste devenu consultant en management, qui travaille sur la motivation comme facteur de cohésion, de créativité, de bien-être dans l’entreprise, et relie les mécanismes hormonaux à la motivation ou au désir d’engagement des collaborateurs.

De l’autre, le DRH du groupe CASINO, Yves Desjacques, adepte d’un management fondé sur le respect de la personne humaine, qui expérimente le management bienveillant via la participation de l’ensemble du Comex de son groupe, la formation de 4 000 managers et la mise en place d’un réseau de bienveilleurs® identifiant et orientant les salariés en situation de fragilité dans l’entreprise.

 

Le bémol : les conseils nutritionnels pour limiter le stress

Une argumentation convaincante donc, étayée par de multiples études scientifiques, et un retour appréciable sur les origines philosophiques du concept de bienveillance. En revanche, pourquoi détailler les vitamines et aliments minorant les effets du stress ou prodiguer des conseils psy et relaxation, même s’ils sont pertinents ? Une confusion des genres heureusement passagère.

PARLONS RH recommande ce « Management bienveillant »  ! Parce qu’il met en lumière l’une des clés d’un management voué à se réinventer en parallèle de la transformation des organisations, pour assurer leur succès. Le collaborateur n’étant pas aussi malléable que le crâne du nourrisson, la souplesse de ses « fontanelles » (requise pour s’adapter au réajustement récurrent de ses compétences) sera stimulée par un management empreint de confiance et d’exigence. Vive le management par la motivation, le sens et la cohérence !

 

(1) Le management bienveillant du Dr Philippe Rodet et de Yves Desjacques. Préface de Nicole Notat. Éd. Eyrolles, 178p, 14,90€

(2) Nicole Notat, ex-secrétaire générale de la CFDT et actuelle présidente de Vigéo-Eiris, société chargée d’évaluer la RSE des entreprises.

 

Crédit image : © Éditions Eyrolles

 

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Lydie est rédactrice RH au sein de Parlons RH. Avant de rejoindre la Team de l’agence, elle a contribué à un mensuel et à plusieurs web magazines, sur des thématiques de conseil en stratégie, culture, histoire et relations internationales. Son intérêt pour les RH et la fonction RH s’est aiguisé au fil de ses rencontres avec des sujets liés au management, à la QVT ou à la RSE – entre autres. Lydie est diplômée en droit et science politique.

Voir les commentaires

  • Intéressant de conjuguer épanouissement et efficacité : le concept de management bienveillant n'est pas nouveau mais le livre a l'air intéressant.

    • Bonjour Matthieu,
      Merci pour votre commentaire ☺ Nous recommandons en effet vivement cet ouvrage !

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