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Emploi des femmes : plus diplômées, mais toujours freinées

Malgré les évolutions sociétales et les avancées en matière d’égalité professionnelle, les choix d’orientation restent encore largement influencés par le genre, perpétuant une séparation entre les métiers dits “féminins” et “masculins”. Avoir plus de diplômes permet-il réellement aux femmes d’accéder plus facilement à l’emploi ? Vers quels secteurs professionnels se tournent les demandeuses d’emploi ? Et surtout, les formations qu’elles suivent leur permettent-elles d’élargir leurs perspectives ou ne font-elles que prolonger les inégalités existantes ? Réponses avec cette infographie réalisée par France Travail.

Demandeuses d’emploi : plus diplômées, mais un accès plus difficile au marché du travail

Des chiffres sans appel : les femmes représentent aujourd’hui 48,2% des demandeurs d’emploi. Un équilibre presque parfait avec les hommes, mais qui ne se traduit pas par un accès égal à l’emploi. Et pourtant, les femmes ont un profil de plus en plus qualifié.

En 2024, 58% des personnes inscrites à France Travail avec un diplôme supérieur à Bac+2 sont des femmes, une hausse de 4% depuis 1996. Une tendance qui témoigne d’un accès croissant des femmes aux études supérieures, mais qui ne garantit pas une insertion professionnelle plus rapide.

D’autant que, malgré ces diplômes, leur activité professionnelle reste plus précaire. 54,4% des demandeuses d’emploi ont travaillé au cours du dernier mois (catégories B et C), contre seulement 45,6% des hommes. Un chiffre qui peut sembler positif, mais qui cache une réalité plus contrastée : ces emplois sont souvent instables.

Pour comprendre, il faut regarder les catégories d’inscription à France Travail :

  • Catégorie A : personnes sans emploi n’ayant exercé aucune activité
  • Catégorie B : personnes ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois
  • Catégorie C : personnes ayant travaillé plus de 78 heures dans le mois

L’écart ne s’arrête pas là : lorsqu’elles perdent leur emploi, les femmes mettent plus de temps à retrouver une activité. Après six mois, 50% des hommes ont retrouvé un poste, contre seulement 43% des femmes. Et même après 18 mois, l’écart persiste : 69% des hommes ont réintégré le marché du travail, contre 64% des femmes.

Même différence lorsqu’on regarde les emplois stables : après six mois, 37% des hommes décrochent un emploi salarié durable, contre 31% des femmes. L’entrepreneuriat et l’emploi indépendant, qui permettent parfois de contourner les freins du salariat, restent également plus accessibles aux hommes : 5,4% des hommes accèdent à l’emploi indépendant après six mois, 1,7% pour les femmes.

Métiers « féminins » : un choix ou un conditionnement ?

Les femmes en recherche d’emploi reproduisent, malgré elles, les schémas du marché du travail. 63,2% des demandeuses d’emploi s’orientent vers des métiers où les femmes sont déjà surreprésentées, c’est-à-dire des secteurs où elles représentent plus de 70% des effectifs.

Parmi ces choix professionnels, trois secteurs dominent :

  • Le service à la personne et à la collectivité (23,8%) : un secteur où les femmes sont historiquement majoritaires, tandis que seuls 2,8% des hommes en recherche d’emploi s’y projettent ;
  • Le support à l’entreprise (15,4%), avec encore une très faible part masculine (2,6%) ;
  • La santé (5,1%), un domaine où les hommes sont presque absents parmi les demandeurs d’emploi (0,6%).

Ces tendances sont le reflet d’un marché du travail encore très segmenté par le genre.

À l’inverse, seules 8% des femmes inscrites à France Travail cherchent un emploi dans des secteurs où les hommes sont largement majoritaires, comme l’industrie ou la construction. Et lorsqu’on regarde les candidatures réelles déposées sur France Travail, le constat est encore plus frappant :

  • Dans le BTP et le gros œuvre, seules 3,3% des candidatures sont féminines ;
  • Dans le transport terrestre, les femmes ne représentent que 14,1% des candidatures ;
  • Même constat dans la sécurité privée, où elles sont 22,8% à postuler.

Pourquoi un tel écart ? Il s’explique en partie par un phénomène bien documenté : l’effet frontière. Lorsqu’un secteur est composé à plus de 60% d’hommes ou de femmes, il devient difficile pour l’autre genre de s’y projeter. Le poids des stéréotypes, l’image des métiers et parfois même l’accueil des équipes jouent un rôle clé dans ces choix professionnels.

Des formations qui prolongent les inégalités

Cette dynamique se retrouve aussi dans les formations suivies par les demandeurs d’emploi. Les femmes choisissent majoritairement :

  • Services et commerces de proximité (7,3%) ;
  • Santé (6,9%) ;
  • Action sociale (6,3%).

De leur côté, les hommes privilégient des secteurs bien différents :

  • Transport (23,2%) ;
  • Manutention (11,6%) ;
  • Prévention et sécurité (5,9%).

Le constat est clair : malgré un niveau de qualification en hausse, les femmes peinent toujours à accéder à un emploi stable et diversifié. Cantonnées à des secteurs historiquement féminins et freinées par des schémas bien ancrés, elles se heurtent à une réalité où diplômes et expériences ne suffisent pas à rééquilibrer les chances. Comment changer la donne ? L’orientation, la formation et l’accès à tous les métiers doivent être repensés pour encourager la mixité et ouvrir de nouvelles perspectives. L’enjeu est de taille : sans une remise en question profonde de ces dynamiques, le marché de l’emploi continuera d’entretenir des inégalités persistantes.

Source : France Travail

Stéphane a développé son appétence pour la création de contenus au cours de plusieurs expériences variées, en start-up et en agence. Passionné par l’univers des ressources humaines, tout particulièrement par la marque employeur et le recrutement, il officie chez Parlons RH en qualité de Content Manager. À la suite de sa licence Économie-Gestion, il obtient un Master 2 en Communication et Management du sport à l’ESG Management School de Paris.

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