Former à l’IA : des inégalités à combler pour un avenir inclusif

L’intelligence artificielle bouleverse le monde du travail, mais tout le monde ne bénéficie pas des mêmes chances pour s’y préparer. Des écarts frappants, qu’ils soient liés au genre, aux générations, aux régions ou aux situations de handicap, freinent l’accès aux formations nécessaires. Pourtant, garantir l’inclusivité dans l’apprentissage de l’IA est essentiel pour en faire un moteur d’opportunités et non un creuset d’inégalités. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Décryptage avec l’infographie réalisée par Centre Inffo, d’après une étude menée par le groupe Randstad, sur plus de 12 000 répondants répartis dans 15 pays.
Les femmes, moins soutenues dans leur formation à l’IA
L’accès à la formation en intelligence artificielle montre une inégalité frappante entre hommes et femmes. Alors que 24% des hommes envisageraient de quitter leur poste en l’absence de possibilités de se former à l’IA, seulement 18% des femmes partagent cette ambition. Les formations proposées par les employeurs révèlent aussi un déséquilibre : 38% des hommes déclarent en bénéficier, contre 33% des femmes. Enfin, la pertinence des formations reçues pour utiliser efficacement l’IA au travail est reconnue par 35% des hommes, mais seulement 30% des femmes. Ces chiffres soulignent un enjeu crucial : pour faire de l’IA un levier d’égalité, il est impératif d’élargir l’accès aux formations de qualité pour toutes et tous.
Par ailleurs, seulement 35% des travailleurs, toutes qualifications confondues, ont reçu une proposition de formation à l’IA en 2024, un chiffre qui descend à 32% en France. On constate un retard global dans l’accès aux formations sur cette technologie pourtant cruciale pour l’avenir du travail.
La formation en IA : un défi générationnel et géographique
Les perceptions quant à la capacité des employeurs à fournir les compétences nécessaires pour utiliser l’IA varient significativement selon les générations et les régions. En Inde, 63% des Millennials et de la génération Z estiment recevoir une formation adaptée, un chiffre similaire pour les générations Baby-boomers et X (61%). Au Brésil, cet écart est légèrement plus marqué avec 50% des jeunes générations et 43% des générations plus âgées qui jugent leur employeur performant sur ce point. En France, cependant, les chiffres chutent drastiquement : seulement 36% des Millennials et de la génération Z se disent satisfaits des compétences reçues, contre 20% pour les Baby-boomers et la génération X. Ce constat illustre l’importance de réduire non seulement les écarts géographiques dans la préparation à l’IA, mais aussi les disparités intergénérationnelles.
Entre 2023 et 2024, le nombre de talents ayant moins d’un an d’expérience professionnelle et mentionnant des compétences en IA dans leur profil a bondi de 292%. L’intérêt pour l’IA parmi les jeunes générations n’est plus à démontrer, ils voient dans cette expertise un atout stratégique pour leur carrière.
Les personnes en situation de handicap, plus demandeuses de formation en IA
Les talents en situation de handicap expriment un besoin accru en opportunités de formation à l’IA. Près de 29% d’entre eux envisageraient de quitter leur poste si ces formations venaient à manquer, contre seulement 18% des talents sans handicap. Cette quête de savoir ne s’arrête pas au cadre professionnel : 57% des personnes en situation de handicap recherchent activement des opportunités d’apprentissage en dehors de leur travail, un chiffre nettement supérieur aux 41% observés chez leurs collègues. Ces données soulignent l’urgence de rendre les programmes de formation plus inclusifs, afin de répondre aux attentes de ces talents et de favoriser leur épanouissement dans un univers de plus en plus technologique.
L’intelligence artificielle s’impose comme un enjeu stratégique dans le monde du travail, mais son appropriation reste inégalement répartie. Les écarts d’accès à la formation, qu’ils soient liés au genre, à la génération, à la localisation géographique ou à la situation de handicap, révèlent des fractures qu’il est urgent de combler. Pour maximiser l’impact de l’IA dans les entreprises et en faire un levier de transformation positif, il est essentiel de garantir à chaque talent les moyens d’acquérir les compétences nécessaires. Inclusivité, équité et accessibilité doivent devenir les maîtres-mots des programmes de formation, pour faire de l’IA un moteur de progrès partagé, et non un facteur de division.

Source : Centre Inffo