Le bien-être et la reconnaissance restent au cœur des attentes des salariés. À partir de l’infographie réalisée par Carenews, la rédaction de Parlons RH a sélectionné deux chiffres qui en disent long sur l’état réel du contrat social en entreprise. Que révèle l’écart de perception entre dirigeants et salariés sur les priorités RH ? Pourquoi la répartition des bénéfices reste-t-elle un sujet aussi sensible malgré l’essor du « salaire émotionnel » ? Quels risques les entreprises prennent-elles à sous-estimer encore l’importance de la rémunération ? Décryptage.
Pourquoi ce chiffre ? Parce qu’il fait consensus, tout en pointant une faille. Sur le papier, bien-être rime avec priorité pour les deux camps. Dans la réalité, l’écart de perception entre dirigeants et salariés reste tangible. Ce décalage, aussi discret soit-il, en dit long sur la difficulté à passer du discours aux actes et il fallait le mettre en lumière.
66 % des dirigeants affirment faire du bien-être des salariés une priorité. Côté collaborateurs, ils sont 57 % à dire la même chose. Des chiffres encourageants en apparence. Pourtant, sur le terrain, l’écart se ressent. Il y a ceux qui pensent bien faire et ceux qui vivent réellement les effets des décisions prises. Ce décalage alimente un sentiment diffus : le bien-être se dit beaucoup, mais se concrétise peu.
Difficile de s’en satisfaire quand les signaux d’alerte se multiplient. Le 17ᵉ Baromètre de l’Absentéisme et de l’Engagement, publié en juin 2025 par Ayming, en partenariat avec Parlons RH, apporte une donnée clé : le burn-out et l’épuisement professionnel deviennent la 5ᵉ cause d’absence la plus citée par les professionnels RH. Les arrêts longue durée, eux, s’envolent : +58 % en cinq ans pour les absences de plus de deux mois. La pression du quotidien laisse des traces. Pas seulement sur ceux qui s’arrêtent : chaque absence dégrade un peu plus l’organisation, accroît la charge des présents, réduit la productivité.
Ces chiffres ne tombent pas de nulle part. Ils traduisent un climat général où les attentes autour du bien-être se heurtent à des conditions de travail qui ne suivent pas. Reconnaissance aléatoire, charge mal répartie, manque d’écoute : le socle est fragile. Derrière le mot “bien-être”, on parle en réalité de prévention, d’équilibre, de capacité à construire un cadre de travail qui protège autant qu’il stimule.
Le bien-être n’est pas un levier parmi d’autres. C’est un indicateur de maturité managériale. Une entreprise qui en fait un axe stratégique envoie un signal fort : ici, on ne sacrifie pas l’humain à la performance. On mise sur les deux.
Ce chiffre dit une chose simple : la question de l’argent reste centrale. Malgré l’essor du salaire émotionnel, malgré les discours sur le sens, la reconnaissance ou la qualité de vie au travail, la rémunération demeure un marqueur fort. Pour plus d’un salarié sur deux, la manière dont les bénéfices sont partagés est une priorité. Seuls 25 % des dirigeants en font autant. Le décalage est net.
Pourquoi avoir retenu ce chiffre ? Parce qu’il rappelle une évidence trop souvent oubliée dans les politiques RH. Le salaire n’est pas un sujet dépassé. Il reste un levier de reconnaissance et d’engagement. Quand l’entreprise génère de la valeur, les équipes attendent qu’une partie leur revienne. Si ce n’est pas le cas, la frustration monte. Silencieuse parfois, mais réelle.
Cela n’efface pas l’importance du salaire émotionnel. Les collaborateurs attendent aussi autre chose : un bon management, des perspectives, de l’autonomie. Mais ces dimensions viennent en complément. Pas en substitution. Le salaire ne fait pas tout, mais il continue de compter. Beaucoup.
Derrière ce chiffre, une alerte RH : attention à ne pas se raconter une belle histoire. Le bien-être, l’engagement, la fidélité… tout cela repose aussi sur une rémunération perçue comme juste. Transparente, cohérente, assumée. Le reste ne tiendra pas sans ça.
Ces deux chiffres racontent une histoire qu’aucune entreprise ne peut se permettre d’ignorer. D’un côté, un bien-être largement proclamé mais encore trop peu incarné. De l’autre, une attente forte sur la rémunération, souvent reléguée au second plan au nom d’un idéal d’engagement plus “émotionnel”. Dans les faits, les salariés ne demandent pas l’impossible. Ils veulent un travail qui a du sens, un cadre qui les protège et une reconnaissance juste, à la fois financière et humaine. La bonne nouvelle ? Rien de tout cela n’est hors de portée, à condition d’oser remettre certaines vérités au centre du jeu.
Source : Carenews
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