La QVT est de plus en plus perçue comme un enjeu central des organisations, par les DRH comme par les salariés. S’agit-il d’une simple tendance ou d’un mouvement appelé à durer ? Quel impact et quelles interactions la QVT exerce-t-elle avec des sujets comme la marque employeur, l’expérience salarié ou la RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) ? Président de Wittyfit, une société proposant une solution digitale globale de QVT en continu, Samuel Dewavrin nous livre son regard avisé sur ces questions.
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C’est un phénomène beaucoup plus profond. Ce mouvement, qui provient d’Amérique du Nord, découle d’une prise de conscience sur un fait simple : un salarié en forme et satisfait de son travail est plus performant et plus engagé. En conséquence, il rapporte plus à l’entreprise et coûte moins aux services de santé. Dès 2003, une étude américaine a montré que 75 à 80% des heures de travail perdues correspondaient au « présentéisme », un terme désignant le désengagement : lorsqu’un salarié est présent dans l’entreprise, mais loin d’être à 100% de ses capacités. Voilà pourquoi depuis une quinzaine d’années les Américains, pragmatiques quand il s’agit d’argent, s’intéressent de près au phénomène et investissent dans la QVT.
Mais la QVT est avant tout un cercle vertueux. Une démarche de QVT bien conduite va être profitable, pour l’entreprise, en améliorant la performance du salarié. Profitable au salarié, parce qu’elle va améliorer son bien-être en entreprise. Profitable enfin à la collectivité, puisqu’elle va faire baisser les coûts pesant sur les services de santé.
Absolument, car l’époque où les entreprises maîtrisaient parfaitement leur image est complètement révolue. Leur communication leur échappe pour une large partie. Avec l’avènement des réseaux sociaux et des sites Internet du type glassdoor.fr, les salariés peuvent s’exprimer sur leur employeur et communiquer de façon assez libre. Certains sites permettent même de noter son entreprise pour manifester son insatisfaction sur la politique de rémunération, l’ambiance de travail, le management…
Avant même de mettre le pied chez son nouvel employeur, le salarié se fait ainsi une idée assez précise de ce qu’il s’y passe. Dès lors, la meilleure façon – et même la seule – de jouir d’une marque employeur positive et solide est de disposer de salariés satisfaits, épanouis dans leur travail, qui le font savoir à leur entourage. Ils utilisent pour ce faire les réseaux sociaux sur lesquels ils aiment échanger et communiquer.
La QVT revêt une importance capitale, parce qu’une démarche QVT consiste d’abord à libérer la parole ; libérer la parole des salariés afin de capter leurs attentes et leurs besoins. Un salarié doit se sentir utile et reconnu dans l’entreprise, se reconnaître dans les valeurs de celles-ci, en expérimenter la réalité au quotidien… le tout dans une ambiance de travail qui lui convient ! De là dépend son épanouissement, et donc le ressenti qu’il a de son expérience au sein de son entreprise.
L’expérience salarié ne peut se limiter à la qualité des outils digitaux mis à disposition du salarié : le management, l’ambiance de travail, l’organisation comptent évidemment pour beaucoup !
Mais il est vrai que libérer la parole, ce qui je le rappelle est la base de toute démarche d’amélioration de la QVT, ne peut se faire aujourd’hui efficacement qu’en passant par l’outil digital. Seul le digital permet, notamment dans une grande organisation, de capter régulièrement les attentes et les besoins des salariés, puis d’accompagner ces attentes et besoins tout au long de la vie du salarié dans l’entreprise. Seul le digital permet d’interagir avec le salarié ; une solution digitale performante de QVT permettra d’avoir une action continue, un suivi des actions conduites, une mesure des résultats grâce à des indicateurs actualisés, et de piloter véritablement une politique de QVT.
Nombre d’études, en Europe comme en Amérique du Nord, ont montré que les ROI des plans d’action QVT peuvent aller de 1,5 à 12 fois les sommes investies. La fourchette peut paraître large, mais il faut comprendre qu’au-delà des effets immédiatement visibles et mesurables, comme la baisse de l’absentéisme et du turnover, un plan QVT bien conduit augmente la productivité, la créativité, agit sur toute cette partie immergée de l’iceberg qu’est le « présentéisme » déjà évoqué. Cette dimension représente en fait le gros du ROI de la QVT. En Europe, l’agence pour la santé et la sécurité au travail a conduit une étude montrant que le rapport bénéfice/coût pouvait atteindre 4,81 avec un minimum à 1. Mesurer la QVT ne revient pas exactement à mesurer l’engagement, mais plutôt à mesurer les conditions de cet engagement. Elle permet de savoir si les prérequis indispensables à l’engagement son présents en tenant compte des spécificités propres à chaque organisation.
Nombreux sont ceux qui pensent encore, à tort, que la RSE se limite aux questions d’environnement et de commerce équitable. Il leur faut prendre conscience que la QVT, qui se concentre sur l’humain dans l’entreprise, fait partie intégrante de la RSE. Le fait d’améliorer la santé des salariés permet à l’entreprise de tenir un rôle social, ne serait-ce qu’en pesant moins lourd sur le système de santé. Cela permet également de préserver ce système pour l’avenir, via des actions de prévention. La plupart des experts conviennent que l’entreprise est le meilleur endroit pour faire de la prévention santé. Le public y est plus réceptif aux messages de prévention que durant ses loisirs. Que la prévention apportée par la QVT soit physique ou psychologique, elle revêt en tous cas une vraie dimension sociale, voire sociétale : vis-à-vis de notre système de santé, mais aussi de la façon de vivre et d’appréhender le travail dans les années à venir
Pour en savoir plus : calculer les coûts du stress et des risques psychosociaux liés au travail
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