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2017 ou le retour au pouvoir des acheteurs de formation

le 07 novembre 2016
2017 ou le retour au pouvoir des acheteurs de formation

Avec la réforme de 2014, le marché de la formation est plus restreint et en plein bouleversement notamment avec l’avènement du digital. La concurrence plus accrue entre organismes de formation bouleverse les relations commerciales avec les services des ressources humaines. Les pratiques des acheteurs de formation vont également changer avec la mise en œuvre au 1er janvier 2017 du décret qualité. Quels en seront les véritables impacts ?

 

Les bouleversements nés de la loi du 5 mars 2014 reconfigurent la sphère de la formation. Les achats vont-ils être plus raisonnés, plus qualitatifs et plus adaptés aux besoins des formés et des entreprises ? Mettons-nous à la place des acheteurs de formation et interrogeons-nous sur quels seront leurs critères en 2017 pour sélectionner leurs organismes de formation.

 

Des critères objectifs pour évaluer la qualité des programmes

La qualité de la formation restera toujours notre premier critère de choix. Cependant, en tant qu’acheteurs de formation, notre marge de négociation s’accroit. Nous allons donc pouvoir être plus regardants et étoffer notre grille de critères de sélection pour mieux sécuriser nos achats de formation.

Tout d’abord, pour pouvoir continuer à bénéficier de financements de la part des Opca (Organismes paritaires collecteurs agréés), nous exigerons des organismes de formation, dès début 2017, une certification qualité inscrite sur la liste du Cnefop (Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles) ou une homologation par notre Opca. Cela nous assurera que les règles de conformité au droit de la formation sont respectées et que les processus de qualité de base sont bien mis en place chez nos prestataires.

Ensuite, lors de nos appels d’offres, nous intégrerons plusieurs critères de sélection pour nous permettre d’évaluer la qualité des programmes proposés et leur pertinence par rapport à nos objectifs métiers. Nous demanderons aux organismes de formation de se différencier les uns des autres en nous fournissant des détails sur les cas pratiques, les jeux de rôle et les exercices proposés. Nous serons attentifs à l’alternance des techniques pédagogiques et à la variété des outils pédagogiques proposés. Nous questionnerons précisément les organismes sur leurs valeurs et sur leurs credo pédagogiques.

Le programme de formation devra être réellement adapté à notre structure et à la cible, et pas seulement annoncé comme du « sur mesure » sur la plaquette. Cela ne doit pas être une simple adaptation d’une offre catalogue. En tant qu’acheteurs de formation, nous serons plus exigeants dans nos cahiers des charges sur les attendus en termes de contenus et sur l’aspect opérationnel de la formation. Une connaissance et une expérience de notre secteur d’activité seront toujours un plus.

Ajoutons qu’il faudra aussi que les organismes de formation fonctionnent en entreprise apprenante et qu’ils suivent constamment les évolutions technologiques et les innovations pédagogiques. Leurs offres devront notamment intégrer le digital et s’adapter aux nouvelles générations à former.

 

Une sélection fine des formateurs et le souci de leur développement

Nous serons aussi plus regardants sur les formateurs sélectionnés par les organismes. Nous réclamerons leurs curriculums vitae lors de nos appels d’offres pour les formations intra-entreprise. Nous demanderons à les rencontrer systématiquement lors des entretiens de sélection. Nous les interrogerons sur leurs expériences professionnelles comme pour des entretiens de recrutement. Nous testerons ensuite leur aptitude à transmettre et leurs compétences de pédagogue en leur demandant par exemple d’animer des micro-sessions et/ou de nous montrer des exemples de synopsis ou de support.

Sachant que de plus en plus de formateurs ne sont pas salariés des organismes de formation, nous questionnerons aussi nos futurs prestataires sur leur processus de recrutement, de gestion, de fidélisation, d’évaluation et de montée en compétences des formateurs.

 

La valeur ajoutée des organismes de formation

Comme acheteurs de formation responsables, nous évaluerons aussi les services logistiques et administratifs proposés par les organismes de formation (locaux, moyens, localisation, matériel, ressources, etc.). Plus ils seront qualitatifs, facilitateurs et adaptés aux nouveaux modes de consommation de nos salariés (connectés, accessibles, etc.), plus cela nous satisfera.

