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C’est l’alliance de l’IA et de l’humain qui fera la différence

Vasil Kekelia, Directeur de l’innovation chez Nibelis, reconnaît les craintes des professionnels des RH face à l’IA : peur d’être remplacés, crainte d’une automatisation excessive. Il tient cependant à rappeler une vérité essentielle : l’IA automatise, elle n’innove pas. Selon lui, le rôle du DRH est plus que jamais central pour guider l’organisation, innover et avancer. C’est dans la complémentarité entre intelligence humaine et artificielle que réside la véritable force. Retrouvez cette interview et bien plus encore dans le 1er Baromètre national de l’IA appliquée aux RH.

Quels sont les métiers RH les plus concernés par l’IA ?

Recrutement et formation sont les premiers concernés. Dans les deux cas, il s’agit de traiter un grand volume de données personnelles (postes, compétences, CV…), que ce soit pour la sélection de candidats, le matching ou l’identification de parcours de formation personnalisés.

Le développement d’IA juridiques dédiées au social et au contexte de l’entreprise va beaucoup aider les services RH. En intégrant les accords d’entreprise, les spécificités sectorielles, les caractéristiques du salarié, les bases légales, l’IA pourra répondre rapidement et de façon individualisée à des questions RH complexes – sur les heures supplémentaires, la rémunération, les congés… Le tout avec une meilleure ergonomie via les requêtes en langage courant. Je pense aussi à l’élaboration des référentiels de compétences, qui va rendre les politiques de gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) beaucoup plus faciles à élaborer.

En matière d’expérience collaborateur, également, l’IA peut déceler les signaux faibles en analysant les données de feed-back (entretiens annuels ou professionnels, points hebdo…). Les services RH pourront ainsi anticiper et proposer des actions d’accompagnement adaptées.

Quels sont les apports possibles de l’IA pour les RH des TPE-PME ?

Certaines problématiques sont propres aux grandes entreprises, qui disposent d’une masse importante de données RH et où la relation DRH/collaborateurs n’est pas directe. Dans les TPE-PME, la personne qui s’occupe des RH connaît souvent tout le monde et a développé une proximité avec les collaborateurs qui fait que le déploiement d’algorithmes d’IA peut effrayer et donner la sensation de perdre ce lien. Pour autant, les TPE-PME évoluent souvent dans des environnements complexes, avec des accords d’entreprise, des particularités liées au secteur d’activité, des évolutions réglementaires à fort impact. L’IA peut les aider à gérer ces dimensions, via des fonctionnalités intégrées aux solutions RH qu’elles déploient. De la même manière, les TPE-PME peuvent bénéficier grâce à l’IA d’outils auparavant inaccessibles, comme la GEPP ou les référentiels de compétences.

Quelles sont pour vous les principales idées reçues sur l’IA ?

Il y a d’abord la crainte de voir les professionnels RH remplacés par l’IA. Il faut rappeler que l’intelligence artificielle va permettre d’automatiser des tâches répétitives, mais ne remplacera pas l’expertise humaine. Une autre peur apparentée est l’idée que nous allons basculer dans une automatisation à outrance sans intervention humaine, avec de forts risques d’erreurs.

Pour rassurer les professionnels RH, il est important de rappeler que l’IA est capable de restituer des idées et des faits existants, mais qu’elle n’innove pas à proprement parler. Si vous l’interrogez sur un plan d’action à mettre en place par rapport à une population donnée, elle vous proposera des actions déjà mises en œuvre, mais n’en proposera pas de nouvelles. Le DRH ne disparaîtra pas : il sera toujours nécessaire pour permettre à l’organisation d’avancer, de se dépasser, de trouver des nouvelles solutions. C’est la capacité à allier l’IA et l’humain qui fera la différence.

Stéphane a développé son appétence pour la création de contenus au cours de plusieurs expériences variées, en start-up et en agence. Passionné par l’univers des ressources humaines, tout particulièrement par la marque employeur et le recrutement, il officie chez Parlons RH en qualité de Content Manager. À la suite de sa licence Économie-Gestion, il obtient un Master 2 en Communication et Management du sport à l’ESG Management School de Paris.

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