La formation professionnelle est aussi impactée par les inégalités de genre

La formation professionnelle est-elle autant accessible aux hommes qu’aux femmes ? À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, Topformation s’est intéressé aux statistiques. Taux de participation à des formations, taux de complétion, impacts de ladite formation sur la carrière : l’infographie de Topformation rassemble plusieurs études RH, et met en lumière que les écarts liés au genre sont bien présents dans la formation professionnelle.

 

Des inégalités d’accès à la formation professionnelle

Malheureusement, l’égalité professionnelle n’est toujours pas acquise en 2020 : salaire, accès aux postes hiérarchiques, recrutement… Les discriminations de genre prennent encore trop de place dans nos entreprises françaises et gangrènent le monde du travail. L’objectif final est évidemment de changer les mentalités pour éradiquer définitivement ce fléau. Mais cela prend du temps, et nécessite un travail de société en profondeur, ainsi les effets ne sont pas immédiats. Un des leviers déjà existant pour aider à combler cet écart peut se trouver dans la formation professionnelle. En effet, elle est souvent une étape indispensable à une évolution de carrière, pour accompagner à la montée en compétences des individus. Mais là encore, des disparités se font voir.

 

Les inégalités femmes-hommes se retrouvent dans beaucoup d’aspects de la vie professionnelle, à commencer par l’accès au monde du travail lui-même. Les femmes représentent 47 % de la population active (contre seulement 41 % en 1982).

 

Une des grandes batailles de ces dernières années est la lutte pour une rémunération égale à celle des hommes. Pourtant, les femmes sont payées en moyenne, tous postes confondus, 25 % de moins que les hommes. À poste et âge égal, l’écart est de 10,5 %, alors que le principe « à travail égal, salaire égal » est gravé dans la loi depuis 1996.

 

La formation professionnelle est un vecteur d’évolution de carrière, alors pourrait-elle être une solution ? Non, car là aussi les inégalités subsistent. Les femmes ont toujours moins accès que les hommes à la formation professionnelle, ce qui induit un frein au développement de leurs compétences et ainsi de leur carrière professionnelle.

  • 43 % des femmes ont eu accès à des formations professionnelles en 2018 (+1 % par rapport à 2013)
  • 45 % des hommes (- 2% par rapport à 2013)

On constate toutefois que l’écart se réduit progressivement, ce qui éclaircit ce tableau noir et laisse présager une meilleure répartition dans les années à venir.

 

Privé ou public, ces inégalités d’accès sont partout :

  • Salariés du public : 53 % des femmes ont eu accès à une formation, contre 55 % des hommes.
  • Salariés du privé : 39 % des femmes ont suivi une formation, contre 42 % des hommes.

La taille de l’entreprise importe peu aussi, car dans les grandes entreprises, 52 % des femmes ont suivi une formation, contre 59 % des hommes. Et chez les cadres en particulier ? 57 % des femmes ont eu accès à une formation contre 62 % des hommes.

 

Il est intéressant de noter qu’en dehors du cadre de l’entreprise, la tendance s’inverse :

  • Indépendants : 31 % des femmes ont suivi une formation, contre 27 % des hommes.
  • En recherche d’emploi : 33 % des femmes contre 31 % des hommes.
  • Sans activité : 14 % des femmes contre 13 % des hommes.

Aussi, 70 %  des personnes qui réalisent un bilan de compétences sont des femmes.

 

Une formation débouche souvent sur une promotion, suite à une montée en compétences. Et là aussi sans surprise, les différences sont faramineuses : 6,7 % des femmes ont eu une augmentation de salaire après une formation contre 8,5 % des hommes.

Cet écart est encore plus important pour les employées (8 points de différence) et les ouvrières (9 points de différence).

 

Pourquoi ces inégalités en formation professionnelle ?

4 raisons sont évoquées comme des freins d’accès à la formation professionnelle pour les femmes.

  • Pour 34 % : les responsabilités familiales.

Les femmes consacrent 183 minutes par jour au travail domestique, 95 minutes aux enfants, soit un total de 4h38 par jour. Pour les hommes, le chiffre tombe à 2h26 en moyenne, soit environ 2 fois moins.

  • Pour 31 % : le coût.

Les femmes ayant toujours une rémunération moins élevée que les hommes et travaillent pour 29,3 % d’entre elles à temps partiel, le prix des formations sont pour elles un frein à prendre en compte.

  • Pour 24 % : le fait de ne pas trouver la formation adaptée.
  • Pour 11 % : le manque de pré-requis.

 

En conséquence : le boom de l’entrepreneuriat

Face à de tels chiffres, de plus en plus de femmes optent pour prendre elles-mêmes leur évolution professionnelle en mains, et se lancent massivement dans l’entrepreneuriat.

  • En 2015, on comptait 450 réseaux professionnels féminins en France (200 en 2007).
  • Depuis 2012, deux fois plus de femmes se sont lancées dans l’aventure entrepreneuriale.

Pour l’instant, l’impact dans les hautes sphères de nos entreprises n’est pas encore visible en termes de pourcentages : les femmes qui occupent la position de PDG ne sont que 6 % en France ; seulement 30 % des entreprises françaises sont créées, puis dirigées par des femmes.

Pourtant, l’expérience est positive pour 91 %  des femmes qui l’ont tentée ! D’ailleurs 84 %  le referaient. On l’aura compris : si nos organisations françaises ne laissent pas encore leur place aux femmes, ces dernières osent progressivement se créer leur propre espace.

 

De plus en plus de mesures sont prises pour réduire les discriminations de genre en entreprise. Parmi elles, l’obligation pour les organisations de plus de 50 salariés de publier leur index d’égalité professionnelle. Si des employeurs reprennent parfois ces actions davantage comme des éléments de communication que de véritables engagements internes, le sujet a sa place dans l’espace public et met en lumière un problème systémique profond.

 

Source : Topformation

Diplômée d’une licence en Lettres Modernes et d’un Master 2 en Communication, Morgane s’est très vite intéressée à l’écosystème des start-up et à la dynamique d’innovation. Passionnée par la culture internet et les réseaux sociaux, elle met toutes ces influences au service de ses clients au sein de Parlons RH en leur proposant un community management moderne, impactant et chaleureux.

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