Mais c’est surtout la capacité d’un prestataire à proposer des services ajoutés qui fera demain la différence. Nous apprécierons notamment toutes les solutions qui nous faciliteront l’organisation des sessions : transmission directe des convocations, gestion des groupes, administration et analyse des évaluations, adaptation aux besoins spécifiques des stagiaires…

L’autre moyen pour un organisme de se différencier lors d’un appel d’offres sera de nous proposer des solutions novatrices en termes d’accompagnement, que ce soit en marketing des actions pour favoriser l’appétence de nos collaborateurs et valoriser nos actions, en support pour effectuer des montages d’ingénierie financière avec l’Opca ou en moyens pour favoriser les transferts des acquis sur le poste de travail.

 

Une bonne évaluation du rapport qualité-prix par les acheteurs de formation

Bien entendu, nous intégrerons toujours un critère financier et demanderons dans nos cahiers des charges de décrire précisément la tarification proposée. Nous serons très attentifs à tous les éventuels frais supplémentaires ajoutés et préférerons les organismes ayant une tarification simple incluant tous les coûts (supports, ingénierie, transports…) et nous proposant des sessions garanties en inter-entreprises. Plus que jamais, nous étudierons les conditions d’annulation et les clauses spécifiques des conventions de formation.

 

L’exploitation d’une grille avec des critères pour objectiver l’achat de formation

Pour nous assurer que les organismes de formation répondent à toutes ces demandes, nous les évaluerons tous grâce à une grille de critères, ce qui nous permettra à l’issue des consultations de définir le mieux-disant et ainsi d’optimiser de manière structurelle la qualité des actions proposées à nos clients internes.

En résumé, nous, acheteurs de formation, avons décidé d’être plus exigeants et nous ferons dorénavant jouer davantage la concurrence. Nous recherchons parmi les 62 658 organismes de formation en France, ceux qui demain seront à même de « mieux former » nos populations en respectant notre enveloppe contrainte. Pour cela, nous sommes prêts à prendre un peu plus de temps pour rencontrer de nouveaux organismes de formation spécialisés plutôt que de solliciter les mêmes généralistes lors d’appels d’offres de gré à gré ou à l’occasion d’événements dédiés aux achats tel que le « 1er Speed Dating de l’Achat Formation ».

 

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Jean2018-05-09 00:29:01
Dans la relation entre un prestataire de formation et son client, je pense qu'il est essentiel d'établir un rapport de confiance "gagnant-gagnant", faute de quoi, le projet de formation risque toujours l'échec. Le prestataire doit aussi trouver son compte et le client doit faciliter les conditions d'une collaboration réussie. Jean de Closets a écrit dans "L'échéance" : "En France, les multinationales utilisent les PME comme variable d'ajustement". Souvent jusqu'à la faillite de l'entreprise. Trop souvent en effet, les acheteurs des entreprises établissent des cahiers de charges contraignants et coûteux pour le prestataire, imposent une liste d’exigences démesurées, puis négocient des prix et des conditions financières "low cost", qui garantissent que le prestataire aura beaucoup de mal à respecter ses obligations, par exemple en devant faire appel à des formateurs peu chers et donc peu qualifiés, ou en contournant un certain nombre de règles de best practices. Dans cet article, on ne parle que des obligations de l'organisme, mais aucunement de celles de l'entreprise. La relation décrite me paraît, si vous me le permettez, un peu féodale. On n'est plus à l'époque du Général, tout de même! A mon sens, le prestataire doit devenir un "business partner" de l'entreprise. Tout le monde y gagne.
GOYARD olivier2017-03-09 09:08:34
Bonjour , A la lecture de cet article, je voulais savoir si les acheteurs de formations demanderont une certification du formateur, via un diplôme par exemple; et dans ce cas, quels sont les formations de formateurs qui sont crédibles à vos yeux car il existe un peu "tout et n'importe quoi" sur le marché. Merci de votre retour qui me permettra de progresser dans mon projet de formateur en management
Delort Céline2016-11-15 21:43:59
Je suis en effet la dirigeante d'Alithia, l'organisateur du 1er Speed Dating de l'Achat Formation, mais également société d'externalisation de la formation, qui réalise au quotidien pour plus de 80 clients des appels d'offre pour gérer leur plan de formation. A ce titre, je suis donc acheteuse de formation et également à la croisée des chemins entre les entreprises et les organismes de formation et c'est suite à plusieurs demandes de nos clients, que l'événement a été organisé.
Merlin Leroy2016-11-12 22:32:51
Qui est ce "nous, acheteurs de formation" l'auteure ne sembla pas être la représentante d'une association de DRH mais plus l'organisatrice de l’événement qui conclue cet article " 1er Speed Dating de l’Achat Formation " bizarre vous avez dit bizarre

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