La formation vue par les actifs : un défi pour l’écosystème formation !

Nécessaire, désirée, inaccessible… Telle est la formation professionnelle vue par les actifs interrogés dans le cadre du Baromètre de la formation et de l’emploi réalisé par Harris Interactive pour le portail Orientation pour tous[1], propulsé par Centre Inffo. Si le rôle décisif de la formation dans un monde professionnel en mutation est désormais bien compris de tous, de nombreux freins subsistent ! Un défi pour l’État et les régions, à la manœuvre dans le cadre de la loi Avenir professionnel. Une priorité et un challenge pour les responsables formation et la DRH, au regard du développement des compétences individuelles ou collectives et de la pérennité de leurs organisations. 

 

1 – Pour une majorité d’actifs, la formation constitue un réel vecteur d’évolution professionnelle

Quelques éléments de méthodologie en préambule. Le Baromètre de la formation et de l’emploi est issu d’une enquête en ligne réalisée du 16 au 20 décembre 2019 auprès d’un échantillon national représentatif de 1 559 actifs français âgés de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas : sexe, âge, région d’habitation, statut d’emploi et catégorie socio-professionnelle.

Ses premiers résultats significatifs portent sur la perception de la formation continue en général, en termes d’apports et d’impact – positif ou négatif –  sur la vie professionnelle.

  • 87 % des répondants considèrent la formation comme « une chance pour évoluer professionnellement, avoir des promotions et de nouvelles opportunités ».
  • 84 % l’estiment nécessaire « pour conserver son employabilité » durant toute sa carrière.
  • À noter : 89 % des personnes interrogées associent la formation à une opportunité de mieux faire son métier, ou différemment, afin de « ne pas se lasser professionnellement ». Cela confirme le potentiel de régénération évoqué par les participants à des sessions de formation bien pensées, à chaud et – plus intéressant – avec du recul, alors qu’ils ont parfois entamé d’autres parcours de formation suite à une première expérience concluante.

Toutefois, ces premiers résultats ont un pendant… moins enthousiasmant.

  • Pour 60 % des répondants en effet, la formation tout au long de la vie est avant tout perçue comme « une contrainte », en raison d’agendas professionnels très chargés.
  • 36 % d’entre eux voient même la formation comme quelque chose « d’inutile » car il leur est ensuite impossible de mettre en œuvre ce qu’ils ont appris.

En parallèle, un actif sur 5 estime qu’il aura changé de métier dans les 5 ans à venir, quand 2 sur 3 se voient exercer le même métier, mais de manière différente. Les plus diplômés sont les plus enclins à considérer que leurs métiers vont beaucoup évoluer.

 

2 – « Responsables » du développement de leurs compétences à leurs propres yeux, les répondants s’estiment mal informés

C’est peut-être l’une des principales « surprises » du baromètre de la formation et de l’emploi : le message d’un individu principal acteur de son parcours de formation professionnelle, a été reçu à 100 % ! Si le rôle d’autres intervenants est considéré comme important (organismes de formation ; employeur et DRH ; collectivités territoriales – région, département), l’actif lui-même apparaît comme le véritable pilote pour 64 % des personnes interrogées.

Dès lors, sont-elles en mesure de dire ACTION ? La réponse est plutôt négative. En effet, 57 % des actifs s’estiment mal informés, notamment les salariés des PME, les seniors et les chômeurs. Alors que les principales sources d’information en la matière restent l’employeur (34 %) et les moteurs de recherche (32 %), ces lacunes d’information concernent :

  • les modalités de financement des formations, pour 61 % des répondants ;
  • les organismes de formation déployant des offres près de chez soi (58 %) ;
  • à égalité, les possibilités d’être accompagné dans son orientation professionnelle et les lieux d’information et d’orientation (57 %) ;
  • à égalité de nouveau, le CPF et ses modalités d’utilisation, ses propres droits en matière de formation et les secteurs / métiers porteurs en termes d’emploi (55 %).

 

3 – Avec des projets de formation aux contours flous, les répondants semblent hésiter à construire leurs parcours

Si, dans cette perspective, le premier résultat apparaît positif (51 % des répondants envisagent de suivre une formation dans les 12 mois à venir), il convient de le nuancer : seuls 16 % le projettent « avec certitude ». Parmi les personnes voulant se former, 41 % n’ont pas « d’idée précise » du type de formation à entamer. Et, interrogés sur la nature de la formation « qu’ils aimeraient le plus suivre », 41 % des répondants ne peuvent se prononcer ! Sachant que celles les plus citées portent sur l’informatique et les langues.

Quant aux motifs poussant 49 % des répondants à carrément « s’abstenir », il s’agit principalement :

  • du manque de temps (30 %) ;
  • de l’absence de formation correspondant à leurs besoins ou attentes (28 %) ;
  • de l’absence de proposition de l’entreprise (23 %) ;
  • du manque de budget (21 %).

 

4 – En contrepoint : des responsables formation mobilisés en faveur du développement des compétences – leur cœur de métier

Dans ce contexte, l’impact des différentes mesures de la loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018 sera donc observé à la loupe au fil des mois. Si les efforts de communication du ministère du Travail semblent avoir porté leurs fruits au regard du CPF (85 % des répondants déclarent « connaître » le Compte Personnel de Formation) et de l’application Mon Compte Formation (59 %), les répondants sont pourtant 75 % à ignorer de quel crédit ils disposent sur ce même compte !

Quittons la sphère institutionnelle et rejoignons celle des acteurs / interlocuteurs / promoteurs « de terrain » de la formation professionnelle, à savoir : les responsables formation et la DRH.

Réservés sur la réforme de la formation professionnelle qu’ils doivent mettre en œuvre (52 % d’avis « plutôt défavorables » selon une enquête de la Commission juridique du GARF initiée en juin 2019), les responsables formation se donnent toutefois toutes les chances de réussir leur mission : garantir le développement des compétences de leurs collaborateurs, en accord avec les objectifs stratégiques de l’entreprise. Ainsi envisagent-ils plusieurs types de dispositions :

  • pour le plan de développement des compétences => un lien plus proche à établir avec la GPEC (intégration effective de la notion, détection, gestion) ;
  • en termes de modalités pédagogiques => l’élaboration de nouveaux types de parcours de formation, en incluant davantage l’AFEST et la formation à distance ;
  • en ce qui concerne le CPF => l’accompagnement et la promotion du dispositif auprès des salariés, voire la co-construction de parcours de développement des compétences ;
  • au niveau des certifications professionnelles => la construction de certifications et le recours à la VAE ;
  • au regard de l’alternance => le recrutement de contrats d’apprentissage et de contrats de professionnalisation, ainsi que la mise en œuvre de la pro A.

 

La mobilisation de toutes les énergies suffira-t-elle à venir à bout des biais continuant d’affecter la formation professionnelle ? Tous les acteurs témoignent de leur volonté d’œuvrer pour que chacun, quel que soit son niveau initial d’études ou de qualification, développe ses compétences et/ou en acquière de nouvelles. Reste à ce que les « bénéficiaires » puissent véritablement exercer leurs droits.

 

[1] Portail Internet créé par l’État, les partenaires sociaux et les régions.

 

 

Source : Orientation pour tousCentre Inffo, via Harris interactive en partenariat avec Epoka.

 

Lydie est rédactrice RH au sein de Parlons RH. Avant de rejoindre la Team de l’agence, elle a contribué à un mensuel et à plusieurs web magazines, sur des thématiques de conseil en stratégie, culture, histoire et relations internationales. Son intérêt pour les RH et la fonction RH s’est aiguisé au fil de ses rencontres avec des sujets liés au management, à la QVT ou à la RSE – entre autres. Lydie est diplômée en droit et science politique.

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